Algérie

Une loi sans cadre



Une loi sans cadre
Le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, semble fier que le projet de loi sur l'audiovisuel soit bientôt soumis au conseil des ministres pour examen et enrichissement avant d'être présenté devant le Parlement. Un projet de loi sur l'audiovisuel qui devrait contribuer au renforcement du secteur en l'adaptant aux exigences induites des progrès scientifiques et technologiques en cours, selon les propos
du ministre.
Une belle loi qui contiendra tous les gages pour une liberté de ton et de belles images au sens de ceux qui nous gouvernent. Cette loi tant attendue et qui limitera bien des libertés en raison du caractère stratégique des médias audiovisuels ne changera pas grand-chose au quotidien des Algériens. La qualité d'une télévision est due surtout à la qualité de la production du pays. Sur ce sujet là, le ministre ne dit rien. Il ne dit pas ce que pourront diffuser des télévisions. Depuis l'apparition des télévisions algéro-étrangéres et la multiplication de sociétés de production audiovisuelle, les quelques séries produites sont des sitcoms de qualité médiocre avec les mêmes acteurs.
Les grandes télévisions publiques de part le monde, à l'instar de la BBC ou de France Télévisions, produisent des documentaires, des films pour le cinéma et des séries qui s'exportent dans le monde entier. Notre télévision n'a pas les moyens budgétaires pour être dotée de vrais studios aux normes universelles. Elle n'a pas d'école de formation. Des compressions d'effectifs ont permis à des agents dépendants de l'administration d'être promus en qualité de preneur de son ou d'images. Les métiers nécessaires à la production d'images et de son de qualité n'existent pas. Il n'y a pas de formation pour les maquilleurs et autres décorateurs et encore moi pour les scénaristes, dialoguistes et réalisateurs. Même les acteurs se font rares. Le célèbre Souilah est surbooké car il est sollicité de partout, l'approche de Ramadhan oblige.
La loi sur l'audiovisuel va encadrer les diffuseurs d'images. Elle ne changera rien à la qualité. Elle n'aidera pas à l'émergence de nouveaux talents et à la résurgence de métiers nécessaires pour la production. Le marché de la publicité en Algérie étant ce qu'il est, le peu de financement existant sera partagé entre différents diffuseurs, affaiblissant l'Entv et ne renforçant pas les nouveaux arrivants.
Pour l'audiovisuel comme pour d'autres secteurs, nous légiférons, nous achetons les meilleurs outils de production mais nous n'avons pas la culture de former ceux qui seront en charge de les utiliser. Les belles lois ne règlent pas tout, hélas.
A. E.


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