Algérie

Une nouvelle génération arrive au pouvoir / Inde : dynastie Ghandi, la saga continue



Rahul Gandhi prend la tête du parti du Congrès
Désignation - Rahul Gandhi est devenu, ce samedi en Inde, président du parti du Congrès (opposition). Agé de 47 ans, fils, petit-fils et arrière-petit-fils de Premiers ministres indiens, Rahul Gandhi avait été officiellement désigné lundi pour mener le Congrès.
Sa mère d'origine italienne, Sonia, occupait ce poste depuis 19 ans, un record pour cette formation fondée en 1885. La passation de pouvoir entre Sonia et Rahul Gandhi s'est effectuée au cours d'une cérémonie au siège du Congrès à New Delhi, à laquelle assistaient les ténors du parti, dont l'ancien Premier ministre Manmohan Singh. Cette désignation marque la mise en ordre de bataille du Congrès à moins d'un an et demi des prochaines élections nationales. Ce parti y affrontera le rouleau compresseur des nationalistes hindous (BJP) du Premier ministre Narendra Modi, qui lui ont infligé une série d'humiliations électorales depuis 2014.
Né et élevé en vue de gouverner, Rahul Gandhi - qui a un jour comparé le pouvoir à un «poison» - aura la lourde tâche de redynamiser et de rajeunir un parti miné par la corruption et usé par sa longévité. «La façon dont il gèrera le changement dans le fonctionnement du parti sera importante, comme promouvoir de jeunes leaders et dépasser les critiques sur son rôle», affirme Gurpreet Mahajan, professeure de sciences politiques à l'université Jawaharlal Nehru de Delhi. «S'il parvient à amener des changements au niveau de la base, cela pourra donner une nouvelle direction à un parti qui est en difficulté face à un BJP en montée en puissance», a-t-elle ajouté.
Bien qu'il ait dominé la politique indienne depuis l'indépendance en 1947, le Congrès est en perte de vitesse ces derniers temps. Il peine à s'imposer face au charisme et au populisme de Narendra Modi et la très efficace machinerie électorale de son Bharatiya Janata Party (BJP).
Rahul Gandhi est venu au monde le 19 juin 1970 dans une famille dont le destin épouse celui de l'histoire de l'Inde indépendante, à l'image des Bhutto au Pakistan. Légataire d'une dynastie politique qui remonte à Motilal Nehru (1861-1931), le jeune Rahul a étudié dans les plus prestigieuses écoles d'Inde avant de fréquenter Harvard et Cambridge. Il se jette dans le bain de la politique indienne en 2004 en se présentant dans la circonscription familiale d'Amethi, dans l'Uttar Pradesh (nord).
Assassinats
Rahul a 14 ans lorsque sa grand-mère Indira est assassinée par ses gardes du corps sikhs en 1984, 20 lorsque son père Rajiv est tué dans un attentat-suicide en 1991. Traumatisée par ces morts violentes, sa mère Sonia met des années avant de se laisser convaincre de reprendre les rênes d'un Congrès moribond à la fin des années 1990. Elle le ramène au pouvoir en 2004. Si elle refuse alors de devenir Première ministre, elle n'en gouvernera pas moins son pays dans l'ombre pendant une décennie.
«A-t-il changé ou c'est nous qui le voyons différemment '»
Ses longs séjours à l'étranger, sa discrétion médiatique et son manque de charisme nourrissent les doutes sur ses ambitions politiques. De nombreux commentateurs se demandent s'il a les qualités et les instincts de tueur nécessaires pour diriger l'Inde. Perçu comme un héritier par défaut et comme un dilettant, moins populaire que sa s?ur Priyanka, Rahul Gandhi est même décrit dans un télégramme diplomatique américain de 2007 comme un homme «sans consistance». Depuis la cuisante défaite aux législatives de 2014, qui ont vu l'accession au pouvoir du Gujarati Narendra Modi et du BJP, il semble cependant avoir pris du poil de la bête. On l'a ainsi vu ces dernières années multiplier les opérations médiatiques choc, comme faire la queue au distributeur pendant la démonétisation, ou se faire arrêter en tentant de forcer un blocus policier dans une région en proie à l'agitation d'agriculteurs. «Rahul a-t-il changé ou est-ce nous qui le voyons différemment '» s'interrogeait le mois dernier le magazine en ligne The Wire. La dynastie des Nehru-Gandhi n'a aucun lien de parenté avec le Mahatma.
Les Ghandi
Histoire - Critiquée et admirée pour un style souvent autocratique, Indira Gandhi sera Premier ministre de 1966 à 1977, puis de 1980 à 1984.
Rahul Gandhi, qui a dirigé l'Inde la majeure partie du temps depuis son indépendance en 1947, est l'héritier d'une célèbre dynastie dont l'histoire épouse celle de son pays. Numéro deux du Congrès depuis 2013, il faisait figure de dauphin désigné pour succéder à sa mère Sonia, 71 ans, qui occupait ce poste depuis 1998.
La lignée commence lorsque Motilal Nehru (1861-1931), un brahmane du Cachemire, s'engage dans la lutte contre le colonisateur britannique. Considéré comme un des premiers militants indiens pour l'indépendance, il fut le leader du parti du Congrès. Son fils Jawaharlal Nehru (1889-1964) prend le relais et sera un proche de celui qui sera le héros de l'indépendance, le mahatma Gandhi. Elu à la tête du Congrès en 1929, Jawaharlal, connu sous le nom de Pandit Nehru, devient le premier chef de gouvernement de l'Inde indépendante en 1947 et le restera jusqu'en 1964. Sa s?ur, Vijaylakshmi Pandit, est la première Indienne ambassadrice et l'une des deux seules femmes à avoir présidé l'Assemblée générale des Nations unies. La fille de Jawaharlal, Indira, se marie à Feroze Gandhi, un homme politique d'une famille d'origine iranienne, sans aucun lien de parenté avec le mahatma. Indira Gandhi sera Premier ministre de 1966 à 1977, puis de 1980 à 1984. Elle a été critiquée pour un style souvent autocratique mais aussi admirée. On disait
d'elle : «L'Inde est Indira, Indira est l'Inde.» Elle a pourtant été assassinée en 1984, par ses gardes du corps sikhs. Son fils aîné, Rajiv, est poussé à prendre sa suite. Il devint lui aussi Premier ministre, de 1984 à 1989. Il a été, lui aussi, assassiné, en 1991, par une extrémiste tamoule. Le frère de Rajiv, Sanjay, le fils favori qu'Indira considérait comme son successeur, avait trouvé la mort en 1980 en faisant de l'acrobatie aérienne au-dessus de New Delhi. Après avoir longtemps refusé d'entrer en politique après l'assassinat de son époux, Rajiv, Sonia Gandhi, née en 1946 en Italie et naturalisée indienne en 1983, se résout à monter au front à la fin des années 1990 pour rénover un Congrès à la dérive. Le couple a eu un fils et une fille : aux côtés de leur mère, Rahul, alors âgé de 29 ans, et Priyanka, 27 ans, font eux aussi campagne. Les adversaires nationalistes hindous de Sonia ont longtemps stigmatisé son origine étrangère, dénoncé la volonté «dynastique» du Congrès. Sonia soulignait, quant à elle, son enracinement en Inde, la continuité de la lignée des Gandhi et le «sacrifice» de cette famille pour la patrie.
Sonia Gandhi, des faubourgs d'Italie au sommet du pouvoir
Parcours - Le destin de Sonia Gandhi, qui a cédé, ce samedi, à 71 ans, la présidence du parti du Congrès indien à son fils Rahul, est une incroyable odyssée qui a vu cette Italienne de naissance arriver aux cimes du pouvoir de l'Inde.
Marquée par la tragédie des assassinats de sa belle-mère Indira et son mari Rajiv, tous deux Premiers ministres, Sonia a repris avec réticence l'étendard de la dynastie Gandhi à la fin des années 1990, avant de devenir pendant une décennie la femme la plus puissante du pays. Arrivée aux commandes d'un Congrès moribond, elle mène le parti à une victoire surprise en 2004, réitérée en 2009. Il faudra le rouleau compresseur des nationalistes hindous de Narendra Modi pour évincer, en 2014, cette formation affaiblie par l'usure du pouvoir et les scandales de corruption à répétition. Escomptée pour devenir Première ministre en 2004, elle décline, contre toute attente, l'offre, notamment face à une virulente campagne autour de ses origines étrangères. Si elle laisse le sikh Manmohan Singh devenir chef du gouvernement, elle a eu néanmoins durant ces deux mandats une influence considérable sur la gestion des affaires du pays. Sa résidence au 10, Janpath à New Delhi se transforme en centre névralgique de décision. «Elle a très bien compris l'Inde. Elle a réussi à contrer ceux qui l'accusaient d'être une étrangère et l'Histoire la jugera très positivement sur ce point», explique son biographe Rasheed Kidwai. Fille d'un entrepreneur du bâtiment italien, rien ne prédestinait Sonia à cette trajectoire. Née en 1946 dans une famille catholique, elle passe sa jeunesse dans une commune de la périphérie de Turin. Envoyée dans une école de la ville de Cambridge en Grande-Bretagne pour y apprendre l'anglais, elle fait la rencontre en 1965 dans un restaurant de Rajiv Gandhi, étudiant en ingénierie à la prestigieuse université et fils aîné d'Indira. Ce dernier l'épouse en 1968 et l'emmène en Inde. De cette union naîtront deux enfants, Rahul en 1970 et Priyanka en 1972. En 1983, Sonia abandonne sa nationalité italienne et devient indienne à part entière. Jeune épouse timide, elle vit dans la maison familiale de son mari, comme il est de coutume en Inde, en l'occurrence la résidence de la Première ministre Indira Gandhi. Dans l'ombre de sa belle-mère, elle y découvre les coulisses du pouvoir. Sonia est l'une des premières personnes à courir au secours de la fille de Nehru lorsque celle-ci, au matin du 31 octobre 1984, tombe sous les balles de ses gardes du corps sikhs dans son jardin. Après la mort d'Indira, Sonia «se bat comme une tigresse», en vain, pour dissuader son mari d'entrer en politique et succéder à sa mère. Sanjay, le fils cadet d'Indira et héritier présumé, s'était tué quelques années auparavant dans un accident d'avion. Sa peur que la politique ne coûte également la vie à son époux se concrétisera tragiquement en 1991, lorsque Rajiv est assassiné dans un attentat-suicide perpétré par des extrémistes tamouls. Pendant six ans, Sonia mène une existence de recluse, élevant ses enfants loin des regards. Elle finit par céder en 1998 aux pressions des ténors du Congrès pour redonner un élan au parti vieillissant et en assumer la présidence. Son renoncement au poste de Premier ministre lui vaut un temps le surnom de «sainte Sonia» dans la presse indienne et renforce la mystique autour de la famille Gandhi. ­­


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