Algérie

Une opération au coeur d'une guerre médiatique



Une opération au coeur d'une guerre médiatique
En vingt ans de guerre contre le terrorisme en Algérie, l'attaque de Tiguentourine aura été l'action la plus, si ce n'est la mieux documentée. Pas moins de trois documentaires ou vidéos, portant à bout de bras les thèses de l'ANP, de BP/Statoil et même des terroristes, ainsi qu'une enquête officielle diligentée par Statoil et une sorte de rapport publié récemment par Les Mourabitoune, le groupe terroriste qui a perpétré l'attaque. Si l'histoire est la même, le bilan identique, les responsabilités identifiées ou pointées du doigt, du côté des victimes, le rapport de Statoil indique des manquements du point de vue de la sécurité tant interne que du côté des autorités.Le documentaire de la BBC, intitulé Cette terreur mondiale dans le désert, retrace fidèlement les 72 heures de la prise d'otages, du point de vue des otages VIP, qui décrivent leurs conditions de rétention ou la façon avec laquelle ils ont réussi à se soustraire à la vigilance des terroristes qui les traquaient de bureau en bureau et de chambre en chambre. Entre quasi-offuscation des top managers du consortium quant à la brutalité de l'assaut par l'armée, reconnaissant que la survie de l'installation était prioritaire et l'aveu de Marc Cobb, l'otage le plus haut gradé chez BP, sur l'absence totale de leur part d'une prise en compte d'un risque aussi élevé.Selon lui, «ils n'étaient pas du tout préparés à faire face à une attaque par 35 terroristes équipés comme des militaires». Celui de l'ENTV, dont la caméra avait été la seule sur les lieux, a mis en avant trois aspects. Le premier étant la solidarité du personnel algérien de l'installation gazière, qui a tout fait pour protéger les expatriés. Plusieurs témoignages d'agents algériens et de quelques expatriés ont été diffusés pour défendre cette idée. Le second est le degré de professionnalisme des militaires engagés pour la libération des otages.Comme il est difficile pour les caméras de capter ce professionnalisme et le retransmettre autrement que par une démonstration de force, le téléspectateur a eu donc droit à une reconstitution approximative de l'encerclement, par d'autres unités et par des vidéos de caméras d'hélicoptère durant l'opération. D'ailleurs, deux fautes ont été commises durant ce reportage, d'abord l'officier qui commandait les opérations a clairement affirmé que le convoi transportant les otages avait été «bombardé», la seconde étant d'avoir montré, par l'image, que les hélicoptères de combat étaient en mode anti-char et se préparaient donc à lancer des missiles.CANONLe troisième message étant finalement le caractère vital du site gazier pour l'économie nationale, pour justifier la réplique énergique de l'armée. La vidéo terroriste, quant à elle, date d'il y a une année et relate les différentes étapes de préparation de cette attaque. On y voit le rôle important qu'a joué le no man's land malien dans les différents entraînements du groupe. Le plus intéressant reste un document, sorte de rapport documenté post-opératoire édité il y quelques jours par le groupe El Mourabitoun de Mokhtar Belmokhtar, qui, bien que n'ayant qu'une valeur limitée sur le déroulement de l'opération elle-même, sachant qu'aucun terroriste n'a pu revenir vivant pour raconter sa version, donne quand même de précieux détails sur la préparation et les buts de l'opération. On y apprend, par exemple, que le groupe devait en principe prendre avec lui deux armes anti-aérienne.Avouant que la force de l'ANP dans le Grand-Sud est ses hélicoptères et son aviation, l'idée était d'interdire le survol de l'installation prise d'assaut aux hélicoptères d'attaque avec un missile anti-aérien portable Igla et un canon Dshka de 12.7 mm. Le chef du commando aurait tout simplement «oublié» de prendre ces armes. Ce fut, selon l'auteur de ce «rapport», une erreur fatale et la cause de la mort de la plupart des membres du groupe.Les deux autres erreurs des terroristes ayant été d'avoir perdu cinq heures sur la route à cause d'une mauvaise reconnaissance des lieux et surtout l'acte héroïque de Mohamed Lamine Lahmar, l'agent de sécurité qui a réussi à donner l'alarme à temps, il le paiera de sa vie. Les buts de l'opération avaient été soit de rééditer le coup des otages allemands et autrichiens, se retirer avec en lieu sûr et négocier tranquillement des rançons ou la libération de prisonniers, soit, au pire, détruire le site gazier en entier et priver l'Algérie d'une précieuse source de devises.




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