Algérie

Une menace pour le processus de paix



La présence de mercenaires étrangers en Libye compromet toute chance d'une sortie de crise, en dépit des progrès politiques et diplomatiques réalisés depuis un an.Le délai de quatre-vingt-dix (90) jours donné aux mercenaires étrangers pour quitter le territoire libyen a expiré hier. Mais aucun des 20 000 mercenaires recensés par l'Organisation des Nations unies n'a bougé, malgré les avancées politiques enregistrées ces dernières semaines, signe que le risque d'une reprise des violences armées n'est pas à écarter en Libye, où les ingérences étrangères continuent de tirer les ficelles en faveur d'un camp ou d'un autre.
Pis encore, selon des informations publiées par la chaîne d'informations américaine CNN, en fin de semaine dernière, citant des sources du renseignement américain, des mercenaires de la société de sécurité russe Wagner ont creusé des tranchées autour des deux villes stratégiques de Syrte et d'al-Jufra, deux fiefs des troupes de l'armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar.
Les mêmes sources ont même rendu publiques des photos aériennes de ces tranchées qui s'étendent sur plusieurs dizaines de kilomètres, ce qui n'augure rien de bon pour la situation en Libye, expliquent des responsables des renseignements américains sous le couvert de l'anonymat.
"La tranchée, qui s'étend sur des dizaines de kilomètres au sud des zones côtières peuplées autour de Syrte vers la forteresse d'al-Jufra contrôlée par Wagner, peut être vue à travers des images satellite, car elle est soutenue par une série de fortifications complexes", rapporte CNN.
Accusée de lien direct avec Wagner, Moscou a refusé de commenter ses informations. Hier, la Commission militaire mixte (5+5) a appelé les pays ayant participé à la Conférence de Berlin du 19 janvier 2020 à assumer leur responsabilité et à prendre "les mesures nécessaires" pour faire sortir les mercenaires étrangers de Libye et à faire respecter l'embargo onusien sur les armes, constamment violé.
Tout en réaffirmant poursuivre son travail pour le maintien du cessez-le-feu conclu en octobre à Genève, cette commission a appelé aussi les parties libyennes à appliquer les mesures édictées par cet accord, faute de quoi le risque d'un retour à la case départ n'est pas à écarter.
La Commission mixte est formée par des représentants des parties libyennes rivales, c'est-à-dire le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Tripoli et les autorités parallèles de l'Est libyen qui appuient Khalifa Haftar, lui-même soutenu par des puissances étrangères, à leur tête les Emirats arabes unis, l'Egypte et la Russie.
Le GNA est soutenu, quant à lui, par Ankara, qui a conclu avec lui un accord autorisant la présence militaire turque. Cette aide militaire turque est à l'origine de la défaite en juin dernier de l'ANL dans l'Ouest libyen, après un an de vaines tentatives de prendre le contrôle de Tripoli.
Outre les mercenaires russes de Wagner, il y a aussi des mercenaires syriens, acheminés par Ankara, et des Soudanais, des Tchadiens, selon plusieurs sources. Des réfugiés et des migrants ont même été enrôlés de force par l'ANL et des milices des deux camps, selon plusieurs rapports des organismes humanitaires internationaux opérant en Libye.

Lyès MENACER


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