Une harmonie humaine et culturelle en plein essor Au-delà des frontières...

Publié le 22.11.2023 dans le Quotidien l’Expression

L'émergence de nombreux couples mixtes algéro-turcs est le symbole d'un renouveau dans les rapports humains.
Les relations sont plus que commerciales entre les deux pays...
Historique et désormais... apaisée! Dans les méandres du temps, la relation entre la Turquie et l'Algérie trouve ses racines dans l'Empire ottoman. À l'époque, la régence d'Alger était sous le contrôle partiel de l'Empire turc, un lien qui a perduré jusqu'à la colonisation française. Cependant, les temps ont changé et la dynamique entre les deux nations a évolué de manière significative. Les relations entre la Turquie et l'Algérie ont connu des périodes de normalisation, bien qu'elles n'aient pas atteint une profondeur particulière. Cependant, avec l'avènement du leadership d'Erdogan, une transformation notable s'est opérée. Alger et Ankara ont rapproché leurs liens au-delà des cadres politique et économique. L'ancienne tension avec l'ancien colonisateur s'est dissipée, laissant place à une relation plus forte que jamais. Les années récentes ont témoigné d'une intensification des échanges humains, symbolisée par l'émergence de nombreux couples mixtes algéro-turcs. Une tendance qui reflète l'attrait croissant entre les peuples des deux nations. Parallèlement, la culture turque a exercé une influence significative sur la société algérienne. Les productions audiovisuelles et les feuilletons turcs, incarnant le «softpower» initié par le président turc, ont trouvé un écho particulier en Algérie. Les styles vestimentaires turcs, en particulier le port du hidjab revisité, ont conquis de nombreux admirateurs algériens, séduits par le modernisme et la légèreté qu'ils incarnent. Le fait que la Turquie soit devenue la reine du textile, alliant qualité prix a beaucoup aidé. Le prêt-à-porter à bon prix venant de Turquie a envahi les étals de nos magasins. Au point où Istanbul est devenu la Mecque de nos «trabendistes». Nos marchés et autres magasins sont inondés de produits de qualité venant de Turquie, offrant ainsi aux citoyens algériens une chance d'adopter le style turc sans grever leur budget.
Les vols commerciaux, fréquents entre les deux pays, qui affichent toujours complet, témoignent de l'intensité de ces échanges commerciaux et informels. Certains quartiers d'Istanbul sont devenus des havres de paix pour les Algériens, où ils peuvent non seulement se procurer des biens à des prix avantageux mais aussi bénéficier des services d'intermédiaires facilitant leurs achats. L'intensité des échanges humains entre la Turquie et l'Algérie s'affirme également dans l'éducation. La langue turque est en vogue dans le pays, notamment dans les écoles privées où elle est la deuxième langue la plus enseignée, après l'anglais. Cette popularité s'explique par le désir croissant de nombreux Algériens de trouver des opportunités professionnelles dans le pays du Bosphore. Émigrer en Turquie est devenu le rêve de beaucoup, et cette aspiration se concrétise de plus en plus. Dans presque chaque quartier ou famille, un membre a fait le choix de travailler ou d'étudier en Turquie. Même pour les études supérieures, les Algériens se tournent de plus en plus vers cette puissance émergente. Ceux qui en ont les moyens n'hésitent pas à envoyer leurs enfants poursuivre leurs études dans ce pays en pleine croissance. Certains y trouvent un emploi stable, tandis que d'autres y établissent leurs familles. Les coûts plus abordables que dans d'autres pays et les facilités accordées, notamment en matière de visas, encouragent cette tendance. La barrière de la langue, bien que présente, est surmontée grâce aux écoles qui enseignent le turc à foison. Les visas, bien que de plus en plus coûteux, ne découragent pas les centaines de milliers d'Algériens qui choisissent de visiter ce pays qu'ils ont découvert derrière leur écran de télévision. Certains optent même pour la Turquie comme destination de voyage de noces, attirés par les lieux magnifiques qu'ils ont découvert à travers les séries télévisées. L'influence culturelle turque s'est enracinée profondément dans la société algérienne. Après «l'effet Mouhand», la mode turque a gagné en ampleur, marquant un tournant significatif dans notre société. Ainsi, des Algériens de tous âges, seuls ou en famille, prennent plaisir à découvrir la Turquie, inspirés par les décors et les atmosphères des séries qui les ont fait fantasmer à travers les productions télévisuelles. Cette fascination se reflète jusque et y compris le choix des prénoms de la nouvelle génération, de plus en plus imprégnés de la culture turque. Anil, Serhat, Usman, Ayline, Zinep, Guzel... prennent doucement la place des traditionnels Kaci, Mohand, Fatma, Batoul,... illustrant de manière poignante l'influence grandissante de la culture turque dans notre société. Bref, on assiste à une véritable mutation culturelle, amorcée il y a plusieurs années, qui gagne en ampleur, tissant des liens culturels et sociaux entre l'Algérie et la Turquie. Les frontières géographiques sont dépassées. Alger et Ankara sont désormais plus proches que jamais...

Walid AÏT SAÏD