Algérie

Une nécessité stratégique



Une nécessité stratégique
L'Algérie se dirige-t-elle vers un dysfonctionnement chronique en matière de dotation en AEP pour les années à venir ' La réponse semble aller à contresens des prévisions classiques des spécialistes en matière de dotation en AEP à l'horizon 2025.
Dans ce sens, l'Algérie disposant de quelque 1200 km de côtes, qui représentent une ressource inépuisable, une salinité très réduite en saison humide qui s'étale sur presque huit mois, a l'opportunité d'aller dans une politique de projets de grande envergure en matière de dessalement de l'eau de mer pour les besoins de l'AEP. «L'Algérie prévoit d'ici 2016 de produire quelque 2,6 millions de mètres cubes d'eau potable dessalée par jour, et cela, par la réalisation de 12 stations de dessalement au fin d'atteindre cette capacité journalière de production», pronostique Nachida kesbadji Merzouk, directrice de l'Unité de développement des équipements solaires (UDES Bou Ismaïl). La généralisation de la technique de l'Osmose inverse (*) comme procédé de potabilisation des eaux saumâtres et de l'eau de mer trouve toute sa justification dans la performance d'élimination de presque la quasi-majorité des polluants.
Cette technique se concrétise à travers l'exercice d'une très forte pression sur l'eau de mer. Celle-ci passe à travers une membrane très fine qui ne laisse passer que l'eau pure. On inverse ainsi le phénomène naturel qui fait passer une eau du milieu le moins concentré vers le milieu le plus concentré d'où l'appellation de l'osmose inverse. Toutefois, le recours aux membranes spéciales (filtres) et à la technologie de pointe est très couteux. «Le bloc de traitement de l'eau de mer représente à lui seul presque 80% du coût de la logistique de l'installation de dessalement ce qui est énorme en matière d'exploitation d'une usine de dessalement, sachant qu'il faut un entretien permanent des membranes nécessitant aussi un savoir-faire et une compétence avérée dans le domaine», explique Talassit Djillali attaché de recherche à l'UDES. «En Algérie, la fonction recherche et développement des membranes reste malheureusement figée à l'échelle des laboratoires sans aucune synergie entre les partenaires économiques et la communauté des chercheurs», déplore la directrice de l'UDES.
Si pour le commun des mortels, l'eau de dessalement n'est pas souvent considérée comme de très bonne qualité pour la boisson, il n'en est rien pour Tigrine Zahia chercheur au niveau de la même institution. En effet, argue-t-elle : «Le procédé de filtration membranaire par osmose inverse est de loin le plus efficace en ce qui concerne la potabilisation des eaux de mer. L'objectif principal de cette technologie est l'élimination des sels, des métaux lourds, des substances organiques présentes dans les eaux ainsi qu'une grande partie des bactéries et des virus et même des ions. La technique de l'osmose inverse qui d'ailleurs est très répandue dans le dessalement de l'eau de mer permet d'arrêter des molécules de diamètre nettement inférieur à 0,4 nanomètre. Cela nous permet d'obtenir une eau ultra pure qu'il faut par la suite reminéralisée et obtenir ainsi une excellente eau que ce soit sur le plan organoleptique ou compositionnel».
Dans un autre sens, si la technique de l'osmose inverse est très consommatrice d'énergie électrique, de l'ordre de 4 à 5 kWh par mètre cube d'eau dessalée, l'enjeu pour l'Algérie, selon la directrice de l'UDES, est de développer des systèmes hybrides énergies solaires/ énergies fossiles sachant que l'utilisation des technologies de dessalement de l'eau par les énergies renouvelables pour la production de l'eau potable est considérée comme une solution durable pour combler le déficit en eau pour les régions rurales qui n'ont pas accès à l'eau potable et à l'énergie électrique. «Au niveau mondial, environ une centaine d'unités de dessalement associées aux énergies renouvelables ont été construites ces 20 dernières années. Les installations de dessalement par osmose inverse se sont développées à partir de la fin des années 90, avec des capacités de production de plusieurs dizaines de mètres cubes/j, aboutissant à des débits pouvant atteindre 100.000, 200.000 jusqu'à 500.000 m3/j», conclut-elle.




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