Algérie

Une opération pilote de médiation familiale bientôt en Algérie A l'initiative du ministère de la Solidarité nationale et de la Famille



Une opération pilote de médiation familiale bientôt en Algérie A l'initiative du ministère de la Solidarité nationale et de la Famille
Un projet de médiation familiale est en cours en Algérie, initié par le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille. Officiellement, il sera lancé au cours de cette année 2013. Pas dans toutes les wilayas du pays mais seulement huit: Alger, Tipasa, Annaba, Constantine, Oran, Chlef, Béchar et Ouargla. Des wilayas considérées à très forte concentration de population mais aussi de problèmes sociaux liés principalement au manque de communication au sein de la cellule familiale. C'est une opération pilote qui servira, d'abord, de test en prévision de son élargissement futur à toutes les wilayas du pays. C'est aussi une manière d'attirer l'attention des autres organismes institutionnels et différentes parties représentant la société civile, les sensibiliser sur la nécessité d'y adhérer et s'y impliquer efficacement. Médiation familiale veut dire intervenir entre les membres d'une même famille en vue d'une réconciliation possible. Eviter les conflits de longue durée et les recours à la justice. Réduire aussi la pression qui s'accentue actuellement sur les établissements d'accueil appartenant au département ministériel. «Nous pensons surtout à nos pensionnaires, de plus en plus nombreux dans nos établissements. L'idée de ce projet de médiation familiale est partie d'une conviction profonde qu'il y a possibilité de réconcilier le pensionnaire (enfant qui fugue, mère célibataire') avec sa famille. Le faire revenir à la maison, dans la cellule familiale. C'est qu'il y a un déficit en communication, des incompréhensions et des désaccords qui pourraient disparaître par l'écoute, l'entente. C'est cela l'objectif de notre projet de médiation», indique Mme Malika Benaouda, directrice de la protection et de la promotion de la famille au ministère de la Solidarité nationale et de la Famille. En effet, ce n'est un secret pour personne, le manque de communication et de communication féconde, devrions-nous souligner, entre les membres d'une même famille, d'une même communauté, est pour beaucoup dans l'émergence et l'accroissement des différents problèmes de la société actuelle, en Algérie et dans le monde: divorces, fugues, vols, viols, violences'et dernièrement, kidnappings et assassinats. La liste est encore longue. Assez longue pour que le sujet soit pris en charge de la meilleure manière possible. Un poste de médiateur familial est alors mis en place au niveau du ministère, plus précisément médiateur social. Un nouveau poste qui regroupe plusieurs spécialités: médiateur familial, médiateur scolaire, médiateur de ville'et autres. C'est effectif en vertu d'un texte de loi, le décret exécutif N°09-353 du 8 novembre 2009 portant statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l'administration chargée de la solidarité nationale. Dans son article 129, le décret en question définit les missions du médiateur social comme suit: «Les médiateurs sociaux effectuent des interventions préventives et sociales auprès des personnes ou des familles confrontées à des difficultés et favorisent leur insertion sociale, familiale et professionnelle».
A ce titre, précise le texte de loi, ces médiateurs sont chargés de «conseiller, orienter et accompagner socialement les familles en difficulté, contribuer à la préservation, au renforcement et à la reconstruction des liens familiaux, sociaux et de solidarité entre les personnes prises en charge et leur milieu familial et social, aider les familles en difficulté à régler les problèmes de la vie quotidienne et à restaurer la confiance et la communication et soutenir la fonction parentale, participer à toute action susceptible de prévenir les difficultés sociales et d'y remédier, contribuer à l'intégration socioprofessionnelle des personnes handicapées et/ou en difficulté sociale et, enfin, participer aux recherches à caractère social». Pour leur recrutement, les candidats doivent être «titulaires du baccalauréat de l'enseignement secondaire et subir avec succès une formation spécialisée de trente-six mois dans un établissement public de formation spécialisée». Une formation de trente six mois (trois ans) a été lancée le mois de septembre dernier. Une première promotion de médiateurs sortira cette année et entamera directement son travail. «C'est une catégorie de médiateurs. Une seule année leur suffit parce qu'ils sont déjà dans le domaine et ont déjà le capital expérience nécessaire», explique Mme Benaouda. Pour les autres, la formation de trente six mois doit se poursuivre jusqu'à la fin. D'ailleurs, précise encore notre interlocutrice, «quand nous avons lancé ce projet, c'était avec l'idée de le rendre effectif à partir de 2016, le temps que la formation des médiateurs soit terminée». Toutefois, grâce à la présence d'éducateurs qui sont déjà bien imprégnés de la mission qui les attend, les promoteurs du projet ont décidé d'avancer les choses et se sont mis d'accord pour le lancer officiellement cette année. Une opération pilote comme susmentionné, le temps que tout soit bien mis en place. Une opération pilote rendu possible grâce aussi à l'implication du mouvement associatif: «Nous sommes en contact avec plusieurs associations. Nous leur avons demandé de nous présenter une liste de candidats parmi leurs membres les mieux engagés dans le travail social. Nous leur proposons une formation de six mois à raison d'une semaine par mois. C'est indispensable pour leur intégration officielle dans le projet.» C'est donc avec les militants du mouvement associatif, bien introduits dans le travail social, et des éducateurs spécialisés qui exercent actuellement au sein du ministère de la Solidarité nationale et de la Famille que le projet va démarrer, en attendant la fin de la formation des médiateurs spécialisés. Des centres de formation sont déjà ouverts mais également des établissements de la DAS (direction de l'action sociale), des cellules de proximité et des services d'observation et d'éducation en milieu ouvert (Seomo). Ceci pour l'accueil des familles en conflit.
A première vue, le projet est très ambitieux. Ses initiateurs sont d'autant plus confiants qu'ils affichent une grande volonté de le mettre en marche de façon à faire profiter un maximum de familles de leurs services.

Un terrain bien difficile
Reste que sur le terrain, il est difficile de croire à son aboutissement vu la complexité et la multiplication des problèmes à l'origine de ces différends familiaux, à commencer par celui du logement, la perte des valeurs morales et le rejet de tout ce qui est institutionnel. Le rejet de tout ce qui représente l'Etat parce que c'est justement l'Etat qui a commencé à tourner le dos au citoyen, favorisant l'individualisme, l'égoïsme, le rejet de l'autre et l'injustice sous toutes ses formes. Difficile de croire en l'aboutissement d'un tel projet dans une société en mal d'écoute, d'échange, de communication'd'expression, tout simplement.
K. M.


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