Algérie

Une impuissance libyenne



En se penchant sur les récents affrontements qui ont secoué, une fois de plus, la capitale libyenne tributaire de milices rivales soutenant ou le gouvernement d'union de Abdelhamid Dbeibah, né du FDPL initié par la médiation onusienne en 2020, ou celui de Fathi Bachagha, désigné par le Parlement basé à Tobrouk et soutenu par le maréchal Khalifa Haftar, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas manqué de condamner ces combats et, tout en exhortant au calme, à réitérer qu'il n'y a pas de solution militaire» à la crise en Libye. Dans leur communiqué, les 15 membres du Conseil de sécurité ont condamné les violents affrontements survenus à Tripoli, capitale libyenne, le 27 août, et ayant entraîné environ 200 morts et plusieurs centaines de blessés, dont un grand nombre de civils. Le Conseil a en outre insisté sur la nécessité d' «éviter toute violence ou autre action qui pourrait aggraver les tensions et saper le processus politique ou l'accord de cessez-le-feu conclu en octobre 2020», processus qui, affirme-t-il, «devrait être mis en oeuvre dans son intégralité, y compris par le retrait de toutes les forces étrangères, combattants étrangers et mercenaires du pays sans plus tarder». Aussi appelle-t-il une nouvelle fois toutes les parties prenantes au conflit à «trouver une voie pour organiser des élections présidentielle et législatives dès que possible, de manière transparente et inclusive, par le dialogue, le compromis et un engagement constructif».Si toutes ces observations peuvent paraître purement formelles et ont peu de chance de provoquer un quelconque bouleversement de la donne sur le terrain de la confrontation entre l'Est et l'Ouest libyen où les mêmes causes provoquent encore et toujours les mêmes effets, le fait que le Conseil de sécurité demande au secrétaire général de l'ONU, dans le sillage de ces recommandations, de nommer immédiatement un représentant spécial pour la Libye constitue un progrès manifeste, d'autant que les 15 membres semblent s'être déjà entendus sur la personnalité idoine, à savoir le Sénégalais Abdoulaye Bitali. Or, les dirigeants libyens de la Tripolitaine (capitale et Misrata) ont exprimé des réserves quant à ce choix, dont le Conseil de sécurité se dit convaincu qu'il reflète « l'importance d'un processus de réconciliation et de dialogue national inclusif et global visant, entre autres, à former un gouvernement libyen unifié capable de gouverner tout le pays et représenter l'ensemble du peuple libyen».
Dans un tel contexte, l'appel à la retenue et les exhortations «à mettre en avant les intérêts de leur pays et de leur peuple» pas plus que celles relatives à la résolution de «leurs différends par des moyens pacifiques» ont très peu de chance d'être entendus par les principales parties libyennes rivales alors que la crise que traverse la Libye entre dans sa onzième année et que le fragile cessez-le-feu conclu par le comité militaire mixte 5+5, à Genève, fin 2020, est sous le feu des tentatives de sabordage des personnalités politiques déterminées à maintenir le statu quo largement profitable à leurs intérêts personnels et à ceux de leurs mentors étrangers, au grand désespoir d'un peuple libyen impuissant.


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