Une hausse jugée incompréhensible: Les cigarettes plus chères

La hausse forte et inattendue des prix des cigarettes a coupé le souffle aux fumeurs. Au début de ce mois de septembre 2023, les prix des cigarettes ont enregistré, chez les grossistes, une hausse atteignant 20 dinars par paquet, sur certaines marques, y compris le tabac à chiquer.Auprès des buralistes, c'est une autre folie qui s'est emparée des prix des cigarettes. Chacun fixe le prix qui lui convient, certains répercutent la même hausse enregistrée chez les grossistes alors que d'autres rajoutent jusqu'à 10 dinars pour leur propre compte.
Une véritable pagaille des prix qui désoriente totalement les consommateurs. « Maintenant, on est obligé de demander le prix du paquet de cigarettes avant de l'acheter, car d'un buraliste à un autre, parfois à quelques mètres l'un de l'autre, le prix change, et pas de quelques centimes », nous a déclaré un fumeur, qui a trouvé pour amortir cette hausse des prix en allant directement acheter ses cigarettes chez le grossiste.
Et, il y a aussi le souci de la perturbation des approvisionnements des buralistes, qui commencent à manquer de cigarettes. Au niveau de certaines wilayas, les cigarettes sont non seulement plus chères, mais elles se font également plus rares. A Alger et à Oran, la pression sur les cigarettes se fait ressentir. « Certains buralistes à Alger ont épuisé leurs stocks et n'ont plus de cigarettes à vendre », nous ont appris des habitants de ces deux wilayas. Pour s'approvisionner, ils sont obligés de chercher dans des régions lointaines et, bien évidemment, ils répercutent le prix de revient (charges de transport notamment) sur le consommateur. Cette rareté des cigarettes, autant que la hausse de leur prix, restent inexplicables en l'absence de toute communication. Dans toute cette effervescence, personne n'arrive à expliquer quoi que ce soit. Des grossistes contactés par nos soins, nous ont assuré qu'ils ne comprennent rien à ces augmentations. « C'est vrai qu'on s'attendait à une hausse durant la saison estivale, mais passée cette période, on a cru que les prix resteraient en l'état, et qu'on n'irait pas vers une hausse des prix en pleine rentrée sociale », nous a confié un grossiste de tabacs.
Ce n'est pas une grosse surprise pour d'autres, car les prix des cigarettes sont appelés à augmenter plus encore à l'avenir, affirme-t-on. Les fabricants de cigarettes de marques étrangères, principalement, n'ont jamais caché qu'ils aspirent à aligner les prix avec ce qui se pratique sur le marché dans d'autres pays, où les cigarettes ne sont pas épargnées par des hausses successives. A la différence près qu'ailleurs, la qualité du tabac est bien meilleure, et toute augmentation touchant ce produit ne manque pas de susciter le débat public, avec l'intervention de responsables gouvernementaux pour expliquer les raisons et les visées de la hausse des prix des cigarettes.
Chez nous, c'est le flou total qui entoure ce marché juteux, où le plus simple et abordable des trafics, pratiquement sans aucun risque, rapporte gros. On nous a confié, dans ce sens, que des grossistes et des buralistes, convaincus que les hausses des prix des cigarettes sont devenues régulières, stockent de côté deux ou trois cartons de cigarettes à chaque approvisionnement, et ils ressortent toute la marchandise au bon moment, dès qu'il y a une augmentation des prix, pour l'écouler selon le nouveau tarif avec un ancien prix d'achat et gagner entre 300 et 400 millions par an dans ce petit jeu.
C'est pour cela qu'il est important de ne pas permettre des hausses de prix successives dans ce domaine particulièrement (les produits du tabac se conservent pour une longue durée dans de bonnes conditions), si on veut, bien sûr, éviter de faire le jeu des spéculateurs, estiment des connaisseurs de ce marché. Ajoutant que la seule hausse qu'on comprend bien est celle qui est appliquée en parallèle, à l'entrée en vigueur des Lois de Finances, et des nouvelles taxes sur le tabac qui y sont inscrites, de plus en plus élevées, mais en dehors de cette clarté, toute autre hausse reste difficile à déchiffrer. C'est acceptable quand le gouvernement augmente les taxes de tabac, dans un cadre de contribution à la prise en charge des maladies qui découlent de la consommation de la cigarette, dont les cancers de poumons et les pathologies cardiovasculaires, et pour pousser également les fumeurs à réduire leur consommation ou s'en abstenir carrément, pour ceux qui ont la volonté de le faire, en frappant directement dans leurs poches, mais quand la hausse intervient hors de ce cadre, elle ne profite qu'à la chaîne commerciale des produits tabac.