Algérie

Une onde de choc tardive



La nouvelle n'a pas provoqué une onde de choc mais l'arrestation de la présidente du Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi, aura quelque peu secoué la scène politique tunisienne. Même si les arrestations de personnalités proches pour la plupart du courant islamiste se sont multipliées depuis quelques mois, la clivante avocate semblait relativement à l'abri de ce genre de mésaventure, malgré des sorties parfois hasardeuses. Mardi soir, vers 17h30, elle a été interpellée devant le palais de Carthage où siège la présidence tunisienne. Comme à son habitude, Abir Moussi conduisait une brochette de militants flanqués d'un huissier de justice pour déposer au bureau d'ordre de la Présidence une lettre par laquelle elle conteste la convocation des électeurs au scrutin local prochain ainsi que le découpage des districts. Telle est la procédure qui veut que le recours devant le tribunal administratif soit précédé du dépôt de la doléance auprès de la présidence. Mais au lieu de confier la tâche à l'huissier, Abir Moussi, trop habituée à la provocation et au tapage médiatique, a choisi la confrontation face à des caméras partisanes, ce qui a eu pour effet de provoquer le refus du bureau d'ordre d'enregistrer le document. Le reste est facile à deviner puisqu'il a fallu l'intervention des services de sécurité qui ont procédé à une arrestation musclée de la pasionaria tunisienne. Sur ordre du parquet, selon la déclaration du président de l'Ordre régional des avocats (Abir Moussi est elle-même avocate), elle a été placée en garde à vue et devra répondre de trois chefs d'accusation: attentat dans le but de provoquer du désordre, traitement des données à caractère personnel sans autorisation de la personne concernée et entrave à la liberté de travail. Des motifs en apparence anodins et sans conséquences, mais rien ne dit qu'ils ne constituent pas une mise en bouche si l'on tient compte des précédents qui ont caractérisé les arrestations de nombre de personnalités politiques hostiles à l'agenda du président Kaïs Saïed. Le tumulte autour de cette affaire a tout de l'histoire du grand deuil pour la mort d'une souris. Seule la personnalité de Abir Moussi fait que son arrestation n'a pas déclenché une vague de soutiens bruyants et que les signes d'empathie à son égard sont d'une surprenante discrétion. Pour l'opinion tunisienne en général, elle aurait «dépassé toutes les lignes rouges» et le pays serait las de son agitation stérile. C'est tout juste si les réactions du front islamo-conservateur n'épousent pas celles des partisans du chef de l'Etat, tant les positions de la dirigeante du PDL ont souvent été tranchantes, à gauche comme à droite. Il n'empêche, les jours prochains risquent de voir la mobilisation en sa faveur monter en puissance, son propre parti en étant le moteur prévisible.


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