Algérie

"Une journée au Soleil ou l'exil des Kabyles"



img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P180421-08.jpg" alt=""Une journée au Soleil ou l'exil des Kabyles"" /Cette manifestation ayant débuté jeudi à la salle El Khayam a marqué les esprits par la projection durant l'après-midi du film d'Arezki Metref qui vient d'être le récipiendaire du meilleur documentaire au festival d'Agadir.
Un film qui vient d'obtenir le Prix du meilleur film documentaire au festival d'Agadir. Synopsis: Le Soleil dans le XXe arrondissement de Paris, lieu mythique au coeur des mémoires conjuguées, immigrée, ouvrière et révolutionnaire du quartier Belleville-Ménilmontant. Puis, peu à peu, au fil du temps, sa terrasse est devenue le lieu de ralliement des «bobos «du quartier. Au cours d'une ultime journée de palabres, avant sa fermeture définitive, Le Soleil verra se croiser les derniers témoins de la petite et de la grande Histoire de l'émigration algérienne en France. Une femme, des hommes, ouvriers, intellectuels, écrivains, musiciens, commerçants, tous diront, les uns leur enfance dans la guerre, les autres leurs combats politique, syndical, culturel. Les luttes qui ont émaillé l'histoire heurtée des relations entre la France et l'Algérie durant ces 60 dernières années. Des témoignages poignants, drôles aussi parfois, éclairés par des historiens et autres spécialistes de la question. «Avec un dispositif simple, mais efficace, une caméra placée en plein centre du café pour interroger des témoins, nous sommes immergés de plain-pied dans l'histoire de l'Algérie, du début de l'émigration vers la fin du XIXe siècle à nos jours et cette phrase de feu l'écrivain Nourredine Saâdi à propos de l'exil des Kabyles «l'exil c'était à la fois symbole de déracinement, mais loin de son acception mélancolique, ça représentait aussi la liberté pour ces gens, loin du poids de la djemâa du village. «Car partir pour ces émigrés était pour eux une fenêtre de quelque chose de nouveau qu'ils vont pratiquer tôt en effet, en épousant souvent des femmes européennes qui elles, achetaient en leur nom ces cafés que géraient ces Kabyles venus d'Algérie après avoir été expropriés de leur village et terre par le colonialisme. C'est aussi par ces images d'archives de montagnes de Kabylie que s'ouvre ce documentaire qui utilisera parfois des documents de l'époque dont certains connus pour accompagner les différentes étapes par lesquelles est passé le pays. Aussi, tout le film aura pour personnage principal ce café «Le Soleil» qui n'existe plus aujourd'hui car vendu par son propriétaire que l'on voit durant le film saluer sa clientèle, fidèle et évoquer son arrivée en France et son attachement sans faille à l'Algérie et à ses militants pour la cause berbère notamment, collé au téléphone qu'il est parfois pour prendre des nouvelles du bled. D'ailleurs un de ses voeux pieux dans le film aura été de voir la reconnaissance officielle de la langue, la culture amazighes par l'Etat mais aussi la force kabyle et militaire dans la libération du pays. Rappelons que le film a été tourné en 2016. L'on croisera dans ce documentaire différents visages dont celui de Sid Ahmed Agoumi, mais également ceux d'historiens comme Benjamin Stora, Mohamed Harbi, aussi des hommes et des femmes venus tôt en France, soit pour accompagner leurs parents ou étudier en France et qui se retrouveront aux côtés de la cause algérienne durant la guerre d'Algérie reconstituée en France à nouveau dans ces cafés-bars où se tenaient secrètes les réunions des militants des deux camps FLN et MNA. Le conflit entre ces deux parties qui finira dans le sang est évoqué clairement dans ce film qui rappellera ainsi à notre mémoire les difficultés de vivre de ces émigrés partagés entre survie, envoyer de l'argent à leur famille et les cotisations qu'ils versaient au FLN. L'importance de ces cafés dans la mobilisation politique des Algériens à l'époque est fortement mise en exergue. Le documentaire révèle aussi le rôle culturel qu'impliquaient ces cafés dans le sens où la langue amazighe était souvent pratiquée et les chanteurs kabyles découverts et plébiscités dont le célèbre Slimane Azem, mais aussi le rôle sociologique que revêtaient ces cafés dans le sens de la reproduction des règles de vie du village car exit le dérapage! La loi de la collectivité comme en Kabylie devait régner en maître-mot si bien que si on s'en éloignait quelqu'un était là pour vous rappeler qu'une partie du salaire doit être envoyée au pays. Aussi, si le rôle du café dans la sensibilisation au militantisme contre le colonialisme est fortement présent dans le film. Ce dernier bifurque après vers le Printemps berbère en Algérie en évoquant l'académie berbère, Mouloud Mammeri et ces artistes militants dont Akli D. qui a dû s'enfuir en France pour ne pas être arrêté par le système algérien. Vite, le film dérive vers les années noires où des hommes et des femmes ont été assassinés tels Tahar Djaout et Matoub Lounès pour ne citer que ceux-là (évoqués dans le film) et voir rebelote, la France accueillir des Algériens cette fois en réfugiés politiques pour ne pas se faire tuer par les islamistes tel que revendiqué dans ce fameux discours du fils de Ali Benhadj dont les images parlent d'elles-mêmes. Et l'histoire qui se répète tragiquement. «Une journée au Soleil «n'a pas la prétention de présenter une liste exhaustive sur les événements qui ont marqué l'Algérie ou encore raconter son histoire. En effet il faudra se contenter d'une seule idée et comprendre que le film entend parler surtout du rôle des cafés comme lieu de sociabilité humaine, un microcosme reconstitué dans lequel le village kabyle se recréait pour vaincre la solitude de celui qui arrivait par bateau en France pour des raisons qui relèvent beaucoup plus du drame que du choix personnel. Organisée dans le cadre du 38e anniversaire du Printemps amazigh célébré le 20 avril, il est bon de savoir que la 2e édition du «Le printemps du cinéma amazigh» à Alger qui se tient à la salle de cinéma «El Khayam» s'est ouverte jeudi matin par la projection du documentaire tunisien «Azul» (2013). Réalisé par Wassim Korbi, ce film jette la lumière sur le vécu des communautés amazighes au sud-est de la Tunisie et les défis qu'elles doivent relever pour préserver leur langue et leur culture authentiques.


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