Le dossier halal n'en finit plus de faire des vagues en France où il
vient de connaître de nouveaux rebondissements dévoilés par Al Kanz, un site communautaire dédié aux consommateurs
musulmans.
Selon ce dernier, lundi dernier s'est tenue au siège de l'AFNOR, l'Association
française de normalisation, une nouvelle rencontre pour définir les positions
françaises qui seront défendues lors de la réunion européenne sur la norme
halal qui se tiendra les 21 et 22 novembre prochain. Ainsi, et depuis la
promulgation, en mars 2009, de la norme halal autrichienne, voulue par Vienne
comme une référence européenne et rejetée par l'AFNOR après consultation de l'ASIDCOM, l'Association de sensibilisation, d'information et
de défense de consommateurs musulmans, une série de rencontres initiées par
l'Association française de normalisation ont été tenues pour discuter de ce que
sera la norme halal et de ce que la
France proposera au niveau européen. Une initiative saluée
mais fortement condamnée de par la nature même de la composition du groupe de
travail qui planche sur l'élaboration de la future norme halal européenne. Qualifié
de «scandale» par Al Kanz, qui explique que ce sont ces
mêmes personnes «qui foulent depuis des années les principes qui régissent le
halal» qui font partie du groupe de travail. Le site communautaire craint que
«l'objectif premier sera de normaliser, dans tous les sens du terme, la
situation actuelle», une situation déjà dénoncée et qui a connu son pic
médiatique après la diffusion, en août dernier, d'un reportage de la chaine cryptée française Canal+. Réalisé par Feurat Alani et Florent Chevollau, ce reportage de 52 minutes sur le business du
halal et sa face cachée avait provoqué la réaction de la communauté musulmane
en France et huit élus locaux musulmans avaient demandé la mise en place d'une
commission d'enquête parlementaire sur le marché du halal pour faire toute la
lumière sur certaines pratiques commerciales qui «peuvent s'apparenter à de
l'escroquerie publique, faute d'une législation claire et précise», selon le
communiqué rendu public alors par ces derniers. Al Kanz
s'interroge également sur la présence des industriels dans la commission
chargée de discuter de la norme halal et appelle les consommateurs et les
organisations musulmanes à agir. Détaillant davantage ces «partenaires»
indésirables, le site dresse une liste des participants adoubés par les
autorités en charge du dossier. Ainsi, ils montrent du doigt les puissants
syndicats de la viande, l'ensemble de la grande distribution ainsi que, paradoxalement,
une association qui milite contre l'abattage rituel, invités à définir la
future norme halal en discutant de «l'intégration (ou non) du contrôle dans la
norme». Cette composante du groupe de travail en question est perçue comme une
insulte par Al Kanz qui y voit une mise sous tutelle
des musulmans. Outre l'administration, les industriels et les professionnels de
la viande ainsi que les syndicats et fédérations, les représentants musulmans
sont également engagés dans ces réunions. Rectorat de la mosquée de Paris, Association
rituelle de la grande mosquée de Lyon, ACMIF-mosquée
d'Evry, Asidcom et l'association AVS, à Votre service,
entre autres seront appelés à donner leur avis sur les nouvelles normes halal. Mais
parmi ces derniers, certains, comme la
GMP ou la mosquée d'Evry, sont également soupçonnés de ne pas
pratiquer un contrôle systématique, permanent et effectif, sur les produits
estampillés halal. Si plusieurs organismes de certification se partagent le
marché du halal en France, deux d'entre eux, liés aux mosquées d'Evry et de
Paris, ont été mis en cause par Bernard Godard, chargé de mission au bureau
central des cultes du ministère de l'Intérieur, où leurs certifications «ne
sont pas exemptes de doute». Pour Bernard Godard, ancien policier à la retraite
et expert de l'islam en France, les mosquées d'Evry et de Paris réalisent des
audits. «On n'est donc pas dans une vérification systématique. Des produits non
halal peuvent entrer dans la composition des produits», affirme-t-il. Selon lui,
la Société
française de contrôle de la viande halal (SFCVH) et la Mosquée de Paris
regroupent «une dizaine de personnes sous contrat avec des fournisseurs pour la
cession de documents de certification, qui peuvent être signés par des non-musulmans. Ces certifications ne sont donc pas très
sérieuses». Ces mosquées, pour lui, ne sont pas à la hauteur des volumes en jeu.
«Face aux grandes enseignes, elles n'ont pas la capacité de négocier».
Rappelons que le marché halal est évalué à près de 4 milliards d'euros, en
progression de plus de 10% par an, d'après une étude du cabinet Xerfi publiée en mars, alors que le cabinet Solis, spécialisé dans le marketing et les «sondages
ethniques», estime à 5,5 milliards le chiffre d'affaires 2010 du secteur.
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Posté Le : 05/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com