Algérie

Une journée aux couleurs fades



A Souk Ahras et probablement ailleurs, les représentants des deux factions parlaient longuement et parlaient vrai des heurts et malheurs des travailleurs, de leurs acquis et de leurs aspirations.
Les deux tendances exhibaient une fierté faite de probité et de richesse modérée. L'événement était accueilli avec fanfare mais aussi avec la morale qui lui est due. Autres temps, autres mœurs. Aujourd'hui, dans le meilleur des cas, la journée se résume en une simple formalité où les travailleurs sont difficilement mobilisés sous l'égide d'une seule organisation, de surcroît, rongée à  l'échelle nationale par les luttes intestines et fragilisée par la prolifération des syndicats autonomes. Djamel Badri, un syndicaliste du secteur industriel, nous donne son impression sur l'événement en déclarant: «La fête des travailleurs n'est plus ce qu'elle était, il y a seulement une dizaine d'années. On attendait ce jour avec impatience et on préparait minutieusement les festivités où tout le monde se sentait concerné. Aujourd'hui ce n'est même plus une rencontre protocolaire.» Pour quelques employés du secteur de la fonction publique, c'est un jour chômé et payé sans aucune autre signification ni enseignement. S.S., un universitaire, commente l'événement ainsi: «Qui ose parler des droits des travailleurs là, où le renversement de l'échelle des valeurs est criard, et là, où l'on s'adonne volontiers au népotisme et à  l'affairisme au grand jour. Nous sommes loin de ces défilés d'autrefois et de ces discours grandiloquents qui sentaient l'engagement, même si parfois, entachés de la langue de bois ou enrobés dans une culture savante d'une élite progressiste qui espérait bien faire en terme de dialectique des classes.» Encore une fois, c'est une fête aux couleurs fades qu'ont célébraient, avant-hier, les travailleurs de Souk Ahras qui ont compris que toute ascension sociale commence, hélas, dans l'informel, voire l'illégalité !     
 


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