Merzak MeneceurLes Français opposés à l'agression israélienne contre la population palestinienne de la bande de Ghaza et à la complaisance du gouvernement français envers l'agresseur ne désarment pas après les manifestations qui ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays au cours du week-end dernier, sans le moindre incident sauf à Paris et à Sarcelles où elles ont été interdites par le ministère de l'Intérieur. Une grande manifestation est prévue demain soir à Paris. Elle devrait se dérouler sur les kilomètres qui séparent la place Denfert Rochereau des Invalides.Cette manifestation, qui devrait avoir une grande ampleur, est organisée par le Collectif national pour la paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, qui rassemble plusieurs dizaines d'associations et quelques partis politiques, comme le Parti communiste, le Parti de gauche et le Nouveau parti anticapitaliste. Les associations quant à elles sont diverses et représentatives de larges courants d'opinion et de pensée. Citons notamment l'Association France Palestine solidarité, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), la Ligue des droits de l'Homme, l'Union juive française pour la paix(Ujfp), Une autre voix juive (Uavj), L'Union nationale des étudiants de France (Unef), etc......Dans son appel à la manifestation, le Collectif rappelle avec pertinence qu' «une nouvelle fois le pouvoir israélien déclenche un déluge de feu sur Ghaza, au prétexte de tirs de roquettes, mais avec pour objectif avoué de mettre fin au gouvernement palestinien d'entente nationale, condition pourtant nécessaire à tout progrès vers une paix juste». Dans cet exposé des motifs de l'appel à manifester contre les crimes quotidiens que commet l'armée israélienne contre les Palestiniens de Ghaza, le Collectif égratigne la position des gouvernements occidentaux en soulignant que : «Le président François Hollande est même allé jusqu'à cautionner l'agression d'Israël contre la population de Ghaza en déclarant, lors de son entretien téléphonique avec Benjamin Netanyahou le 9 juillet dernier, qu'il appartenait au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger la population face aux menaces.» C'est «pour dénoncer cette passivité coupable de nos gouvernants, et obtenir des actions concrètes de la France auprès du pouvoir israélien et du Conseil de sécurité», que le Collectif appelle à manifester mercredi à partir de 18h30.Une autre manifestation est prévue pour samedi par les mêmes organisateurs de celle de samedi dernier à Barbès, interdite et qui avait dégénéré dans des conditions obscures avec des points d'interrogation sur sa gestion policière.Le gouvernement français osera-t-il interdire la manifestation de demain soir au moment où plusieurs voix se sont exprimées pour accuser l'exécutif d'être à l'origine des violences de samedi à Paris et de dimanche à Sarcelles pour justement ne pas avoir autorisé les deux manifestations ' L'argument est de taille car les rassemblements et manifestations qui se sont déroulés dansplusieurs villes de province, Marseille, Lille, Lyon, Strasbourg, Toulouse, etc... autorisés par les préfectures de police, n'ont connu aucun incident, aucun heurt. La représentativité de la manifestation de mercredi semble inciter la préfecture de police à l'autoriser.Alors que le gouvernement ne cesse de justifier sa position sur ces interdictions du week-end, le quotidien Le Monde lui réplique dans l'éditorial de son édition datée du mardi que «Le droit de manifester est un droit» et que le résultat des interdictions «est consternant». Même position chez la gauche non socialiste, et même chez certains députés socialistes. Le Front de gauche, alliance Parti communiste-Parti de gauche, s'appuie sur le pacifisme des manifestations de province pour affirmer «que l'interdiction de manifester et le dispositif policier et sécuritaire déployé (à Paris) sont à l'origine des tensions». A droite, le gouvernement a quelques alliés, mais une personnalité politique comme l'ancien Premier ministre Alain Juppé a déclaré que : «Ceux qui veulent exprimer leur soutien à une cause ont le droit, mais pas par la violence de rue, la haine de l'autre.» Tout comme Bruno Lemaire, candidat à la présidence de l'UMP, qui a affirmé que «l'interdiction des manifestations ne me semblait pas une bonne idée» et que la liberté de manifester était un principe constitutionnel et qu'il ne fallait pas y toucher.Cette situation crée une vive tension et une polémique qui ne cesse de se développer après les déclarations ce week-end de François Hollande et de son Premier ministre Manuel Valls. Le premier a déclaré qu'il «ne fallait pas se laisser entraîner par des querelles qui sont trop loin d'ici pour être importées, ne pas se laisser emporter par les déflagrations du monde». Le second croit relever dans les soutiens au peuple palestinien un «antisémitisme d'une forme nouvelle» qui «se répand dans nos quartiers populaires, auprès d'une jeunesse souvent sans repères, sans conscience de l'histoire et qui cache sa ?'haine du juif'' derrière un antisionisme de façade et derrière la haine de l'Etat d'Israël». Cette double sortie des deux plus hauts responsables de l'Etat français a fait dégainer l'éditorialiste de L'Humanité, dont les deux dernières phrases de son texte dispensent de tout autre commentaire. On peut lire : «Tenter de discréditer des hommes et des femmes, des jeunes, des familles venues manifester pour la paix et la justice en Palestine en les accusant d'importer en France le conflit du Proche-Orient est indigne d'un gouvernement qui se réclame de la gauche, donc aussi de la solidarité internationale. Mais se saisir de la commémoration de la rafle du Vel'd'Hiv, comme l'a fait Manuels Valls, pour insinuer que ces manifestants pourraient être gagnés par le poison de l'antisémitisme, est une honte absolue.»M. M.
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Posté Le : 22/07/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com