Algérie

Une guerre sans fin



Le général américain Stanley McChrystal, commandant des forces internationales, a prévenu que le conflit « ne restera pas gagnable indéfiniment », car « la situation est grave ». Quand le 7 novembre 2001 l'armée américaine envahissait l'Afghanistan et chassait du pouvoir les talibans, tout le monde pensait et même croyait à une guerre éclair, avec au bout une victoire. Sept années et des milliers de morts après, et cela sans compter les victimes afghanes pour lesquelles il n'existe aucune statistique, après, la guerre se poursuit avec plus d'intensité, mais dans le même temps plus personne ne croit à une victoire. La coalition en est encore à chercher une stratégie, mais cela devient un bien grand mot, sinon vide de sens, tant l'heure semble beaucoup plus au désengagement. Mais à quel prix et comment ' Parmi les mieux placés à envisager cette question, le nouveau commandant en chef de l'armée britannique, le général David Richards, alerte contre la « terrifiante perspective » d'une éventuelle défaite des forces internationales en Afghanistan et appuyé les appels à l'envoi de troupes supplémentaires.Au quotidien Sunday Telegraph, le général Richards a indiqué que si l'OTAN ne réussit pas à stabiliser ce pays, le risque pour l'Occident serait « énorme ». Voilà donc quelqu'un, un homme de terrain, qui reprend la question autrement, avec en main des éléments concrets pour son analyse. Et le principal d'entre eux, celui qui semble le plus évident, c'est que l'opposition afghane touche désormais quasiment tout le pays, et non plus quelques poches. Très affaiblis début 2002, les talibans ont aujourd'hui « une forte implantation dans quasiment tout l'Afghanistan », même dans des régions du nord et de l'ouest calmes jusque-là, selon l'International council on security and development (ICOS), un institut de recherche londonien. L'incertitude politique ' les résultats de l'élection présidentielle du 20 août ne sont toujours pas connus ' aggrave la situation, ajoute l'ICOS. Alors que les violences atteignent des records, le général américain Stanley McChrystal, commandant des forces internationales dans le pays, a prévenu que le conflit « ne restera pas gagnable indéfiniment », car « la situation est grave ».Même sentiment chez les Français. Le chef du groupement interarmes de la région Kapisa, au nord-est de Kaboul, souligne que « les pertes subies par les talibans ne doivent pas être considérées comme autant de bulletins de victoire ». Et selon nombre d'analyses qui se rejoignent, les Occidentaux ont déclenché un fort sentiment national, faisant des talibans un élément de cette opposition. Le ressentiment contre les forces étrangères qui tuent des civils, la corruption institutionnelle endémique et les abus de pouvoir des officiels locaux font encore grossir les rangs de l'insurrection. Et pourtant, tout le monde s'accorde à admettre qu'il « n'existe pas de solution miracle », mettant dans une position délicate le président américain qui va devoir statuer sur un nouvel envoi de renforts dans le pays, alors que le commandant des forces de l'OTAN, le général Stanley McChrystal, a envoyé au Pentagone sa requête formelle pour des ressources additionnelles, en hommes et en financements. Dans un rapport gardé secret, le général se plaint du manque de ressources et annonce que la coalition court à l'« échec ». Pour l'histoire, le rapport a été divulgué par le célèbre journaliste du Washington post, Bob Woodward, celui-là même qui avait révélé le scandale du Watergate à l'origine de la démission, en 1974, du président Richard Nixon.C'est le dilemme, comme le révèle l'élection présidentielle d'août dernier et qui n'a pas encore donné de résultat. Et pour cause, quand l'ONU elle-même est accusée d'étouffer un immense scandale, celui de la fraude électorale, alors même qu'il s'agissait de promouvoir dans ce pays la culture de la démocratie. Le président sortant, Hamid Karzaï, n'est pas seulement accusé de bourrage des urnes, son nom étant cité avec insistance dans des affaires de corruption. De grandes villas, appelées « palais de l'opium », se dressent comme autant de preuves de l'argent de la drogue affluant à Kaboul depuis les provinces du Helmand et de Kandahar (sud), estime un ancien diplomate américain à Kaboul. L'ONG de lutte contre la corruption, Transparency International, a placé l'Afghanistan au cinquième rang des pays les plus corrompus. Mais au plan politique, Hamid Karzaï a pris les devants en cherchant à prendre langue avec ses opposants. L'a-t-il fait de son propre chef, ou a-t-il été encouragé en ce sens ' L'idée de dialogue avec des « éléments modérés » date d'au moins une année, mais elle a été rejetée par la partie adverse, encouragée par ses victoires, ou plus simplement par sa présence sur le terrain. Comment alors finir cette guerre qui ressemble à toutes les autres. On sait quand elles commencent'


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