Algérie

Une imprimante de onze milliards, pour rien !



Une imprimante de onze milliards, pour rien !
Dans un espace réservé aux personnes non-voyantes, à la bibliothèque nationale d'El-Hamma, nous avons rencontré Dahmane. Responsable de l'espace, il a perdu la vue à l'âge de deux ans. Ce bachelier en maths, manipule un PC. Lorsque son mobile sonne, il commence à expliquer, à son interlocuteur, comment installer et faire fonctionner un programme antivirus, sans le recours à un voyant. Dans cet espace, Dahmane assiste les non-voyants à l'installation et l'utilisation de Jaws (logiciel qui transforme un texte affiché sur un écran en un texte oral) et le TTS (talking test system). «Le fonds de cet espace est insuffisant.?60%du fonds est une donation constituée de littérature et langue française», dit-il. Peut-on trouver une documentation scientifique en braille, dans cet espace?' «On nous a fait comprendre qu'on ne peut faire des filières scientifiques», ironise-t-il. Et de nous informer?qu'il existe «un non-voyant docteur en physique énergétique, à Béchar. Nous, on n'a pas la notion de couleurs...» «C'est l'Algérien qui est limité qui fait comprendre aux non-voyants qu'ils sont limités», commente-t-il. A travers les discussions que nous avons eues avec les non-voyants, nous avons, en outre, appris qu'aucun manuscrit en braille n'est disponible pour les lycéens. Et pourtant, une unité d'impression existe au niveau de l'ONSP (Office national des publications scolaires). Cette imprimante ayant coûté 11 milliards de centimes est déposée dans un centre de formation relevant du ministère de l'Education nationale. Elle ne sert donc plus à rien. La preuve, est que les élèves non-voyants, notamment à l'intérieur du pays, sont privés de manuels scolaires. «Il y a un dysfonctionnement entre les ministères?de l'Education nationale et de la solidarité nationale», nous explique-t-on. Dans cet espace nous avons rencontré Nabil, un étudiant en troisième année LMD en droit. Il vient de Dergana. Cet étudiant déplore, de son côté, l'inexistence de la documentation en braille, dans l'enseignement supérieur. Cette situation le rend dépendant des autres.?«Ce sont les livres de l'enseignement supérieur qui manquent. J'achète des polycopies, on me les dicte et je les transcris en braille .Comme ça, je perds beaucoup de temps. Au lieu d'apprendre directement, je me trouve en train de transcrire...», confie-t-il.




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