Algérie

Une nouvelle ère s'ouvre pour la Saoura



L'arrivée du train de Sidi Bel Abbès à Béchar, vendredi dernier, avec à son bord les représentants du ministère des transports, ceux de la SNTF, des députés et des sénateurs, a suscité un grand enthousiasme et a drainé une foule nombreuse sur les quais de l'ancienne gare de Béchar. Il faut noter au passage que toute une génération de jeunes de la région n'a pas connu le train et les moins jeunes l'ont complètement oublié. Les derniers wagons vus à la gare de Béchar remontent au 25 décembre 1990. Les déplacements des gens vers le Nord s'effectuaient jusqu'ici par autocars privés. Les citoyens interrogés sur place éprouvent, bien sûr, beaucoup d'enthousiasme à l'idée de pouvoir emprunter ce moyen de locomotion en direction du Nord en raison, disent-ils, des commodités offertes au voyageur, notamment le confort des wagons : circulation à travers les couloirs pour les familles, climatisation et sécurité. Mais des réticences sont tout de même exprimées par certains concernant les tarifs du voyage. « Les prix du voyage sont les mêmes que ceux pratiqués ailleurs sur les autres lignes du Nord, c'est-à-dire au kilomètre, avec toutefois des spécificités pour le train couchette 1re et 2e classes », s'empresse à préciser l'un des responsables de la SNTF d'Oran, qui a effectué le voyage de Béchar.S'agissant du transport de marchandises pour lequel des prévisions de 700 000 tonnes/an ont été fixées, la situation se présente différemment. Selon quelques commerçants s'approvisionnant de la ville d'Oran par camions privés, les avis divergent cependant. Un commerçant, qui fait venir depuis vingt ans des produits pour son commerce de la capitale de l'Ouest, déclare que son souci majeur reste la qualité de service offert et la rapidité de l'expédition de la marchandise. Il a ajouté que le prix du transport est déterminant dans le choix du mode de transport à utiliser.Pour un autre, il préfère le mode de transport par rail, mais exprime son inquiétude quant aux tracasseries douanières (factures d'achat sous-évaluées par les grossistes, pratique courante chez les commerçants à travers tout le pays) à l'embarquement sur les quais d'Oran et préfère rester fidèle à son camionneur privé pour acheminer sa cargaison de marchandises à Béchar, dit-il. Ces transporteurs privés, une quarantaine, qui assurent la liaison quotidienne entre Oran-Béchar, seront-ils en mesure de continuer à livrer une concurrence au chemin de fer ' Ces camionneurs ont pu prospérer à la faveur d'un vide imposé par l'enclavement de la région, et les coûts exorbitants du transport aérien quand celui-ci est disponible.La lacune a été exploitée par des jeunes camionneurs dont la plupart ont acquis les moyens de transport auprès de l'Ansej. Mais la répercussion la plus bénéfique attendue pour la région, lors de l'exploitation commerciale du train, si toutefois la règle de commercialité joue pleinement son rôle, est, sans doute, l'acheminement par le rail des matériaux de construction à Béchar qui vont connaître, selon des estimations, une baisse substantielle sur les prix, notamment pour le ciment importé en vrac. Mais ne précipitons pas les choses, affirment certains, car les données économiques et commerciales ont changé depuis et il faut attendre au moins une année après la mise en exploitation de la ligne pour pouvoir évaluer les choses à leur échelle et donner une appréciation réaliste sur les retombées de ce projet d'envergure de chemin de fer. Mais il demeure certain que la nouvelle donne du train reconfigure bien la notion de distance et d'enclavement et rapproche du nord ces contrées oubliées du sud-ouest.


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