Algérie

Une leçon pour les footballeurs milliardaires algériens Le football démuni de la RCA joue la qualification à la CAN



Le football algérien marche-t-il la tête en bas ' Non si on reste logique et on sait travailler selon les moyens dont on dispose. Mais le football algérien n'a, lui, rien de logique, alors il avance la tête en bas. Celui qui en doute encore devrait se référer avec ce qui se fait dans le football centrafricain dont l'équipe nationale va rencontrer celle d'Algérie ce dimanche pour le compte de la 6e et dernière journée de la phase de qualification à la CAN 2012.
Un football se juge par ses clubs mais surtout par son équipe nationale. En Centrafrique, les clubs n'ont rien de terrible mais l'équipe nationale de ce pays occupe en ce moment, conjointement avec celle du Maroc, la première place de son groupe de qualification à la CAN 2012 et ambitionne donc d'aller au Gabon ou en Guinée équatoriale en janvier de l'année prochaine.
Dans ce même groupe, le bonnet d'âne, celui que l'on attribue au cancre et au dernier, est sur la tête de l'équipe d'Algérie, éliminée depuis un bon moment la compétition. Oui, l'équipe d'Algérie avec ses stars en carton-pâte, ses joueurs quasi défiés qui ont droit
à une nuée de journalistes qui leur court derrière comme elle le ferait pour une très grande personnalité, ses joueurs qui n'émargent que sur des contrats où il y a beaucoup de zéros, ses joueurs qui ne se gênent pas à chaque fois de promettre qu'ils vont casser la baraque mais qui, au final, ne font rien de bon.
Les vérités d'Accorsi
Il se trouve que nous connaissons bien Jules Accorsi l'entraîneur de l'équipe nationale centrafricaine pour l'avoir rencontré lorsqu'il entraînait la JSM Béjaïa en 2004. Il n'était pas resté longtemps en Algérie mais cela lui avait suffi pour se faire une idée précise sur son football et le niveau de celui-ci. Aujourd'hui il est coach national de la Centrafrique et cela ne l'étonne guère que l'équipe d'Algérie soit éliminée de la CAN.
«Vous avez des talents mais vous ne savez pas les exploiter, ni les mettre en valeur. Votre football souffre d'un manque flagrant de formation à la base», nous a-t-il dit lorsqu'il nous a reçu à l'hôtel où réside son équipe à Alger. Avec lui nous avons pris connaissance de quelques détails effarants qui montrent bien que notre football n'avance pas du tout.
«Avoir des stars ne veut pas dire que vous avez une équipe, poursuit Accorsi. Mais parfois cette équipe peut trouver de la cohésion en un rien de temps. Quand j'ai été nommé sélectionneur de la Centrafrique, je n'avais eu que quatre jours pour faire la connaissance de mes joueurs avant leur premier match au Maroc. Il avait suffi de quelques exercices et des paroles porteuses pour que ça marche puisque nous avions réussi le nul là-bas». Et Accorsi de poursuivre :
«En Centrafrique il ne doit pas y avoir plus de 3000 licenciés. Il existe deux stades, les deux se trouvant dans la capitale Bangui. Le premier, d'une capacité de 25 000 places, qui dispose d'un terrain en gazon naturel est celui qui accueille les matches de l'équipe nationale. Le second, de 20 000 places environ, avec un terrain en gazon artificiel, est celui où se disputent les matches de championnat. En Centrafrique, le championnat est limité aux seuls clubs de la capitale, Bangui.
ll y en a 12 et les matches d'une journée sont étalés sur trois jours, à savoir deux le vendredi, deux le samedi et deux le dimanche. Les joueurs sont tous des amateurs et les clubs ne bénéficient pas de recettes des stades, du reste insignifiantes. Ils sont donc à la charge de l'Etat et de la Fédération qui les équipent.
Pas même un ordinateur
A propos de la Fédération, il y a à peine quelques mois, elle ne disposait même pas de l'outil informatique. Pour envoyer les messages, par e-mail, de cette instance les employés allaient dans le cybercafé le plus proche.
Aujourd'hui la Fédération a fait un grand pas en avant puisqu'elle a un ordinateur relié à internet, une photocopieuse et une imprimante. «Avec tout ça l'équipe nationale de ce pays se retrouve toujours en course pour la qualification à la CAN 2012 alors que celle d'Algérie, avec ses footballeurs milliardaires, ses 150 000 licenciés, ses centaines de stades, ses entraîneurs hyper diplômés qui croient détenir un immense savoir, va se contenter de suivre la prochaine CAN à la télévision.
Vous comprenez pourquoi nous disions plus haut que notre football avançait la tête en bas ' Un autre fait sur lequel Accorsi a insisté lors de notre discussion est lié à la pression que subit un coach. «Je peux vous certifier que je suis tout à fait zen, nous a-t-il révélé. Je ne subis aucune pression d'aucune sorte, ni de la part de personne. On me laisse travailler comme je sais le faire.
Quand je vais au stade assister à des matches de championnat, pas un spectateur ne me harcèle au sujet de l'équipe nationale. Et puis, chose extraordinaire, depuis que je suis entraîneur de cette équipe, c'est-à-dire depuis juillet 2010, jamais, je dis bien au grand jamais, la télévision centrafricaine n'est venue m'interviewer. Les seuls médias qui l'ont fait sont ceux de la radio. Quant à la presse écrite, il n'y a pas de journaux en Centrafrique.»
Agé aujourd'hui de 74 ans, Jules Accorsi est un vadrouilleur du football. Ancien joueur professionnel de la grande équipe de Reims (« mon pote, à l'époque, était Mohamed Maouche, nous a-t-il dit. Nous avions 18 ans et nous faisions la fête ensemble»), il a eu une très longue carrière d'entraîneur qui l'a même mené au Vietnam. «J'ai une expérience de 60 ans dans le football et jusqu'à aujourd'hui je me dis que je n'ai pas tout appris, nous a-t-il fait savoir.
Il faut que j'en apprenne plus. Quand j'exerçais en Algérie, ce qui m'avait étonné, pour ne pas dire choqué, c'est que mes collègues algériens, nettement plus jeunes que moi, qui n'ont pas joué au football aussi longtemps que moi, agissaient comme s'il connaissait tout du football et qu'ils n'avaient rien à apprendre de quiconque». Voilà une autre des raisons qui explique pourquoi tout va mal dans notre football.


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