Algérie

Une guerre froide très «com»



Entre la Grande-Bretagne et la Russie, on assiste à unbrusque remake des «gestes» de la guerre froide.L'expulsion de quatre diplomates russes en raison du refusde la Russie d'extrader un ancien espion, Andreï Lougovoï, suspecté del'assassinat à Londres d'un autre ex-espion Alexandre Litvinenko, va sûrementprovoquer des mesures similaires à Moscou. La Russie a déjà qualifié la mesurebritannique d'«immorale» et de «provocante».Ces expulsions interviennent aussi au lendemain de lasuspension par Moscou de sa participation au traité sur les Forcesconventionnelles. On est loin de la bataille feutrée entre l'Est et l'Ouest,racontée de manière admirable par John Le Carré. Le «jeu» aujourd'hui, c'est beaucoupde coups fourrés et de la com, encore de la com. Les pays occidentaux ont déjàinventé «l'inquiétant» M. Poutine, l'homme qui a brutalement liquidé desoligarques qui ont fait main basse sur le pétrole russe du temps d'Eltsine. Cesont pourtant de vrais rapaces, même si la presse occidentale en a fait desmartyrs de la liberté.Poutine, pas démocrate ? Sans doute cela est vrai, maisquand on descend plus bas que le Rio Grande ou au sud de la Méditerranée,beaucoup ne pensent pas que M. Bush et M. Blair soient des modèles dedémocrates et de moralité politique. Par contre, beaucoup constatent froidementque Poutine n'est mauvais à «l'Ouest» que parce qu'il a repris en main lesecteur des hydrocarbures et qu'il exprime une aspiration à faire de la Russieun Etat qui compte. C'est donc une question de rapport de force qu'il cherche àrééquilibrer et cela n'a rien à voir avec la démocratie ou les droits del'homme.Entre ce qui reste de l'Est et cet Ouest qui s'est allongé,on assiste à des tests permanents. On avance ses pions. L'Otan pousse à l'Est,dans des pays dont les dirigeants sont animés par des attitudes revanchardes àl'égard de l'ex-grand frère. La volonté des Américains d'installer un bouclierantimissile, juste sous la fenêtre de Poutine, ne pouvait que susciter unraidissement à Moscou.Les batailles du présent et du futur portent sur l'énergie.Pour l'Ouest, la Russie, ennemi potentiel de toujours, dispose de tropd'atouts. Vu de ce côté-là, le grand crime de Poutine, ce n'est pas letraitement brutal qu'il inflige au Tchétchènes - ces pauvres gens ne comptentpas dans le grand jeu -, mais bien d'avoir cassé les «bons oligarques». Moscou a-t-elle raison de ne pas extrader Andreï Lougovoï ?Bornons-nous à constater qu'en général, les systèmes judiciaires ne prévoientpas l'extradition de nationaux et que les démocraties aussi n'expulsent pasleurs malfrats vers l'étranger. A l'évidence, Poutine ne fait pas plus.Pourquoi donnerait-il un de ses citoyens à un pays étranger, alors que labataille de la communication sur l'affaire Litvenko est directement orientéevers la mise en accusation du président russe ? Les dirigeants russes ne sontpas des anges, les dirigeants occidentaux non plus. Ni Bush ni Blair ne peuventprétendre être moralement supérieurs à Poutine. Ici, il n'est question ni devaleurs ni de droit, mais uniquement de rapport de force.


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