Algérie

Une leçon de vie



En dépit de son handicap physique, il a toujours été brillant au point qu'il a dépassé les meilleurs élèves de son école. L'examen du bac reste pour lui un autre défi à relever.Âgé de 23 ans, Oussama Mosbah passe son baccalauréat pour la première fois. En effet, ce lycéen inscrit en 3e année secondaire, filière gestion et économie au lycée Tarik-Ibn Ziad d'El-Eulma, souffre depuis sa naissance d'une infirmité motrice d'origine cérébrale (IMC) appelée aussi paralysie cérébrale.
Cependant, pour lui, handicap ne veut en aucun cas dire incapacité. Sa maladie qui se traduit aussi par des troubles de motricité touchant, notamment le mouvement et la posture et certaines fonctions cognitives, n'a été diagnostiquée qu'à un an.
Handicapé à 100%, il n'a été inscrit en première année primaire qu'à 11 ans à l'école Zaïdi-Denfir, dans sa ville natale, El-Eulma. Au primaire, il a toujours été dans la même classe que sa s?ur Sirine, née en 2002. Il lui doit beaucoup, car Oussama, qui ne pouvait pas écrire, avait besoin d'une trace écrite des leçons de classe.
Une scolarité qui relève du miracle
En effet, l'enfant Mosbah est, certes, très intelligent et mémorise vite et très bien, mais il a toujours eu recours aux cahiers de sa s?ur pour la révision de ses cours. Les autres traces écrites des leçons étaient assurées par son institutrice Chagra Naïma qui n'a ménagé aucun effort pour l'aider non seulement à apprendre, mais aussi à se distinguer parmi ses camarades.
"Je n'oublierai jamais ce qu'a fait Mme Chagra pour mon fils. Elle mérite d'être encouragée par la tutelle. Elle a toujours dit qu'elle faisait cela pour l'innocence d'Oussama et pour les enfants souffrant d'infirmité", nous dira la mère de Mosbah qui a aussi joué un grand rôle dans la réussite de son fils car c'est elle qui veillait au grain, à l'orientation d'Oussama pendant la révision de ses leçons.
Lors des différentes opérations d'évaluation, sa maîtresse assurait en toute objectivité la transcription. Elle écrivait pour lui. Elle jouait le rôle de l'enseignante, de la psychologue et de l'orthophoniste, car Oussama a aussi des difficultés d'élocution.
Le retard enregistré dans son inscription en première année primaire n'a en aucun cas été synonyme de retard ou de décrochage scolaire car, en dépit de son handicap physique, il a toujours été brillant au point qu'il a dépassé les meilleurs élèves de son école. À l'examen de fin du cycle primaire, il obtient un 9/10 alors que sa s?ur, ne souffrant d'aucune maladie, n'a obtenu que 5,5/10.
Une moyenne de 14/20 au BEM
Au CEM Ibrahim-Benouna d'El-Eulma, Oussama a poursuivi ses exploits car ce passage l'a encouragé davantage. Les responsables de la direction de l'éducation ainsi que le chef d'établissement ont fait de sorte qu'il soit avec sa s?ur dans la même classe.
La nature de la scolarité au Cem (plusieurs professeurs et plusieurs matières) a fait qu'une auxiliaire de vie scolaire (AVS), recrutée dans le cadre du pré-emploi et formée grâce à une initiative de la direction de l'éducation de la wilaya de Sétif et l'association des parents d'enfants infirmes moteurs d'origine cérébrale (APIMC), soit désignée pour accompagner Oussama.
Durant les quatre années du cycle moyen, c'est l'auxiliaire de vie scolaire qui a pris en charge la transcription des cours pour Oussama qui, en dépit de l'amélioration, un tant soit peu, de son état général, ne pouvait pas écrire. Après quatre années de labeur, le collégien obtient son BEM avec 14/20 de moyenne.
Une réussite qui n'a étonné personne, car Oussama a toujours été studieux et les examens officiels des années charnières, à savoir l'examen de fin de cycle primaire, le BEM et maintenant le baccalauréat, ont constitué un véritable défi pour l'enfant et sa famille.
Une détermination sans faille...
Réussir son BEM avec les encouragements de l'établissement et du wali de Sétif lors d'une cérémonie organisée au siège de la wilaya a poussé Oussama et sa famille à continuer le parcours au lycée Tarek-Ibn Ziad d'El-Eulma où il n'a pas été assisté par un auxiliaire de vie scolaire. Des professeurs et adjoints d'éducation volontaires ont pris le relais et le lycéen est devenu plus autonome. Il prend son destin en main.
Il poursuit ses études en dépit de ses déplacements en Tunisie pour le suivi et les contrôles chez son neurologue, ainsi que pour les séances de kinésithérapie. Il passe très à l'aise ses trois années du secondaire. Pandémie de coronavirus oblige, il suit des cours de soutien dans trois matières, à savoir l'arabe, la comptabilité et les mathématiques.
"Durant les six mois de confinement, Oussama ne rate pas une minute, révise ses leçons, solutionne les exercices et les sujets des années précédentes, et s'informe davantage auprès de ses amis et professeurs ", dira sa mère. Interrogé sur ce qu'il voudrait faire après le baccalauréat, Oussama a dit : "Je préfère attendre les résultats pour vous le dire. Maintenant, je suis concentré sur les révisions, pas sur les rêves."

Par : FAOUZI SENOUSSAOUI


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