Algérie

Une lumineuse alchimie poétique



En ces temps d'anxiété mais aussi de versatilité, il est vital d'ouvrir l'?il et le bon pour séparer l'ivraie que l'illusionniste "Narcisse" mixtionne du noble grain d'où éclot "l'arbre de vie" mais aussi "le chant de l'oiseau du temps". Par ces rimes, c'est la valeur des "regards croisés" que porte le duo de fées sur les héroïnes du peuple fort. Est-ce à dire que la chefferie se doit d'être femme ' Apparemment, oui ! Eu égard à la "lumineuse alchimie" de ces dames contenue dans leur recueil Paroles intérieures (éditions Anep).Eclose donc du bourgeon du silence et irriguée à la "source sereine de la rosée de l'aube du printemps", la romancière Yamilé Ghebalou et l'artiste-peintre Saleha Imekraz "s'exhalent en soupirs" du trop-plein de "paroles intérieures" qu'elles ont écrites d'une plume trempée dans "la sève du temps" et à leurs "heures douces qui s'étirent". En ce sens, la poésie de Yamilé Ghebalou et Saleha Imekraz impulse la chamade au c?ur. D'autant qu'elles ne sont ni muses, ni égéries, Yamilé Ghebalou et Saleha Imekraz brûlent jusqu'au "luminaire intime" d'être une voix tout bonnement au lieu des bonnes femmes conquises dans les rets d'une "redjla" (machisme) de mauvais aloi : "J'ai ouvert toutes les portes et si tu voulais les refermer, les clés sont dispersées, les codes sont éventées, les langues sont polyglottes et les femmes sont courantes car c'est seulement ainsi que tu les voyais?".
D'où l'ardent désir d'être femme à côté de lui, d'elle et d'émettre "le murmure doux" ou de dire à l'autre et à soi qu'elle est "l'immuable figuier de Barbarie" et "la muraille de Djamila". C'est qu'elles ont l'argument de leur "écriture vivante" qu'elles puisent de l'esprit des "Djamilat". Alors, qu'importe ce qui se dit à propos de l'écriture des femmes, Yamilé Ghebalou et Saleha Imekraz écrivent aussi en "nos noms et pour tous ceux qui ont habités" les médinas "martyres" d'Alep, Mossoul, Al-Hoceina et Baghdad. Outre qu'elle donne la vie, la femme n'a d'yeux que pour les mots pour apaiser le "vrombissement d'avions" et la douleur de celles et ceux qui n'ont plus d'attaches ni de "demeures" en ces lieux martyrisés. Fécondes au sens littéraire, Yamilé Ghebalou et Saleha Imekraz se veulent "des femmes debout dans l'interstice où se croisent la connaissance et le jeu irrésistible, qui donne de l'épaisseur à la vie."
D'où il est requis d'évacuer l'idée somme toute dépassée d'une écriture femme, lorsque l'essentiel est dans l'écriture. Palpitantes dans la rime, Yamilé Ghebalou et Saleha Imekraz invitent le lecteur à bord de "l'embarcation" qui vogue sur "l'eau souveraine" et vers "la sagesse des choses" avec pour seule boussole, leurs "Paroles intérieures". Avec tant "de sourires et d'amour", l'atelier poétique nous lègue aussi "une lettre courante et dispersée".
Du reste, l'?uvre poétique du duo Yamilé Ghebalou et Saleha Imekraz est un atelier poétique qui fend les ténèbres d'un rai de lumière et d'une once de goual au féminin. Ne dit-on pas que "La poétesse a toujours raison. Elle voit plus haut que l'horizon. Et le futur est son royaume" que chantait Jean Ferrat.

Louhal Nourreddine
Paroles intérieures,
de Yamilé Ghebalou et Saleha Imekraz, éditions Anep, 76 pages. 2017


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