Algérie

Une hausse démesurée: Les prix des cigarettes font encore jaser



C'était attendu, la hausse des prix des cigarettes a été au rendez-vous en ce début d'année 2025. Mais le taux fort de la hausse, atteignant jusqu'à 40 dinars pour certaines marques chez les grossistes, n'a pas manqué de surprendre les fumeurs. En conséquence, le paquet de Marlboro est écoulé chez le buraliste entre 430 et 440 dinars, les Gauloises à 390, soit 40 dinars en plus du prix chez le grossiste (respectivement 400 et 360 dinars), ce qui est très au-dessus de la marge bénéficiaire.

En somme, le marché de la cigarette subit la voracité de certains commerçants, qui arrivent à amasser une petite fortune en quelques jours en jouant sur les hausses illicites par paquet, qui se chiffrent en millions de dinars quand il s'agit d'écouler cette marchandise par centaines de cartouches. «D'ailleurs, on ne sait même pas si les prix pratiqués par les buralistes et les grossistes sont autorisés par l'Etat ou décidés de leur propre chef ?», s'interrogent des consommateurs, qui rappellent que la hausse en ce début d'année vient s'ajouter à une autre décidée en juillet 2024. En un semestre, la hausse des prix des cigarettes atteint les 60 dinars ! Tout ce qu'on sait, c'est que la loi de finances 2025 a introduit plusieurs mesures, dont celle concernant les bénéfices des sociétés de fabrication de tabacs installées en Algérie, qui doivent s'acquitter d'un impôt supplémentaire sur leurs bénéfices de 20% pour les fabricants de tabac à priser et/ou à mâcher, et un taux de 31% pour les fabricants de tabac à fumer, y compris la cigarette électronique et le narguilé.

En sus de la hausse de la taxe additionnelle sur le tabac. Des mesures qui vont renflouer les caisses du Trésor public, créant des revenus supplémentaires estimés à 1.800 milliards de centimes. Mais est-ce que cela autorise ou justifie des hausses de prix de 40 dinars par paquet de cigarettes ? «C'est le double de la hausse qu'on a l'habitude de voir au début de chaque année», fait constater un fumeur. Et aucune explication n'est avancée dans ce sens ni par les buralistes ni par les grossistes. Les premiers affirment qu'ils ne font que répercuter la hausse de la vente en gros, et les seconds soutiennent qu'ils suivent la tendance à la hausse des prix fixés par les fabricants. Des explications entourées d'un flou artistique, puisque aucune partie ne donne les nouveaux prix des produits tabagiques d'une façon claire. Il y a quelque mois, suite aux pressions des services de contrôle des prix des cigarettes, les grossistes ont été contraints d'afficher les prix de toutes les marques de cigarettes, mais cela n'a pas trop duré, puisque les affiches en question ont été retirées par la suite.

Un retour à l'affichage des prix de toutes les marques de cigarettes au niveau des grossistes et des buralistes est indispensable pour clarifier la situation. «Qu'on sache au moins que ces prix sont autorisés par l'Etat», a déclaré dans ce sillage un consommateur. Si la LF 2025 a renforcé la surveillance du marché des cigarettes, imposant aux distributeurs d'obtenir un agrément délivré par le Directeur Général des Impôts, avec obligation de s'approvisionner uniquement auprès de fabricants agréés, de tenir un compte-matières de leurs produits et de soumettre un état trimestriel de leurs ventes, garantissant ainsi la transparence et la régularité dans la distribution des produits tabagiques, c'est sur le terrain qu'il faut mettre de l'ordre rapidement en commençant par l'obligation de l'affichage des prix officiels des cigarettes.

Reste que selon les avis des ‘anti-tabacs', la hausse des prix des cigarettes est plus que légitime. Ces derniers considèrent «acceptable» la hausse des taxes de tabac, sinon qu'elle doit être plus conséquente dans un cadre de contribution à la prise en charge des maladies qui découlent de la consommation de la cigarette, dont les cancers de poumons et les pathologies cardiovasculaires. Et pour inciter également les fumeurs à réduire leur consommation ou s'en abstenir carrément, pour ceux qui ont la volonté de le faire, estime-t-on. Personne ne peut nier ces arguments, mais cela n'est pas une raison pour laisser le marché à la merci des racketteurs.




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