Les médias britanniques ont qualifié hier d'«humiliation» pour le Premier ministre Boris Johnson la défaite de son parti conservateur lors d'une législative partielle en Angleterre, y voyant un «cauchemar avant Noël». Ce scrutin dans le North Shropshire, circonscription très rurale du centre de l'Angleterre acquise de longue date aux conservateurs, a été remportée par les libéraux-démocrates avec 47% des suffrages. L'élection avait des allures de référendum pour le dirigeant conservateur de 57 ans visé par des scandales, qui en ressort encore plus affaibli. Pour le quotidien conservateur Telegraph, ce «résultat choc» représente une «humiliation» pour Boris Johnson dont le parti tenait la circonscription depuis plus de vingt ans. «L'effondrement calamiteux du soutien aux conservateurs (...) va effrayer de nombreux députés conservateurs et risque de soulever des questions sur l'avenir de Johnson», note le quotidien de gauche The Guardian. «Ce résultat ajoute une peu plus de pression sur le Premier ministre, qui a déjà enduré des semaines douloureuses à Westminster», renchérit le Times. La révélation d'événements festifs à Downing Street à l'hiver 2020, alors que les Britanniques étaient soumis à de fortes restrictions pour lutter contre la pandémie de coronavirus, a ébranlé la popularité de Boris Johnson. S'y est ajoutée jeudi la révélation par les journaux The Guardian et The Independant d'une apparition de Boris Johnson à un pot à Downing Street le 15 mai 2020, malgré les restrictions sanitaires. Ces affaires tombent au plus mal pour M. Johnson, au moment où le Royaume-Uni est confronté, selon ses termes, à un «raz-de-marée» de contaminations dues au variant Omicron du coronavirus dans un pays qui déplore près de 147.000 morts. Sa crédibilité fragilisée, il a peiné mardi au Parlement à faire accepter de nouvelles restrictions anti-Covid. Pour le Daily Mail, Boris Johnson vit un «cauchemar avant Noël» et la défaite révèle le «niveau élevé de fureur publique contre le Premier ministre». «Les électeurs du North Shropshire en ont eu marre», a reconnu, hier, sur SkyNews le président du Parti conservateur Oliver Dowden. Je pense qu'ils voulaient nous envoyer un message et (...), nous l'avons bien entendu». Le parti libéral-démocrate britannique, rival des conservateurs de Boris Johnson, s'attend à remporter «confortablement» dans la nuit de jeudi à vendredi une élection législative partielle en Angleterre, annonçant une défaite lourde de conséquences pour le Premier ministre britannique.»Nous n'allons pas seulement gagner, nous allons gagner confortablement», a déclaré sur la chaîne Sky News la députée LibDem Christine Jardine. Un porte-parole du parti a lui salué une nuit «incroyable pour les Libéraux-démocrates et un désastre pour Boris Johnson».Les électeurs sont appelés aux urnes pour choisir le successeur du député Owen Paterson, en poste depuis 1997, qui a dû démissionner pour une affaire de lobbying. Aux dernières législatives de 2019, il avait obtenu 62,7% des suffrages et une confortable majorité de presque 23.000 voix. Mais, cette fois, le scrutin est loin d'être une simple formalité pour le Parti conservateur de Boris Johnson, entouré par les scandales. Boris Johnson était venu à la rescousse de M. Paterson en tentant de modifier les règles disciplinaires du Parlement, avant de reculer face au tollé jusque dans son propre camp. Ce scandale, qui s'inscrit dans une longue série d'affaires embarrassantes - des accusations de corruption dans son parti à celles de violations des restrictions sanitaires - ont fragilisé Boris Johnson. Jeudi soir, le Daily Mirror a révélé la tenue d'une fête de Noël l'an dernier au ministère des Transports, au mépris d'un resserrement des restrictions entré en vigueur le jour même. Le ministre Grant Shapps n'avait «aucune idée» de ces festivités, selon son porte-parole cité par le journal, tandis que le ministère a présenté ses excuses et dénoncé une «erreur de jugement». Camouflet ultime, il a affronté une fronde inédite de sa majorité: 99 députés ont voté contre l'instauration d'un pass sanitaire pour les grands événements, jugée liberticide, mesure finalement adoptée grâce aux voix... de l'opposition travailliste. Face au mécontentement grandissant des Tories, qu'une défaite électorale jeudi viendrait renforcer, Boris Johnson se trouve dans une position de plus en plus précaire. Le Parti conservateur pourrait organiser un vote de défiance à son encontre, en vue de le remplacer à la tête de l'Exécutif.
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Posté Le : 18/12/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com