Jean-Marc Ayrault, Premier ministre françaisLa France veut redorer le blason dans sa «prairie» africaine largement broutée par des concurrents de taille, notamment la Chine.Décidément, les fins d'année réussissent bien aux relations algéro-françaises pour peu que cela ne prenne pas la trajectoire d'une noria qui peut s'arrêter à n'importe quel godet. A la visite effectuée par le président François Hollande, le 19 décembre de l'année dernière, et qui a reçu un accueil exceptionnel, un an plus tard, intervient celle de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il a été imprimé à cette visite un cachet «éminemment économique», puisque neuf ministres et une forte délégation d'hommes d'affaires feront partie du voyage avec M.Ayrault.Même si le caractère économique prend la part du lion dans le programme officiel, la visite ne peut s'extraire de son socle politique qui a toujours guidé les relations entre les deux pays. Elle est destinée à cultiver une relation «apaisée» dont le volet économique, mais aussi politique et même d'autres sujets telle la question de la mobilité d'un pays à l'autre.Des «efforts» ont été faits, souligne Paris, dans la délivrance de visas. 250.000 visas ont été accordés en 2013, contre 210.000 l'an dernier, pour un taux d'acceptation d'environ 75%. Soit, mais depuis l'arrivée du président Hollande aux affaires en 2012, la France veut redorer le blason dans sa «prairie» africaine largement broutée par des concurrents de taille, notamment la Chine. Bouclier sécuritaire, source d'énergie et débouchés pour les entreprises de l'Hexagone en difficultés financières du fait de la crise économique, l'Afrique n'est plus la plate-bande de la France.Il va falloir donc adopter d'autres stratégies de présence face à des concurrents comme la Chine qui a un avantage de taille: elle n'a pas de précédent colonial, aussi bien en Afrique, que partout ailleurs dans le monde. Dans «sa reconquête», la France doit à l'évidence compter- ou passer- par ses alliés. Porte ouverte, aussi bien sur le continent noir que sur le Vieux Continent, l'Algérie constitue à ce titre une pièce importante sur l'échiquier géostratégique de la France.Au-delà des autres attaches connues et reconnues, l'Algérie est liée à la France par cette nouvelle dynamiques de la conflictualité au Sahel. Cette nouvelle donne interpelle les deux pays sur les relations de toutes natures et notamment avec la pénétration de l'islamisme radical dans cette partie du monde. Devenu le point focal, il est impossible pour la France et pour l'Algérie d'agir seules. Une politique sécuritaire commune et de nouveaux mécanismes de coopération s'imposent face à ce fléau transnational.Proximité des territoires, une histoire commune, des liens sociaux étroits, des relations économiques pérennes, que faut-il de plus pour faire de la relation franco-algérienne le symbole d'une nouvelle forme de coopération exemplaire' Une réelle volonté politique. Entre Alger et Paris, les relations ont toujours été à la fois complexes et singulières. Selon les saisons, les humeurs et les conjonctures, les deux pays se rapprochent puis s'éloignent sans jamais se quitter.On annonce d'un côté comme de l'autre un rapprochement, une refondation, un nouveau départ, puis on se rétracte.A ces caprices diplomatiques, seuls les rapports sociaux et économiques résistent. Ils résistent toujours. La France demeure l'un des premiers fournisseurs de l'Algérie et son quatrième partenaire commercial. Des liens étroits ont été noués entre les deux sociétés, notamment à travers la présence en France d'une des plus importantes communautés algériennes. Il va falloir peut-être creuser sur ce plan qui n'est pourtant pas laissé en jachère, du moins du côté français. C'est la seule voie de salut pour cette relation passionnelle entre deux Etats.«Les relations entre la France et l'Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, en aucun cas, elles ne peuvent être banales», affirmait déjà, en 1974, le ministre algérien des Affaires étrangères qui n'est autre que l'actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Depuis, «l'électrocardiogramme» de ces relations évolue en dents de scie. La preuve que le coeur est vivant, mais l'oeuvre reste inachevée.
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Posté Le : 16/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Brahim TAKHEROUBT
Source : www.lexpressiondz.com