Algérie

Une manne qui fait jaser les algériens



Les trois derniers Conseils des ministres se sont tenus dans un contexte social et économique difficile en raison d'une inflation galopante et d'une pesanteur bureaucratique compliquant la mission des opérateurs. Mais il y a tout de même une donne qui nuance ces difficultés et suscite l'espoir d'une sortie de crise. Il s'agit de l'amélioration de la situation financière du pays. Le Conseil des ministres d'avant-hier n'en a pas fait explicitement cas, mais il est entendu que la hausse des prix des hydrocarbures sur le marché international, met objectivement l'Algérie à l'abri d'un choc économique à court terme. Le pays a les moyens d'assurer l'équilibre de sa balance commerciale à la fin de l'année en cours et peut envisager le lancement d'un plan d'investissement public, dont l'effet sur la croissance du Btph est des plus bénéfiques. L'expression «lorsque le bâtiment va, tout va», peut donc parfaitement s'appliquer à la situation que vit l'Algérie, ces dernières semaines. Il y a lieu de noter que cette aisance rappelle la période où l'Algérie avait réalisé des niveaux de croissance appréciables et atteint un niveau de chômage sous la barre des 10%. Il n'en reste pas moins, cependant, que la santé économique du pays s'est fortement détériorée après le choc pétrolier de 2014, dont les conséquences ont été la fonte, comme neige au soleil, du Fonds de régulation des recettes et les réserves de change. L'appauvrissement soudain du pays a graduellement conduit à la baisse de la facture des importations et le gel de beaucoup de projets d'investissement publics. Le constat que font les observateurs tient à la fragilité de la croissance tirée par le Btph, lui-même assujetti à la rente pétrolière. Le modèle économique adopté par l'Exécutif sur les deux premières décennies du XXIe siècle a ainsi montré ses limites. Son principal défaut est de n'avoir pas créé une véritable valeur ajoutée. En dehors du Btph et de l'agriculture, la croissance, tirée par la consommation, s'est arrêtée net avec la baisse drastique des importations.Les initiatives gouvernementales allant dans le sens d'un partenariat avec des entreprises étrangères, à l'effet de créer cette valeur ajoutée, n'avaient pas mûri au bon moment ou n'étaient pas assez nombreuses pour avoir un effet de levier efficace sur les exportations hors hydrocarbures. Ces projets structurants, dans la sidérurgie et le ciment ont acquis leur vitesse de croisière dans le courant 2021 et participent sérieusement à la hausse des exportations hors hydrocarbures, annoncées à 4,5 milliards de dollars à la fin de l'année. Mais ce niveau demeure encore insignifiant compte tenu du volume des importations nécessaires pour le fonctionnement du pays.
L'Exécutif qui a certainement retenu la leçon de «la croissance fragile» se doit donc d'utiliser l'embellie financière acquise ces dernières semaines pour construire un autre modèle économique qui ne soit pas tourné vers le tout-import. C'est là l'une des préoccupations majeures du Plan d'action du gouvernement qui, à travers des réformes financières et une réorganisation de l'industrie nationale, espère trouver la clé de la croissance pérenne. On aura deviné la détermination du gouvernement de ne pas renouveler les erreurs du passé, dans son stoïcisme face aux bonnes nouvelles sur le front des hydrocarbures.
Tout en confirmant une volonté clairement exprimée par le président de la République d'écarter totalement le recours à l'endettement extérieur, le Premier ministre n'évoque aucune intention d'ouvrir grandes les portes aux importateurs.
Bien au contraire, les instances gouvernementales habilitées, agissent comme si rien n'a changé. L'attitude toujours austère des pouvoirs publics sur pas mal de secteurs, peut-être créateurs d'emploi et de croissance, mais sans aucune garantie de pérennité, illustre une réelle volonté de ne pas céder à la facilité. Le sempiternel dossier des importations de véhicules qui consomment plus de
2 milliards de dollars annuellement, mais qui n'apportent pas grand-chose à l'économie nationale, tient lieu de preuve irréfutable de l'intention de l'Exécutif de ne pas rééditer le modèle de croissance des années 2 000.
Il reste que cette intention louable doit s'accompagner par des actions concrètes allant dans le sens d'une sérieuse prise en charge des producteurs nationaux. Or, lorsqu'on sait que plus de 400 projets finalisés, mais toujours pas en activité pour des raisons bureaucratiques pour nombre d'entre eux, on est en droit de se poser des questions sur la capacité de l'Exécutif à renverser la table sur les bureaucrates et confier les rênes de l'économie à de véritables capitaines d'industrie. Cette volonté transparaîtra à travers la célérité de l'Etat dans la confection des réglementations censées briser le dos de la bureaucratie et inspirer confiance aux opérateurs économiques.


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