Une impasse terrible

La crédibilité de l'Etat se mesure à la continuité de ses grandes politiques, plus particulièrement quand se produisent des alternances. Mais voilà qu'il a suffi de revendications d'emplois et de salaires dans une région considérée spécifique par rapport à notre étranger proche pour qu'il apparaisse sous un visage différent. L'urgence, une urgence particulière, imprime le style de gouvernement et de prise de décision.
Tout est urgent, il faudrait satisfaire les demandes qui sont légitimes et pressantes, mais il y a des lignes rouges à tracer et à ne pas dépasser. Les tripartites et bipartites ne sont plus convoquées. Quand il avait fallu augmenter les députés, il n'avait pas été question d'indexation sur la productivité ni de concertation rendue publique avec la Fonction publique ou de négociation. Les «représentants» du peuple font la loi qu'ils veulent pour les autres et font celles qu'ils veulent pour eux-mêmes. Depuis également l'unanimité qui s'est dégagée dans leurs rangs pour exiger une augmentation de l'indemnité de logements (70 000 DA étant pour eux de l'argent de poche), la classe politique a perdu toute sa crédibilité ; celle qui lui reste : une crédibilité résiduelle. Le gouvernement se présente ainsi tout seul face aux populations. Il n'est plus aidé par les élus. Si les populations ne font plus confiance en leurs élus, comment feront-elles confiance à un gouvernement qu'elles n'ont pas élu ' Il se présente une terrible impasse. Terrible, car il est impossible de réaliser, face aux urgences, autant d'emplois en peu de temps, autant de logements en peu de temps, et terrible car des demandes insatisfaites, autant de demandes sur tout, finissent toujours par revêtir une couverture politique.