Algérie

Une libération sans rançon mais… avec contrepartie ?Fin du calvaire des marins du MV Blida



Pour les 25 marins du MV Blida retenus en otages au large de la Somalie depuis le 1er janvier 2011, c'est la fin d'un très long calvaire où les familles avaient le sentiment qu'on avait abandonné les leurs.

Après dix longs mois de captivité, l'Aïd Al Adha aura un goût très particulier pour les familles concernées. Reste la question : rançon ou pas rançon ? Officiellement, c'est niet. Reste à expliquer dans ce cas, l'attitude des pirates.

Le ministère algérien des Affaires étrangères et le DG d'International Bulk Bulk Carriers (IBC), armateur du navire MV Blida, M. Nacereddine Mansouri, affirment que la libération des 25 marins n'a pas donné lieu au versement d'une rançon. Officiellement, l'Algérie reste conforme à sa position doctrinale de refus du paiement des rançons pour les prises d'otages. Il reste que les conditions, non encore éclaircies et des affirmations du site Somalia Report, laissent planer le doute sur le sujet. Il est clair que pour les otages et leurs familles, très marqués par l'épreuve, cette question est totalement secondaire. Ce qui compte est la libération des leurs qui provoque en eux, selon des propos rapportés par l'agence APS, une «joie indescriptible». Ils ont également remercié l'Etat Algérien «qui n'a jamais renoncé à ses enfants où qu'ils soient» et rendu un «vibrant hommage» au directeur général d'IBC, armateur du navire MV Blida, M. Mansouri pour son «soutien» et sa «patience». La cause est entendue du point de vue des familles qui s'attendaient à un tel dénouement depuis la libération le 12 octobre dernier deux marins, un Algérien et un Ukrainien. Le soulagement des familles est d'autant plus fort qu'il y a eu à la fin août un signal alarmant de la part des pirates somaliens qui exigeaient 7 millions de dollars faute de quoi ils «passeraient les otages au couteau». D'où d'ailleurs le mystère d'une libération des marins obtenue sans contrepartie.

SOMALIA REPORTS : 3,5 MILLIONS DOLLARS EN CASH !

Le gouvernement algérien a réaffirmé, vendredi, par la voix de Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères que «l'Algérie ne verse pas de rançons» et «condamne fermement cette pratique qu'elle soit le fait des Etats ou d'organismes publics ou privés”. M.Belani faisait ainsi référence aux informations de SomaliaReports, site en général très bien informé, affirmant qu'une rançon a bien été payée. Selon SomaliaReports, les pirates qui réclamaient 7 millions de dollars ont accepté de réduire de moitié leur demande et auraient transigé sur la somme de 3,5 millions de dollars qui aurait été versée par l'armateur. SomaliaReport qui cite un certain Mohamed Ahmed qui serait en liaison avec les pirates, indique que la somme en “cash” est arrivée mercredi soir et que les pirates après avoir fait le compte et réparti l'argent entre eux, ont libéré le vraquier jeudi matin. C'est ce récit que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s'est évertué à démentir. La confirmation d'un tel scénario mettrait en effet à mal la position officielle de l'Algérie qui non seulement est contre le versement des rançons mais Å“uvre à le criminaliser par le droit international. “L'Algérie a une position doctrinale qui a été réaffirmée à de nombreuses reprises et de la manière la plus solennelle: l'Algérie ne verse pas de rançons et elle condamne fermement cette pratique qu'elle soit le fait des Etats ou d'organismes publics ou privés a souligné M. Belani en réaction “à la référence faite par certains magazines en ligne au paiement d'une rançon en relation avec la libération des marins du navire MV Blida». M.Belani faisait clairement référence aux révélations de SomaliaReports. Il a réaffirmé la ligne de conduite officielle du gouvernement algérien en soulignant qu'après «l'adoption de la résolution 1904 du Conseil de sécurité, nous poursuivons inlassablement nos efforts avec certains de nos partenaires au sein des Nations unies pour criminaliser, de manière effective, le paiement des rançons qui constitue une des sources principales du financement du terrorisme et du crime organisé”.

L'EXPLICATION PAR L'ACTIVITE CARITATIVE ALGERIENNE

Nacereddine Mansouri, directeur général d'International Bulk Carriers (IBC), armateur du navire MV Blida, donc le «payeur» selon le site somalien, est sur la même ligne que Belani : «Aucune rançon n'a été payée aux pirates pour la libération des marins algériens, la position de l'Algérie à ce propos est ferme et sans équivoque et nous l'appliquons». Même si les officiels algériens sont catégoriques, il y aura toujours une équivoque, les pirates somaliens ne lâchant en général pas leur proie sans contrepartie. Si ces démentis officiels sont avérés et qu'aucune rançon n'a été payée qu'est ce qui motiverait cette soudaine acceptation des pirates à libérer des otages qu'ils détiennent depuis onze mois ? On ne dispose pas de réponses. Mais on peut risquer une hypothèse sur la base de deux faits. Le 23 août dernier un avion cargo de l'Armée algérienne (ANP) a transporté dix tonnes de médicaments d'une valeur globale de deux millions de dollars. Cet apport s'est ajouté à l'organisation de caravanes de la solidarité en direction de la Somalie avec l'octroi de «1.000 colis alimentaires estimé à 1000 $ l'unité seront distribués à 1.000 familles»…. Plusieurs millions de dollars d'aide en nature de l'Algérie ont été envoyés, via des notables, aux Somaliens. On peut penser, même si ce n'est qu'une hypothèse, que c'est la voie qui a permis d'obtenir la libération des otages. Il n'y pas eu de rançon, peut-être, mais la libération des otages n'a pas été sans contrepartie. Par quelles modalités ? Cela reste secret…




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