Algérie

Une journée mondiale pour les victimes du terrorisme



La voix de l’Algérie écoutée à l’ONU Un symposium international, premier du genre consacré à l’appui aux victimes du terrorisme, vient d’être organisé par les Nations Unies. Cette rencontre intervenait une semaine après la tenue d’un débat de l’Assemblée générale sur la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. Tout au long de la journée, ponctuée de témoignages de victimes du ter-rorisme et d’interventions d’experts et d’acteurs de la société civile activant dans le domaine de l’aide à apporter à ces personnes, les participants au symposium ont souligné qu’il est nécessaire que soit renforcé le statut juridique des personnes et des populations affectées par la violence terroriste. Selon le communiqué de l’ONU ayant sanctionné ces débats, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, s’est adressé directement aux victimes du terrorisme invitées à témoigner de l’expérience qui a affecté leur vie. Le terrorisme s’attaque à l’humanité elle-même, a-t-il résumé. Il a également fait part de l’émotion qu’il a éprouvée en se rendant à Alger sur le lieu de l’attentat qui a été perpétré en décembre 2007 contre les locaux de l’ONU. Rappelant que dans la capitale algérienne et ailleurs, «la famille des Nations Unies» avait payé un lourd tribut au terrorisme, il a déclaré qu’en ce jour l’ONU était fière d’exprimer sa solidarité avec les victimes de ce fléau et d’ouvrir un dialogue avec les États membres sur les moyens à mettre en place pour les aider plus efficacement. Ce symposium a vu intervenir une invitée de marque, l’ex-otage franco-colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Ingrid Betancourt a souligné qu’il était du devoir de la communauté internationale de reconnaître un statut juridique particulier aux victimes du terrorisme. Le représentant de l’Algérie a estimé, pour sa part, que la prise en charge accrue des victimes, leur réhabilitation et la nécessité de compenser les dommages durables endurés, était un devoir moral de l’Etat pour, in fine, assurer la cohésion sociale des populations touchées. Il a également tenu à souligner que l’Algérie, victime du terrorisme sous toutes ses formes depuis des décennies, ne «hiérarchisait pas les souffrances». Représentant la société civile, Mme Fatma-Zohra Flici, présidente de l’Organisation nationale algérienne des victimes du terrorisme (ONAVT), a, elle aussi, préconisé l’obtention d’un statut spécial pour les victimes du terrorisme. Elle a de plus estimé que des moyens humains et financiers adéquats devaient être réunis pour prendre pleinement en charge le traitement des troubles psychologiques et assurer la réhabilitation professionnelle des victimes. Mme Flici a suggéré à cette fin d’utiliser les fonds des entités dont les avoirs ont été gelés par le Conseil de sécurité. Elle a également plaidé pour l’établissement d’une journée commémorative des victimes du terrorisme. Sa proposition a été fortement saluée et devrait retenir l’attention d’un groupe de travail qui sera chargé d’étudier la question et de soumettre ses recommandations au secrétaire général de l’ONU. Psychiatre algérien, Noureddine Khaled a expliqué que le pays avait adopté une loi qui consacre la notion de «réconciliation» pour tenter de résoudre le problème du terrorisme. En effet, en Algérie, tout terroriste qui décide de déposer les armes et de se réinsérer socialement peut être pardonné, a-t-il indiqué. En outre, depuis la première vague d’attentats qui a ensanglanté le pays depuis 1992, aucun responsable n’est ouvertement désigné, le terrorisme étant qualifié de «tragédie nationale», a-t-il dit. Cette conception, qui semble éluder le fait terroriste lui-même, se heurte à l’incompréhension des victimes d’attentats dont les auteurs peuvent être relâchés. Dans ce contexte, a noté M. Khaled, il faudrait s’employer à corriger les effets pervers de cette loi et à ne pas renoncer à faire juger les responsables et les commanditaires d’attentats terroristes. «Le droit à la justice et à la vérité doit être rétabli», a dit M. Khaled, plaidant pour le pardon mais pas pour l’oubli. L’État a été encouragé par Noureddine Khaled à renforcer l’éducation, car trop souvent l’échec scolaire fait de jeunes, en rupture, des recrues faciles pour les cellules terroristes. A noter aussi que de nombreuses ONG ont en effet dénoncé sans relâche les procédures inéquitables qui se font parfois au détriment des droits des personnes suspectées de terrorisme. Ces procédures extrajudiciaires, qui se déroulent dans le plus grand secret, non seulement violent les droits des accusés mais elles privent aussi les victimes de leur droit à la justice. Amine B.


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