Une initiative Lancée par quatre artistes «Al Mahroussa raconte» l’Algérie, sa culture et son histoire

Publié le 16.07.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
KADER BAKOU

Un mouvement artistique algérien est né récemment. Sa (noble) mission est la promotion de l’héritage culturel algérien.
Il a été lancé par quatre artistes : Fazi Bouaouni, artiste plasticienne, Ikram Nassij, artiste visuelle fondatrice de Nassij Home, Hichem Daou, artiste et promoteur du tourisme, et Yasmina Fechekeur, designer et créatrice d’objets artistiques. Les quatre artistes ont choisi de lancer leur mouvement artistique à travers une manifestation intitulée «Al Mahroussa raconte…»
Cette démarche artistique vise à faire revivre et faire connaître un savoir-faire, une tradition, un patrimoine culturel propre à des régions de l’Algérie et qui sont méconnus du grand public. C’est aussi une initiative qui célèbre les traditions ancestrales des plus profondes des différentes villes et régions algériennes.
Pour sa première édition, «Al Mahroussa raconte» a parlé de la tradition de «arss al kaa» dont le nom est différent d’une région à une autre (arss al w’taa, arss el hwaa…) et qui symbolise les valeurs de la gratitude et de la solidarité de nos aïeux. Cette tradition consiste à organiser une fête en l’honneur d’une femme qui a été toujours présente aussi bien dans les moments de joie et de bonheur, que dans les moments difficiles et de tristesse auprès de son entourage et de ses proches (famille, amis et voisins). Ainsi, l’entourage de cette femme dévouée va lui organiser une fête spéciale afin de lui rendre un hommage mérité.
C’est dans cette philosophie de mettre en avant ces valeurs de partage et de solidarité que le collectif des quatre artistes a organisé la première édition de «Al Mahroussa raconte», le 7 juillet dernier, à Dar El Chedjour, à La Casbah d’Alger.
Ce jour-là, «Al Mahroussa» a raconté l’histoire de la médina millénaire et de ses habitants, à travers un voyage dans le temps et l’histoire, via aussi une présentation visuelle, où chacun des sens a été éveillé.
Une performance musicale a été, en outre, assurée par l’artiste Hamidou qui a partagé avec les présents un choix musical propre aux traditions de la médina et qui porte dans les titres et les paroles des chansons l’histoire de la ville depuis sa création : El Bahdja (la radieuse ou la joyeuse) , El Mahroussa (la bien-gardée), El Beida (la blanche), Icosium…
Le vêtement traditionnel algérien qui fait partie intégrante du patrimoine de la société algérienne figurait aussi au programme de cette rencontre à Dar El Chedjour. Les organisateurs ont mis en avant deux tenues traditionnelles propres à la région Centre de l’Algérie, à savoir «al badroun» et «al ghlila», deux tenues ancestrales témoins du raffinement et de la qualité de vie des temps passés. Les quatre artistes veulent aussi en faire un style de vie quotidien qui sera revisité et adapté par rapport aux exigences du style de vie contemporain, sans, toutefois, affecter son originalité. L’art et la mémoire culinaire algérienne était également au rendez-vous. Les gâteaux présentés lors de cette soirée sont témoins de la longue histoire de l’Algérie dans ce domaine.
Le tcharek, un gâteau en forme de croissant, symbolise la nation musulmane d’où l’appellation jadis du «Croissant Fécond». Il symbolise aussi l’islam, la religion des Algériens ainsi que les moments de victoire et de réussite. Makrout al louz est le symbole de la pureté et de la clarté. Mhancha, avec son goût spécial, est un gâteau omni-présent dans toutes les célébrations algériennes. Il symbolise la joie et le bonheur éternel. Enfin, al charbat algérienne, la boisson au citron, fleur d’oranger et bâtons de cannelle, est considérée porteuse de chance et de bénédiction.
Cette rencontre a été un «voyage» à travers le temps, un peu comme des contes des mille et une nuits algériennes. Les senteurs de la fleur du jasmin ont embaumé les lieux.
«Cette fleur est toujours présente dans mes œuvres artistiques. Elle symbolise la femme par excellence», nous a expliqué l’artiste plasticienne Fazi Bouaouni.
Cette célébration regroupant plusieurs traditions et coutumes algériennes marque le début d’un mouvement artistique visant à promouvoir et faire connaître l’histoire culturelle du pays, à travers une représentation visuelle et artistique du patrimoine culturel, matériel et immatériel algérien.
Pour Fazi Bouaouni et les trois autres artistes : «Al Mahroussa» est née et sera au rendez-vous à chaque fois pour raconter l’histoire d’un riche patrimoine culturel algérien dont les racines sont si profondes que nul ne pourra les déraciner !»
Kader B.