Algérie

«Une opacité caractérise la gestion de l'énergie»



«Une opacité caractérise la gestion de l'énergie»
- Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef  Yousfi, a annoncé une prochaine révision de la loi sur les hydrocarbures. Pensez-vous que l'actuelle loi ne soit pas adaptée au contexte actuel, caractérisé notamment par des coûts d'investissement importants dans le domaine des hydrocarbures ' Fondamentalement, on ne change pas les lois au gré des circonstances, car dans le domaine de l'énergie, il est impératif d'avoir une vision sur le long terme. Ceci dit, à  la lumière des derniers  appels d'offres infructueux, qui sont probablement la conséquence de la qualité de la gestion passée, il peut s'avérer utile d'apporter quelques aménagements secondaires, mais de nature à  relancer les investissements dans le secteur. Cependant, le marasme économique actuel ne peut cependant àªtre mis à  profit pour remettre sur rails la loi scélérate sur les hydrocarbures.
- Selon certains avis, l'échec des trois appels d'offres (2008 à  2011) et la perspective de valoriser les importantes ressources non conventionnelles qui nécessitent de nouvelles technologies ont amené les autorités à Â  revoir encore une fois la loi sur les hydrocarbures.Quel est votre avis à  ce propos ' Que les autorités réagissent n'est pas négatif, bien au contraire, c'est louable en soi. Ce qui est négatif, c'est l'opacité qui caractérise encore la gestion de l'énergie et l'absence d'une politique claire et consensuelle. Aujourd'hui, tout le monde décrie la gestion de l'ancien ministre. Mais la gestion décriée de l'ancienne direction ne peut constituer ni un programme ni une politique. La question à  poser aujourd'hui est de savoir ce qui a changé depuis. Et de poser la question constitue en soi une partie de la réponse car le pays n'a plus besoin d'une profession de foi, mais d'actes concrets.
Les dernières découvertes annoncées dans domaine des hydrocarbures en Algérie ne sont plus de nature à Â  supporter le poids de la fiscalité sur les profits exceptionnels, d'où le désintéressement des investisseurs à Â  soumissionner pour les derniers appels d'offres.   - Pensez-vous qu'il soit nécessaire de revoir le régime fiscal imposé aux firmes étrangères ainsi que les dispositions contractuelles matérialisées par la règle du 51/49% ' Le pays n'a pas d'autre choix que d'avoir une législation compétitive qui encourage les investissements étrangers. Dans le même temps, il est hors de question de brader les ressources et/ou d'hypothéquer ce qui revient de droit aux générations futures. A ma connaissance, il n'est aucunement question de remettre en cause la loi 51/49, mais d'élaborer des mécanismes incitatifs à  même de développer de nouvelles sources non conventionnelles et off-shore. Dans ces domaines, et eu égard à  la conjoncture actuelle, l'imposition de l'écrémage des profits peut constituer un frein aux investissements massifs requis.
- Certains experts émettent des réserves quant à  l'attractivité du domaine minier algérien, autrement dit sur les réserves dont dispose encore le pays en pétrole et en gaz. Quel est votre avis '    L'Algérie est certainement l'un des territoires les moins bien explorés et nul ne doute que d'autres découvertes seront faites. N'oubliez pas qu'il faut pas loin de 100 forages pour trouver un puits très intéressant. L'histoire des gaz de schiste en Amérique du Nord est édifiante à  ce propos. Moins de cinq ans en arrière, personne ne parlait de ces gaz et tout le monde a été pris de court (les experts gaziers, les multinationales, les autorités) par leur fulgurant développement. En moins de 3 ans, ce sont plusieurs dizaines de milliers de puits qui ont été creusés. Aujourd'hui, les USA sont redevenus excédentaires en gaz, ce qui a bouleversé le marché mondial et entraîné la frénésie  actuelle. Ceci dit, même si la situation gazière actuelle n'est pas reluisante, il est important de garder le cap. On ne doit pas regarder que les signaux du court terme et le peu d'attrait actuel est appelé à  évoluer.
Ce qui n'est pas attractif aujourd'hui le sera demain, quand la demande en énergie repartira de nouveau. En attendant, comme le dit un vieil adage de chez nous, «le pétrole ou le gaz disponibles dans le sous-sol ne risquent pas de mourir de vieillesse, comme c'est le cas du poisson non pêché».


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