Une nouvelle étape

La même longueur d'onde a été observée entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune à l'issue du voyage d'amitié entrepris par le chef de l'Etat français en Algérie. Le contenu et la densité de leurs deux déclarations après leur première rencontre de jeudi se sont éloignés des habituels survols langagiers diplomatiques pour qu'elles soient à la hauteur des grands défis et des importantes préoccupations de l'heure. L'engagement signé hier samedi à Alger par les deux présidents augure une nouvelle étape dans les relations entre les deux pays.Pour qui a discuté avec le président français, il se surprend à ne déceler à travers ses confidences et ses analyses aucune posture jupitérienne qu'on lui colle à la peau. Il n'est seulement que bien de plain-pied dans son temps. Pour qui connaît aussi le chef de l'Etat algérien, il sait que Tebboune a horreur des louvoiements. Ces deux qualités étaient indispensables pour un langage et une compréhension communs.
Comme attendu, les questions mémorielles ont été bien sûr abordées, mais l'intérêt accordé au sujet n'a pas été sous-tendu par les griefs coutumiers. Les deux chefs d'Etat ont eu le doigté politique pour aller à l'essentiel et s'en sont tenus à la mise en place d'une commission mixte d'historiens pour démêler le problème sans rien occulter du passé colonial. Cette décision va permettre de neutraliser un tant soit peu le feu nourri des tensions mémorielles de part et d'autre des deux pays même si Macron affirme fermer la parenthèse de la repentance. Avec sa complicité notable, même le coronavirus a participé, à l'improviste, à la fluidité et la sérénité de la rencontre au sommet algéro-française en retenant à Paris le grand rabbin de France.
D'autres importants sujets ont été abordés entre les deux présidents pour tracer une nouvelle ligne directrice censée apporter un nouveau dynamisme à la coopération entre les deux pays. Selon les premiers indices, les deux chefs d'Etat ont, de toute évidence, démontré par l'ensemble de leurs déclarations similaires leur volonté commune de la graver. Comme prévu, il a été question de visa, de gaz, du Mali, de la Libye et de la situation catastrophique qui s'étend au Sahel. La réunion officielle au plus haut niveau des responsables militaires et de la sécurité, la première du genre, sous la présidence de Tebboune et de Macron, indique clairement une volonté mature d'aborder avec sérieux et franchise l'ensemble des grands dangers qui guettent en particulier l'Afrique avec des conséquences sur le monde entier.