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«Une nouvelle élite politique libyenne doit naître de cette phase de transition»Pr Abdelkader Kadoura. Doyen de la faculté de droit de Syrte



«Une nouvelle élite politique libyenne doit naître de cette phase de transition»Pr Abdelkader Kadoura. Doyen de la faculté de droit de Syrte
Académicien constitutionnaliste, doyen de la faculté de droit de Syrte et activiste de la société civile libyenne, le professeur Abdelkader Kadoura dit «ne ménager aucun effort pour instaurer les normes de l'Etat de droit en Libye». Encore une fois, il répond aux questions d'El Watan.- Je vous retrouve, professeur, avec les mêmes soucis qu'il y a 15 mois. N'est-ce pas démoralisant ' Non, nous avons abordé les véritables problématiques, comme la rédaction de la Constitution et l'édification des structures de l'Etat. Mais, l'année écoulée a montré que nous ne disposons pas des bonnes personnes pour réaliser ces objectifs. Notre élite actuelle, venue en majorité de l'étranger, ne s'est pas bien imprégnée du terrain afin de trouver les recettes appropriées. Pourtant, Ali Zeidan est rentré d'Allemagne qui est parvenue à se reconstruire après le nazisme. Son année au pouvoir n'a pas laissé entrevoir des signaux de réussite. - Vous êtes donc contre la reconduction du Congrès national général ' Loin de là, je suis pour la reconduction d'une année pour le congrès, à condition de le doter d'une feuille de route claire mentionnant les dates des différentes échéances. Le CNG doit installer un gouvernement de crise et établir un programme des objectifs urgents comme la mise en place des structures de la police et de l'armée, l'organisation des collectivités locales, la restructuration de la justice, l'établissement d'une Loi sur la justice transitionnelle, etc. En parallèle, il y aura les élections du comité des 60 pour la rédaction de la Constitution. Ces objectifs devraient être réalisés sous l'égide de ce congrès. Le retard enregistré peut être compensé. - Mais, la population a perdu confiance en l'élite politique actuelle. Cela risque de se répercuter négativement sur le processus envisagé... Il est vrai qu'il y a une crise de confiance entre la population et toutes les composantes de la classe politique. Mais on n'a pas de choix. Il faut exercer de la pression sur cette classe politique et ce n'est sûrement pas à travers des canons ou des avions de combat. Les élections du comité des 60 pour la rédaction de la Constitution apporteraient sûrement de nouvelles personnalités disposant d'une certaine légitimité, pouvant faire d'eux des leaders d'opinion. La société libyenne a besoin de cette nouvelle élite pour redémarrer sur de nouvelles bases. Une élite qui dispose de la confiance des citoyens. Le Mufti aurait pu jouer ce rôle. Mais, dommage, il a dérapé lors de la dernière crise.- Le processus ne sera pas aussi facile car il y a beaucoup de cassures dans la société : sociales, tribales, sans oublier le sang qui a coulé... J'en suis conscient. Toutes les sociétés ayant vécu des conflits violents traversent pareille passe. Il faut beaucoup travailler sur la réconciliation nationale, en limitant les condamnations aux crimes de sang et de détournement avéré des deniers publics. De tels crimes ne sauraient être abrogés. Et puis, les débats sur la Constitution pourraient servir de tremplin à cette réconciliation. Les Constitutions, c'est fait pour unir les populations. Toutes les minorités ethniques et les groupes spécifiques pourraient établir leurs exigences spécifiques et les présenter aux sous-comités de chaque région. Ces concertations décentralisées pourraient aider à créer un débat national à tous les niveaux et créer les bases d'une culture de réconciliation. En Libye, il n'y a pas de véritables grands problèmes insolubles, sans oublier le fait que les grandes puissances ne vont pas nous laisser couler.- A vous entendre parler, il est clair que vous êtes optimiste quant à l'avenir de la Libye... En effet, je pense qu'avec de la patience, de la volonté et de l'intelligence, les difficultés actuelles traversées par la Libye vont être dépassées. Il faut juste faire preuve de moins d'entêtement et élargir nos rayons de connaissance à d'autres expériences à l'échelle internationale, afin de trouver les solutions les plus appropriées à notre réalité. Rien n'est insoluble. Il faut juste faire le bon diagnostic et trouver la bonne thérapie.




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