Algérie

Une incapacité arabe structurelle La mèche syrienne atteint Ghaza



Une incapacité arabe structurelle                                    La mèche syrienne atteint Ghaza
Ceux qui doutaient d'un débordement régional du conflit syrien ont eu tort de sous-estimer les enjeux internationaux de l'affrontement militaire qui oppose depuis plus d'un an et demi le régime de Bachar al-Assad à son opposition armée, principalement conduite par les islamistes. Lakhdar Brahimi, médiateur de l'ONU, n'a eu de cesse de le répéter depuis sa désignation pour une mission quasiment impossible au regard des enjeux qu'elle focalise.Alors que l'agression israélienne sur l'enclave de Ghaza boucle aujourd'hui sa première semaine, tout indique que ce dernier remake sanglant s'inscrit pleinement dans le nouveau contexte sécuritaire régional, exacerbé comme jamais par l'installation dans la durée du conflit syrien. On peut s'attacher, comme le font avec professionnalisme les agenciers au décompte macabre, quotidien, des victimes de la nouvelle guerre déclenchée par le Premier ministre israélien. C'est nécessaire, mais il est manifeste que ce n'est pas ce qui peut remuer les consciences des grandes capitales occidentales qui ont un pouvoir d'agir sur l'Etat hébreu. Comme à leur habitude, en dehors d'inutiles chassés-croisés diplomatiques et de déclarations de bonnes intentions, elles n'ont rien à offrir aux Palestiniens de Ghaza, qui meurent chaque jour sous les bombes israéliennes. Mais leurs diplomates défilent quand même à El-Qods et Ghaza, simple pèlerinage pour porter la bonne parole. Hier, l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, et le ministre allemand des Affaire étrangères, Guido Westerwelle, étaient attendus à El-Qods. Pour sa part, et pour faire bonne mesure, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El Arabi, doit se rendre aujourd'hui à Ghaza à la tête d'une délégation ministérielle. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, n'est pas en reste. Lui aussi est attendu aujourd'hui dans l'enclave palestinienne. La diplomatie française, particulièrement active dans la région depuis le conflit syrien, marque sa présence. Son chef,
Laurent Fabius, était dimanche à El-Qods et sa déclaration, à l'issue de sa visite, a de quoi laisser pantois : «Les responsabilités sont partagées.» Renvoyant les deux parties dos à dos, Laurent Fabius déplore «les roquettes tirées depuis Ghaza autant que les attaques extrêmement meurtrières qui sont portées contre les Ghazaouis», n'omettant pas, au passage, d'invoquer «le droit à la sécurité d'Israël». Pour le ministre français, il ne fallait pas rater l'occasion de se démarquer des Etats-Unis, pour qui le conflit actuel a été provoqué par le seul mouvement palestinien Hamas.Inutile pèlerinage : à ce jeu de pousse ballon diplomatique, le Premier ministre israélien ajoute une passe aux poncifs du dribble. Bien entendu, Netanyahu affiche sa préférence pour une solution diplomatique. Mais il prévient aussitôt, qu'en cas d'échec' «nous pourrions ne pas avoir d'autre choix que d'envoyer des troupes au sol». Dans un discours très menaçant, prononcé dimanche, il a déclaré qu'Israël était prêt «à faire payer un lourd tribut au Hamas et à étendre significativement son opération militaire». Voilà qui a le mérite de la clarté et permet de comprendre à quoi va servir l'impressionnant déploiement de blindés et de troupes massés aux frontières avec Ghaza. Quant à l'activisme diplomatique égyptien et tunisien (leurs représentants ont fait le pèlerinage de Ghaza), mieux vaut ne pas en parler.Netanyahou a besoin de l'ouverture d'un front avec Ghaza pour deux raisons essentielles, contre lesquelles les bons offices des uns et des autres ne peuvent pas grand-chose. D'abord, il y a l'approche des élections législatives (22 janvier 2013) et, dans cette perspective, les raids contre la bande de Ghaza ont pour objectif de (re) mobiliser l'électorat de Netanyahou. Pour Abou Sâada, professeur de sciences politiques à l'université de Ghaza, «Netanyahu veut se présenter devant l'électorat en disant : ''J'ai tué Jaabari, l'ennemi numéro un d'Israël, le commandant du Hamas''», un peu à la manière d'Obama qui a capitalisé l'élimination de Ben Laden. De plus, la situation économique et sociale le desservant, la guerre est un événement irremplaçable pour changer la donne.La deuxième raison, aussi importante sinon plus que la précédente, tient à la situation, nouvelle, qui découle de la crise syrienne. Il est certain que, par delà le fait qu'il ne déplairait pas au régime de Damas d'impliquer Israël, le Premier ministre israélien se prépare à une extension du conflit par une guerre préventive contre Ghaza. Il s'agit, dans ce cas, de sécuriser, voire neutraliser le flanc ouest d'Israël en prévision d'une confrontation plus large avec l'Iran, le Hezbollah libanais, la Syrie au niveau du plateau du Golan...On est donc bien dans une extension du conflit syrien et une grande confrontation en gestation, qui naîtra de toutes les contradictions arrivées à maturité dans la région.
A. S.

Chronologie de la terreur
l 20 janvier 1996 : Yasser Arafat est élu président de l'Autorité palestinienne.
l 24 avril : le CNP (Parlement palestinien en exil), réuni pour la première fois en Palestine, élimine de sa charte les articles mettant en cause le droit à l'existence de l'Etat d'Israël.
l 29 mai : les Israéliens élisent comme Premier ministre Benyamin Netanyahu, chef de la droite nationaliste, opposé aux accords d'Oslo.
l 24 septembre : grave provocation d'Israël, qui ouvre un tunnel sous l'Esplanade des Mosquées à El-Qods. 70 manifestants palestiniens sont tués.
2002
l 29 mars 2002 : la Mouqataa, le quartier général d'Arafat à Ramallah, est partiellement détruit et le leader palestinien isolé du reste du monde.
2004
l 11 novembre 2004 : mort de Yasser
Arafat à Paris, où il était hospitalisé
depuis le 29 octobre. Sa dépouille est inhumée à Ramallah, après des funérailles au Caire.
2005
l 9 janvier 2005 : élection de Mahmoud Abbas au poste de président de l'Autorité palestinienne.
2006
l 27 juin 2006 : le Hamas accepte de signer le document d'«entente nationale» reconnaissant implicitement l'existence d'Israël.
l 29 mars 2006 : le gouvernement du Hamas prête serment. Début des accrochages entre le Hamas et le Fatah.
2007
l 15 juin 2007 : le Hamas prend militairement le contrôle de Ghaza après la reprise des affrontements entre les milices des deux camps. C'est la fin du gouvernement d'union nationale auquel les Etats-Unis et Israël étaient opposés.
l 28 octobre 2007 : Israël impose des sanctions économiques à la bande de Ghaza décrétée «entité ennemie».
2009
l 3 janvier 2009 : début de l'offensive terrestre à Ghaza. En trois semaines, elle fera
1 330 morts palestiniens, dont plus de
430 enfants, et 5 450 blessés, selon les services médicaux palestiniens. Côté israélien, 10 militaires et 3 civils sont tués.
2010
l 19 janvier 2010 : assassinat à Dubaï d'un chef militaire du Hamas. La police de Dubaï met directement en cause le Mossad et ses assassinats ciblés.
l 31 mai 2010 : neuf personnes sont tuées dans l'abordage d'une flottille internationale de soutien à la population de Ghaza, par un commando israélien.


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