Des entreprises qui ont une banque sous la main et qui dépensent sans
compter, l'Algérie en a connu et cela s'est terminé par un scandale monumental
qui a mis définitivement les privés algériens du secteur bancaire. La
règlementation s'est faite depuis plus sévère. Cette supervision bancaire vient
de gagner en précision avec l'instruction de la Banque d'Algérie datée du 30
juillet 2009 sur les modalités de déclaration des crédits consentis par une
banque ou un établissement financier à une entreprise dont elle ou il détient
une participation au capital. Outre les dispendieux errements passés des
banques privées, la mesure semble aussi répondre à un souci de cadrage plus
précis sachant qu'un fonds national d'investissement, financé par les
ressources du Trésor public ou des emprunts sur le marché national des capitaux,
devrait prendre des participations dans des entreprises publiques existantes et
participer aux montages financiers de nouveaux projets.
La loi de finances complémentaire
(LFC) promulguée le 22 juillet permet en son article 107 à une entreprise ou à un
établissement financier de prêter à des entreprises auxquelles elle est
associée jusqu'à 25% de ses fonds propres de base. L'instruction de la Banque
d'Algérie détaille les modalités de déclaration de ces crédits accordés aux
entreprises filiales où les banques détiennent une participation au capital.
Les fonds propres de base, selon la définition classique adoptée par l'institut
d'émission, comprennent essentiellement le capital effectivement libéré et les
réserves obligatoires.
Un principe universel
Ces fonds propres de base tels
que définis forment ainsi une assiette relativement restrictive. La restriction
concerne en particulier les financements à long terme dont peuvent bénéficier
les banques et qui représentent parfois un élément non négligeable de leurs
fonds propres généraux. La mesure impose le respect d'un principe universel -
en vigueur depuis longtemps dans les économies avancées - destiné à empêcher la
concentration des crédits sur des entreprises partiellement détenues par les
banques. Les risques et les dangers d'une situation où la banque prête à des
entreprises qu'elle possède partiellement ou totalement sont évidents.
Le rôle de pompe à finances pour
cette clientèle particulière peut entraîner des dérives particulièrement
graves. Personne n'oublie le cas d'école algérien que reste la Banque Khalifa.
La banque finançait au-delà de toute mesure les entreprises du groupe éponyme.
Etre juge et partie est le risque caractéristique d'une situation où la
confusion des genres est souvent la règle. Quand une banque prête à l'une de
ses filiales, il devient, plus souvent qu'on ne le croit, difficile de faire la
part des choses entre l'intérêt de la banque et celui de l'entreprise.
Déontologie bancaire
Outre les aléas d'une gestion de
commandite masquée - où l'entreprise financée répond d'abord à la logique de sa
banque-parente -, le risque est celui de la distorsion de concurrence. Une
entreprise qui recense une banque dans son conseil d'administration bénéficie
en effet d'un avantage de proximité certain qui peut amener la banque à prêter
au-delà des limites raisonnables pour permettre à sa filiale d'avoir une
position dominante. La Banque d'Algérie a donc décidé, dans la foulée de la
LFC, de suivre avec une attention particulière ce type d'opérations. Les
banques et établissements financiers sont astreints à procéder à des
déclarations fréquentes, une fois tous les deux mois. Le défaut de présentation
de déclaration entraînant la saisine de la Commission bancaire et donc des
sanctions sévères à l'endroit des banques contrevenantes.
Le même règlement proscrit
totalement l'octroi de crédit par une banque à ses dirigeants ainsi qu'à tous
les responsables disposant d'un pouvoir de signature et leurs parents au
premier degré. En l'occurrence, la Banque d'Algérie met les pendules à l'heure.
Ces dispositions qui entrent dans le cadre de base des normes prudentielles
relèvent également de la déontologie bancaire la plus classique. La
non-observance de ces mesures ouvre la voie à de graves dépassements et peut
grandement amoindrir la qualité d'une place financière en développement. Le
législateur et la Banque centrale semblent avoir retenu les leçons de récents
errements et assument donc leur mission de protection des déposants et du bon
fonctionnement du système bancaire.
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Posté Le : 05/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : MSaadoune
Source : www.lequotidien-oran.com