Algérie

Une nouvelle Constitution pour quoi faire '



Une nouvelle Constitution pour quoi faire '
Jusqu'où ira Bouteflika dans les aménagements qu'il compte introduire dans la Constitution 'Pas loin, répondent ceux qui n'ont jamais cru à la volonté du président de la République de faire avancer l'exercice de la démocratie dans le pays. Et ils mettent en avant le bilan de ses quinze années de gouvernance : autoritarisme poussé à l'extrême, bafouement répété des droits de l'opposition, manipulation constante des élections présidentielles et législatives, restriction des libertés individuelles et collectives.A leurs yeux, comme Bouteflika a trituré à son avantage, en 2009, la Constitution en vigueur en faisant sauter le verrou des deux mandats présidentiels pour introduire la présidence à vie, il sera tenté, cette fois-ci encore, de manipuler à son profit la Loi fondamentale. Comme il n'est pas du genre à se faire harakiri ou scier la branche sur laquelle il est assis, les dispositions qu'il pourrait introduire ne pourront que renforcer les pouvoirs présidentiels déjà exorbitants. Les champs d'intervention du Parlement, de la justice et de l'opposition seront balisés de manière à ce qu'ils ne soient pas tentés, un moment ou un autre, de remettre en cause la prééminence de la décision présidentielle.Ce point de vue des adversaires du chef de l'Etat est rejeté ou atténué par ceux qui pensent que Bouteflika pourrait faire ?uvre utile en matière de révision constitutionnelle. Pour des raisons de santé, il ne briguera pas un cinquième mandat et n'est même pas sûr d'achever le quatrième en cours. N'espérant plus rien de la fonction présidentielle, il ne peut être que dans une posture réformatrice.En desserrant le jeu politique par le biais d'une Constitution ouverte, il épargnera au pays, après son départ, une crise majeure. Les forces politiques et sociales qui se réveilleront seront canalisées, la confrontation sera saine et n'empruntera pas les chemins des règlements de comptes. La violence sera épargnée à la population, d'autant qu'aux périls liés à la politique viennent se greffer les dangers dus à la crise économique : baisse drastique du pouvoir d'achat, explosion du chômage, multiples privations.L'Algérie après Bouteflika ? ou avec Bouteflika en fin de règne ? sera une poudrière. Si le président de la République en est conscient, ainsi que le pensent ses alliés, il n'a d'autre issue que de ficeler une révision constitutionnelle des plus audacieuses, en mesure de doter l'Algérie d'un instrument majeur de construction démocratique capable d'éviter au pays de sombrer dans le chaos.Dans la lancée de cette réforme, le chef de l'Etat devrait s'atteler à démanteler tous les dispositifs ayant produit, depuis 1999, de la corruption, de la répression, de la mauvaise gouvernance et permis l'émergence de clans et mafias de toutes sortes.Mais les adversaires de Bouteflika auront raison de douter de ses intentions, s'il se contente d'un replâtrage de la Constitution et d'un simple ravalement de la façade démocratique du pays. Ils seront en droit de dire que le président de la République n'a pour seule obsession que de sauver son régime politique. Il aura sacrifié le sort de l'Algérie sur l'autel des intérêts de son clan et de ses alliés.




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