Algérie

Une opération purement administrative ?



A la vérité, il ne s'agit aucunement, aujourd'hui, de faire de la fixation et encore moins de l'écume médiatique sur «la seule question» posée par l'administration aux citoyens au «seul motif», semble-t-il, exclusif - comme le souligne, avec insistance et en rappel, M. Zerhouni - d'assainir les listes électorales, une opération purement administrative de «vérification du lieu de résidence» de 4 millions d'électeurs à l'échelle du pays. Mais, comment comprendre, sans préjudice des réactions de ceux qui se sont hâtés de dénoncer les risques encourus, en déficit de démocratie et d'atteinte aux libertés, à se plier à une telle exigence du ministère de l'Intérieur, que les partisans de cette interrogation atypique des citoyens pensent qu'elle contribue, aussi, à traduire «politiquement» le taux d'abstention record aux dernières législatives. Globalement et dans le détail, il apparaît clairement que dans le marigot politique national, le discours et la méthode Zerhouni méritent bien une grille de lecture plurielle, sans quoi personne n'y comprendrait rien à cette simple «chasse» officielle aux indus inscrits sur les listes électorales qui prend des allures de «safari» au sein des partis, de l'opinion et des médias. Scrutant entre les lignes les termes du courrier décliné à l'enseigne de la fameuse «vérification du lieu de résidence» des votants potentiels qui n'ont pas voté, les observateurs patentés de la «cuisine politique nationale» ont, en tout cas, les uns et les autres et chacun pour soi, mis au jour, dans leurs exercices de grands contorsionnistes, d'étonnantes contradictions dont la plus palpable prend le chemin du civisme pour terminer dans les bras unanimes du décryptage de l'abstention... Le RND, le MSP, le FLN, le FFS, tout le monde est sur le pont de l'abstention significative pour dire une chose et son contraire par-dessus la tête d'une opinion publique en jachère sur le sujet... et dont l'opinion n'intéresse vraiment personne l'année durant. Si les rumeurs et les spéculations sont un sport national avéré, il reste que les affirmations réitérées de Zerhouni se sont désormais franchement perdues dans le souk ambiant... Dire ici et maintenant que l'assainissement des listes électorales est une opération strictement technique, c'est vouloir priver la scène politique nationale d'un «os à ronger» qui est resté, en plus, longtemps en travers de la gorge de tout le monde... mais, bizarrement, jamais pour les mêmes raisons. C'est ainsi donc que l'onde de choc de l'abstention au scrutin du 17 mai passé, qui avait culminé à 65%, dans un pays habitué à des taux exponentiels, s'invite au coeur de l'actualité nationale en soulignant les doutes les mieux partagés sur «l'essai démocratique» de la transparence, voulu, dit-on, par les décideurs, et qui a accouché de manière imprévisible d'un climat politique où les glissements de sens sont légion... et les certitudes peu nombreuses. D'un scrutin l'autre, y a-t-il une vie politique en Algérie, après les discours, les élections, les partis et leurs... candidats ?


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