Algérie

Une icône immortelle



Un monument de la chanson algérienne s'en va! Rabah Driassa est décédé, hier, à l'âge de 87 ans. Né le 19 août 1934 à Blida, le «Johnny algérien», comme aimaient l'appeler beaucoup de ses fans, a bercé bien des générations. Il laisse, derrière lui, un patrimoine musical indémodable avec des chansons qui ont traversé le temps.D'ailleurs, le hasard de la vie a voulu qu'il tire sa révérence le jour d'un match de l'Equipe nationale de football à laquelle il a dédié, en 1982, un titre devenu culte. Mabrouk Aalina Hedi el bidaya a accompagné les Verts dans tous leurs exploits depuis l'épopée de Gijón. Ce qui peut être considéré comme l'hymne officiel de l'EN est chanté en choeur par des millions d'Algériens à chaque victoire du Onze national. Elle avait une «saveur» particulière, hier, avec le grand voyage de son interprète, auteur et compositeur. Elle tournait dans toutes les têtes comme, d'ailleurs, la majorité de la discographie de ce grand chanteur.
Il est de la race de ces ténors dont on ne peut pas s'empêcher de fredonner, à longueur journée, les notes de ses musiques aux fortes émotions. On peut citer, entre autres, Yahya Wlad bladi, Hizia, El Goumri, El Aouama, ou encore Qoulou Laha Al Momarida. Son dernier album, intitulé: Farhat Lhadja, date de 2002. Il a connu autant de succès que les précédents. Cela grâce aux belles sonorités avec des paroles très profondes qui, souvent, traitent de grands problèmes de société. En fait, Rabah Driassa a créé son propre genre musical mêlant des types aussi différents que l'alaoui et le sahraoui. Mais il faut savoir que le «Rossignol de l'Algérie» avait longtemps hésité avant de faire découvrir sa voix majestueuse au public. Il a commencé sa carrière dans la chanson, en 1953, en écrivant des chansons pour la plupart des vedettes de l'époque. Ce n'est que quelques années après qu'il décide de tenter sa chance dans la fameuse émission radio écrite et présentée par M.E. Hachelaf, intitulée «Men kouli fen chouia» et dans tous les galas qu'organise la radiodiffusion d'Alger à la salle Ibn Khaldoun. Il est remarqué par des maîtres célèbres de la chanson algérienne, tels que Mustapha Skandrani, Abderrahmane Aziz, Mustapha Kechkoul, etc. Voyant en lui une «star» en devenir, ils décident de l'accompagner et le pousser vers le succès. Ce qui n'a pas tardé à arriver. Il enregistre plusieurs 45 tours, qui ont une grande réussite commerciale, auprès de grandes maisons de disque. Son triomphe dépasse vite les frontières et il devient un chanteur international réclamé par les publics du monde entier, notamment des pays arabes. Il participe à différentes tournées à la demande de la communauté algérienne en Europe, pour fêter avec lui la joie de l'indépendance de l'Algérie. Très vite, il se retrouve dans la peau de l'ambassadeur de la chanson Algérienne. Il participe à toutes les semaines culturelles de l'Algérie organisées dans les pays amis: Irak, Egypte, Syrie, Koweït, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Liban, ainsi que les pays voisins le Maroc, la Libye et la Tunisie. Il est sollicité pour animer un récital au Festival international de Carthage, où sa chanson Nedjma Kotbia, reçoit un grand succès. Son ascension connaît son apogée en 1975.
Le directeur de l'Olympia fait appel à lui pour ouvrir une série de galas consacrés aux vedettes du Monde arabe. C'était de la pure folie devant un public entièrement conquis. Dans les années 1990, il passe la relève à son fils, «Abdou», qui reprend les succès de son père. On a même eu droit à des duos magiques, qui ont apporté de la joie aux coeurs des Algériens qui faisaient face à une décennie noire. Cela, avant de profiter de sa paisible retraite s'adonnant à son autre passion qui est la peinture. Car, ce que beaucoup ne savent pas, Rabah Driassa, était aussi un grand peintre. Il a fait plusieurs vernissages, notamment au Palais de la culture Moufdi Zakaria. Adieu l'artiste!
Le président Tebboune: «L'Algérie perd une icône nationale»
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a présenté ses condoléances à la famille artistique ainsi qu'à la famille du défunt Rabah Driassa, décédé hier matin. Le chef de l'Etat a affirmé que l'Algérie a perdu «une icône nationale» et «une étoile qui a brillé des décennies dans le ciel de la chanson engagée». «L'Algérie perd en l'artiste Rabah Driassa, une icône nationale et une étoile qui a brillé, des décennies, dans le ciel de la chanson engagée et qui a été une source de joie et de bonheur pour des générations d'Algériens, se hissant au rang de star internationale», a tweeté le président Tebboune. «Je présente mes sincères condoléances et exprime ma profonde compassion à sa famille ainsi qu'à l'ensemble de la famille artistique algérienne. À Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons», a ajouté le président de la République.


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