Paru l’an dernier aux éditions ElIbriz, Devoir de mémoire d’une petite fille à sa famille est un essai de Mansouria
Mederreg-Belkherroub, enseignante et angliciste de formation. Elle est également fille et sœur de combattants de
la révolution algérienne. Cette autobiographie retrace le parcours d'une famille de moudjahidine algériens expatriée
au Maroc, et nous plonge dans leur quotidien difficile rapporté par Houria, la benjamine de la famille. C’est
justement la particularité de cette œuvre, ce que souligne d'ailleurs très bien Zahir Ihaddaden, ancien moudjahid
et historien, dans une lettre adressée à l'auteure, que nous retrouvons dans le prologue : “À mon niveau, pour la
première fois, un écrivain nous raconte comment il a vécu la révolution, enfant. Jusqu'à présent, ce sont ceux qui
ont participé directement à la révolution qui nous donnaient leur témoignage.” Même si cette œuvre est une
autobiographie, l'auteure a préféré relater son histoire et celle de sa famille par le truchement de la narratrice
Houria, qui raconte à ses amies, dans une série de “flashs” comme elle aime à les appeler, ses souvenirs durant
la guerre d'indépendance. Dans une réminiscence qui la renvoie une cinquantaine d'années en arrière, elle révèle
les affres subis par sa famille durant la guerre. Elle commence son récit en 1956, lorsque sa famille, originaire de
Tlemcen, est contrainte de quitter la ville en raison des menaces de mort que reçoit son père, Abdelkader
Belkherroubi, instituteur et responsable régional de l'UDMA, par l'OAS. Leur séjour au Maroc, qui ne devait durer
que deux mois, se transformera en un long exil de huit ans (1956-1962). La famille suivra anxieusement de son
exil, le déroulement des événements en Algérie, notamment l'engagement du frère aîné, Mustapha, dans les
rangs de l'ALN.
Le lecteur découvre grâce à cette narration la guerre de libération vécue de l'intérieur par les familles algériennes,
meurtries, apeurées, où les drames font partie du quotidien. Accompagnée de nombreux documents historiques,
cette œuvre invite le lecteur à ne jamais oublier cette période sombre de l'histoire. Aussi, pour l'auteure, la seule
manière pour ne jamais oublier notre histoire est l'écriture.
Mansouria Mederreg-Belkherroubi, Devoir de mémoire d'une petite fille à sa famille, Editions ElIbriz, 95
pages, 2015. 600 DA.
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Posté Le : 28/09/2016
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Yasmine Azzouz
Source : Liberté Algérie