Une longue histoire et d'innombrables usages

Depuis la nuit des temps, les vestiges sont là pour attester que la pierre, dans toutes ses variétés et ses différentes formes, a été indispensable à la vie au quotidien.
Elle a occupé une place de choix dans la société d'antan. C'est grâce à la pierre qu'ont été édifiées les maisons en pisé de nos ancêtres. Les vents les plus violents, les pluies battantes tombées parfois sans discontinuer durant la saison froide, la neige et la grêle auraient fait de gros dégâts s'ils n'avaient pas rencontré ce matériau résistant. Et que d'éléments du paysage sont faits de pierre, tels les rochers, cols, dolmens, grottes, pics, montagnes qui, depuis des millénaires défient le temps et tous les phénomènes naturels destructeurs. La pierre, matériau de construction de qualité Depuis l'aube de l'humanité, elle s'est offerte pour sa résistance indéfectible à tous les types d'efforts, de dangers potentiels, sa longévité. Rien de plus facile pour la trouver, il suffit de parcourir la nature. Il y en a dans toutes les formes : des grosses à nombreuses arêtes, des plates, des sans formes régulières qui ont roulé un peu partout avant que l'on soit venu les ramasser pour les transporter à dos d'âne. Les plus nantis de toutes les générations sont allés les extraire des carrières pour les tailler selon les formes désirées et parce que cela entre dans l'esthétique du décor. La particularité de la pierre est aussi son immense variété. Chacune est adaptée à un usage déterminé. Par exemple, l'ardoise est une pierre qui existe sous forme de feuilles superposées qu'on taille suivant les dimensions voulues pour servir de couverture aux maisons, à la place des tuiles. Un toit en ardoise d'un gris foncé très nuancé apporte sa note supplémentaire à une mosaïque de couleurs. Et le domaine de la pierre n'a jamais fini de se diversifier puisqu'on y trouve le marbre, le gypse écrasé pour donner du plâtre comme la pierre calcaire qui selon le même cheminement fournit de la chaux. Lorsqu'on a entre les doigts un morceau de craie, on a cette envie soudaine de retracer son histoire. Nous ne pouvons terminer sur le pouvoir de la pierre sans évoquer les murs bâtis en superposant des blocs enfermés dans un grillage et installés en contrebas d'une voie de communication fragilisée par des affaissements ou des éboulements, sur une longueur et une largeur variables pour retenir des masses de terre qui menacent de descendre au fond d'une vallée. La pierre, support du monde et à l'origine du feu Qui dit pierre, dit plaques tectoniques qui se situent à quelques kilomètres sous nos pieds et qui supportent, depuis la création du monde après le big bang, les continents étalés sur la sphère terrestre. D'après le Coran, les montagnes ont été érigées pour assurer l'équilibre de la planète terre et servir de piliers. Lorsqu'on observe de près des montagnes, on ne peut qu'avoir peur tant elles sont constitués de blocs de taille inimaginables et superposés jusqu'aux sommets, de hauteur variable. Notre vie dépend de ces pierres souterraines et aériennes. C'est grâce à la pierre que s'est créé le feu qui a révolutionné notre alimentation. Par un heureux hasard, on ne sait pas à quel millénaire cela remonte, quelqu'un a frotté le silex contre une autre pierre, des étincelles ont jailli et un feu s'est allumé. Depuis sa découverte, le feu s'est rallumé autant de fois qu'il a été nécessaire pour la cuisson des aliments consommés crus jusque-là. Que d'outils ont été façonnés dans la pierre pour couper les légumes, enfoncer des pièces en bois, polir, graver, remuer. A l'époque, les métaux n'avaient pas encore été découverts. Des peintures rupestres aux citations en passant par les rites anciens Avant que le papier ainsi que tout le nécessaire pour écrire n'aient été inventés, les hommes qui éprouvaient le besoin de transmettre des messages à tous, contemporains et générations futures, ont gravé dans la pierre des formes humaines, animales et végétales à valeur symbolique. C'est une sorte de langage ésotérique s'appuyant sur une écriture primitive et qui exige une maîtrise des signes symboliques pour être en mesure de décrypter le message dans tout son contenu. Il faut croire que la pierre a de tout temps été appréciée pour les multiples services qu'elle a rendus aux sociétés de tous les temps. La Kaâba autour de laquelle des millions de pèlerins tournent lors du pèlerinage aux lieux saints de l'Islam, était à l'origine une pierre noire apportée au Prophète Ibrahim (QLSSSL) par l'ange Gabriel. Cette pierre est scellée au centre de l'édifice cubique de la grande Mosquée de La Mecque. Dans le cadre de la pratique religieuse en Islam, on a autorisé les malades, vieux handicapés, impotents à faire leurs ablutions à l'aide d'une pierre plate et bien polie appelée «thayamoume». Il existe encore de nos jours une pratique rituelle selon laquelle l'enfant qui jeûne pour la première fois, doit boire dans un verre au fond duquel on a préalablement déposé de petites pierres prises dans le lit d'une rivière ou d'un ruisseau. Il y a toujours eu une relation étroite entre l'eau et la pierre ou la roche dont elle est le fragment. On dit d'ailleurs une eau qui sourd de roche est très limpide. Et lorsqu'on veut convaincre les autres sur l'exactitude de ses propos, on entend souvent dire : «C'est clair comme l'eau de roche.» Et que de citations et proverbes on peut trouver dans les langues les plus populairement riches au monde. «Pierre qui roule n'amasse pas mousse» s'emploie communément à propos de quelqu'un d'instable, qui change souvent de métier et qui de ce fait n'acquiert aucune expérience. Dans les discours politiques et économiques, «pierre angulaire» devient parfois récurrent pour son contenu sémantique. Au sens dénotatif, il s'agit d'une pierre d'angle censée assurer la solidité d'un bâtiment. Mais son sens connotatif renvoie à l'idée d'élément essentiel ou fondamental. On comprendrait mieux par cette expression à valeur encore d'actualité : «L'éducation, pierre angulaire de notre société.» Quant à «c'ur de pierre», cela se traduit dans toutes les langues avec le sens de sans-pitié, sans sentiments humains. Et «jeter la pierre à quelqu'un», c'est l'accuser, contrairement à la pierre lancée par mépris à Esope.