Algérie

Une lettre pour tenter de convaincre les Algériens



Une lettre pour tenter de convaincre les Algériens
Dans une lettre diffusée samedi, à la veille du lancement de la campagne électorale en vue du scrutin du 17 avril, le président Bouteflika a fait valoir deux arguments pour expliquer pourquoi, malgré sa maladie, il a décidé de se porter candidat pour un quatrième mandat.D'abord, dit-il, «vous êtes nombreux à vouloir que je continue à conduire l'?uvre de redressement national» et ensuite, deuxième argument, «les difficultés liées à ma santé physique actuelle ne semblent pas me disqualifier à vos yeux ou plaider en faveur de ma décharge des lourdes responsabilités qui ont eu raison d'une bonne partie de mes capacités». Et, surtout, il ne manque pas de le rappeler : «Pendant la majeure partie de ma vie, je n'ai eu d'autre but que celui de servir, corps et âme, mon pays l'Algérie.» Il ne cache pas sa fierté d'avoir contribué à l'arrêt de l'effusion du sang des Algériens, à la promulgation et à la mise en ?uvre de la loi relative à la Concorde civile, suivie de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». Il met en avant les «accomplissements » qui sont autant d'éléments dans le bilan qui alimente le discours de campagne dont sont chargés les membres de son staff. Il les résume en un paragraphe qui se veut, en fait, une introduction à ce bilan : «Grâce au retour de la paix et au règlement de la dette extérieure sous laquelle ployait notre peuple jusqu'à rompre dans d'indicibles souffrances, il a été possible de lancer et réaliser des plans de développement multisectoriels à travers l'ensemble du territoire national. Cela a permis au plus grand nombre de citoyens de jouir de meilleures conditions de vie qu'auparavant.» Il ajoute : «Les réformes de tous ordres ont, pour leur part, contribué à assurer à notre pays les conditions de nature à renforcer les assises d'une démocratie pluraliste réelle, et d'une plus grande justice sociale à travers une répartition équitable des fruits du développement, la création d'emplois pour la jeunesse, la réalisation de programmes de logements au profit des familles ayant longtemps pâti de l'habitat précaire, le développement considérable des infrastructures hospitalières et le renforcement des secteurs de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur». Il conclut enfin par la dimension internationale : «En retrouvant sa place légitime dans le concert des nations, notre pays est parvenu à renforcer et diversifier ses relations internationales et a contribué, dans la mesure de ses possibilités, à la consolidation de la paix et de la sécurité dans le monde.» Mais, reconnaît-il, «il reste tant et tant à faire pour assurer à l'ensemble des catégories sociales de notre pays leur emploi, leur sécurité, leur environnement, leur santé et l'avenir de leurs enfants». Autrement dit, le président Bouteflika doit poursuivre son programme qui est resté inachevé. C'est le motif invoqué par tous ceux qui ont eu la charge de justifier le quatrième mandat. Tout ce qui a été fait durant quinze ans est insuffisant, il faut continuer encore le temps d'un mandat pour tout terminer. C'est ainsi qu'est compris ce message au sein de l'opinion publique. Pour poursuivre la démarche commencée il y a quinze ans, le président Bouteflika affirme, dans des paroles qui ressemblent à une remise en question exprimée de manière floue, sa volonté de rompre avec «les pratiques qui se sont avérées inopérantes». Mais pour cela, estime-t-il, il faut que le processus de réforme en cours, parvienne à son terme. Dans ce sens, il promet de «créer les conditions de la consolidation du développement économique et social et d'un renouveau politique consensuel avec l'ensemble des acteurs politiques». Il semble que le Président a écouté les revendications exprimées par les courants d'opposition et même qu'il les reprend à son compte en déclarant qu'il va agir «pour que chaque Algérien sente et perçoive, dans son quotidien, que la vie démocratique de la nation est réelle et palpable, avec la consécration des droits de l'Homme dans toutes les sphères d'activités, avec la prépondérance accordée aux équilibres des pouvoirs pour permettre aux différentes institutions d'agir en permanence dans le respect de l'Etat de droit». On croirait lire le programme d'un candidat de l'opposition. Il le répète, plus loin, en d'autres termes : «Si le peuple algérien souverain m'accorde, de nouveau, sa confiance, je m'engage à créer les conditions politiques et institutionnelles, avec l'ensemble des acteurs représentant les différents segments de la société, permettant l'édification d'un modèle de gouvernance répondant aux attentes et espérances de notre peuple.» Cette transformation exigera une nouvelle Constitution qu'il promet pour «le courant de cette année». Il est certain que l'impact de cette lettre du président Bouteflika dans l'opinion publique est diminué du fait qu'elle n'a pas été lue par le Président lui-même. Sa diffusion à travers les médias réduit son audience et confirme les difficultés de santé du Président qui l'empêchent d'être présent physiquement dans la campagne électorale.




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