Algérie

Une grande détresse



L'Algérie souffrirait d'un grand déficit patriotique. Les Algériens, peuple et nation, sont en train de basculer vers un dangereux extrémisme social, névrotique et désespéré s'il en est, avec ces dizaines de vagues de migration clandestine enregistrées durant les tout derniers jours.Sans emploi, sans avenir, sans perspectives, des «BAC+4'' n'hésitent plus à braver les dangers de la mer pour tenter de vivre ailleurs, où ils pensent avoir plus de chances de vivre leur vie. Les interceptions de harraga de ces derniers jours, les morts en mer annoncées également de jeunes «desperados» interpellent avec insistance les autorités publiques, le gouvernement, comme elles rappellent à ce même gouvernement ses responsabilités historiques face à ce phénomène planétaire.
L'ampleur du malaise social que l'on décrypte si facilement dans ces tentatives d'émigration clandestine est en réalité un puissant baromètre de l'extrême détresse de la jeunesse algérienne. Et il y a ce moment douloureux, désespérant, où l'on constate avec effarement que la jeunesse algérienne a produit des réflexes anti-nationalistes, antipatriotiques, et pense que vivre en Algérie est devenu un enfer. Ce cri de détresse de la jeunesse algérienne ne semble pas avoir été entendu, ni compris. Alors, ils préfèrent plutôt aller mourir en mer, comme pour lancer ce glaçant message que leur pays ne leur offre plus l'opportunité d'avoir un travail, de vivre décemment.
Le mal est profond, il ne s'agit pas d'une crise conjoncturelle, mais une profonde crise sociétale, une fracture qui est en train de prendre des proportions alarmantes. Ce ne sont pas les projets aux potentialités économiques limitées, décriés d'ailleurs, comme le dispositif Ansej, qui vont colmater les profondes plaies sociales que plusieurs décennies de marginalisation et de hogra dans le recrutement, ont ouvertes sur un corps social déjà passablement malade par des politiques sociales désastreuses.
Aujourd'hui, face à ce phénomène de départs massifs de jeunes harraga, il y a les postures affligeantes du gouvernement, en particulier un silence lourd, dangereux, car il ne prend pas à sa juste valeur l'ampleur d'une détresse sociale qui n'a plus de limites dès lors que le phénomène de l'émigration clandestine est devenu une donnée sociologique avec laquelle l'Etat devra composer à l'avenir. Car il faudra, un jour ou l'autre, et le plus tôt serait le mieux, aller à la rencontre de ces jeunes, de cette énergie brute qui ne demande qu'à être bien taillée, de la rassurer, de la comprendre.
Les querelles de clochers au sein des partis du pouvoir pour plus de pouvoir dans un pays économiquement exsangue font que sur le plan social le couteau est arrivé jusqu'à l'os avec ce dédain ostentatoire de reniement par les jeunes de leur identité, malgré sa richesse culturelle, son histoire plusieurs fois millénaire.
Faut-il y voir une sourde colère du président Bouteflika qui a rappelé à tous que «la force d'une nation se mesure à sa fidélité à son passé, à son patrimoine et à son histoire, et que sa faiblesse réside dans le reniement de son passé, l'abandon de son patrimoine, l'oubli de son histoire et le mépris de son enseignement '»


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