Algérie

UNE IMAGE NON FAUSSEE


Encore la Tunisie ' Et pourquoi ne serait-ce pas le cas ! Après tout, c'est une première maghrébine et arabe si l'on excepte le trop particulier Liban , cette vraie et bonne élection. Peut-on ne pas parler encore et encore des voisins, quand des urnes incertaines - et donc vraies - finissent par donner une image qui n'est pas faussée du pays ' Et avec un niveau de participation aussi élevé, on peut dire que l'ensemble de la société a bougé et s'est senti concerné. Ces urnes sont neuves et c'est pour cela que les Tunisiens y ont senti du sérieux et s'y sont investis tout aussi sérieusement.
Cette implication des électeurs est à mettre au compte de la classe politique tunisienne. Les femmes et les hommes qui la composent ont su, dans leur diversité et dans leurs divergences, convaincre les citoyens qu'ils peuvent peser sur les choix de leur pays. La sincérité des larmes et de la colère de ceux qui n'ont pu, pour des raisons légales, participer au vote n'est pas à mettre en doute. Il y a eu un triomphe historique de la démocratie dans un pays arabe et maghrébin et ils auraient aimé en faire partie. Ceux qui focalisent sur la victoire, relative, des islamistes ratent la véritable grandeur de l'évènement. Il faut le leur rappeler et le marteler : c'est une élection libre, avec des citoyens libérés. Ce n'est pas une banalité, c'est un renversement.
En attendant qu'elle devienne une banalité, il faut bien prendre la mesure de l'évènement. Des urnes libres ont parlé. Y compris en apportant des surprises. Comme ce parti d'un homme d'affaires faisant clairement dans la démagogie s'est retrouvé à la troisième place. Les électeurs, ruraux en général, se sont trompés peut-être sur le personnage mais ils apprendront à le connaître et à le juger sur pièces. Ils seront mieux avertis au prochain scrutin. Personne ne décidera à leur place. C'est cela l'avantage de la démocratie, personne n'est installé pour l'éternité ; et un élu est comptable de ce qu'il fait, de ce qu'il dit et des promesses. Rendre des comptes est l'apanage des démocraties, c'est son absence qui mène les pays non démocratiques à la ruine.
On peut donc dire, sans grandiloquence, qu'un grand bouleversement est en train de s'opérer. On a tellement vécu et on le vit encore dans des formes de représentation politique biaisées qu'on ne peut que ressentir la fraîcheur d'une élection renvoyant une image non tronquée de la société. Bien entendu, cette image non tronquée met mal à l'aise ceux qui sont installés dans leur certitude. Le camp dit moderniste en Tunisie a été tenu en échec car la réalité sociologique, longtemps brimée par le système policier, s'exprime librement. Elle casse les images cartes-postales. Elle restitue l'image duale d'une Tunisie à majorité rurale et d'une Tunisie côtière plus développée.
Cette Tunisie profonde, qui s'exprimait parfois dans la colère et la répression comme dans le bassin minier de Gafsa, est désormais là. Elle pèsera par ses choix et son poids électoral sur le devenir du pays. Pendant des décennies, la représentation factice incarnait l'image du pays telle que souhaitée par le régime. Pour la première fois, le système politique va correspondre au désir de la société. Et, bien entendu, le fait que cette société des électeurs libres ait la possibilité de changer les gouvernants à la prochaine élection en fonction de leur bilan est un prodigieux progrès. La Tunisie est le premier pays arabe qui se remet politiquement à l'endroit : c'est la société qui choisit ses dirigeants et qui les renvoie. Pas l'inverse.
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