Algérie

Une messe pour N'Djamena



La France aura joué un rôle clair dans la crise tchadienne. Un rôle qui consiste à soutenir tous les régimes de passage à N'Djamena. Qu'ils soient totalitaires ou pseudo-démocratiques. Après l'épisode Hissène Habré, un tortionnaire notoire réfugié actuellement à Dakar, Paris soutient aujourd'hui son tombeur. Dix-sept ans après son arrivée du Soudan voisin avec la bénédiction libyenne, Déby Itno était lui aussi arrivé à N'Djamena un certain décembre 1990 à la tête de colonnes de rebelles tchadiens et avait renversé le président Habré que la France soutenait contre vents et marées. A ce moment, l'ancien capitaine des FANT (Forces armées nationales tchadiennes) avait déserté et rejoint l'opposition pour prendre la tête de la rébellion. Avec ses troupes stationnées à Abéché, la France, à ce moment-là, en 1990, avait vu venir ce jeune capitaine qui avait failli être capturé par Habré dans une bataille contre les FANT, une année auparavant. Aujourd'hui que ce «vieux» capitaine trône sur les affaires du Tchad, la France ne peut que lui prêter main-forte et le soutenir contre une probable destitution violente. D'abord du fait que Déby a été large avec la France dans l'exploitation du pétrole et des ressources minières dans la région du lac Tchad, ensuite que N'Djamena n'est pas tombée aux mains des Américains. Plus que n'importe quel autre pays africain, le Tchad est le seul à concentrer toute l'attention des services de renseignements occidentaux, français et américains en première ligne, alors que ceux libyens et même syriens y avaient joué un rôle important dans l'arrivée au pouvoir de Idriss Déby. Aujourd'hui, N'Djamena semble s'être un peu éloignée de la configuration géostratégique que certains pays de la région lui entrevoyaient, notamment un plus grand recul vis-à-vis de la France. Les accusations contre la Libye et le Soudan pour leur supposé soutien aux «Mad Max» de cette rébellion constituée de plusieurs partis de l'opposition tchadienne sont, dans un certain sens, vraies. Le guide de la révolution libyenne sait plus que tout autre que le Tchad a été utilisé, notamment par les Américains, comme base arrière pour sa destitution. Déby a même fermé les yeux en 1990, lorsque plus de 200 «contras» libyens ont été embarqués par l'armée US de l'aéroport de N'Djamena vers Fort Braggs, en Caroline du Nord, via le Nigéria. Les Français auraient fait de même. Or, Al-Kadhafi n'a jamais pardonné à Déby d'avoir laissé partir ces «contras» entraînés par les Américains pour des opérations commandos en territoire libyen. Le dossier est toujours d'actualité, d'autant que dans le change, les Américains avaient reçu quelques concessions pétrolières dans le sud du pays. Quant aux Français, leur présence militaire appuyée dans ce pays et à son équipe dirigeante en dit long sur leur stratégie dans cette région, d'autant que le Tchad chevauche la zone sahélienne, devenue un refuge et une base de repli pour un nombre ahurissant de mouvements rebelles et de terroristes. Une région pourtant qui recèle d'importants gisements miniers, à commencer par l'uranium. N'Djamena vaut-elle une messe ?
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