Algérie

Une gouvernance légitime pour le règlement de la crise économique



La dégradation de la situation économique en Algérie n'est pas liée au Hirak, il faut lancer au plus vite des réformes économiques grâce à une gouvernance légitime, la règle économique du 51/49 est à rejeter au plus vite et les réformes doivent être entreprises au plus vite afin d'envisager des résultats concrets et urgents à l'horizon 2021, tels sont les constats de la problématique économique définie par le FCE.Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Il s'agit d'un ensemble de réflexions liées à la crise actuelle que vit le pays, développées par un panel d'experts invités par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), hier au niveau de son siège en présence du ministre des Finances.
C'est une rencontre-débat qui s'inscrit dans le cadre des rendez-vous mensuels du FCE coïncidant avec la rentrée sociale marquée par un contexte particulier pour lequel les experts présents se sont accordés pour dire que la crise date de bien avant le Hirak. C'est ainsi que le professeur Belmihoub estime qu'il est temps de faire un diagnostic «sérieux» sur la phase actuelle que vit notre société afin d'aller de l'avant. «Pourquoi sommes-nous arrivés à cette situation '», s'est-il interrogé, en faisant d'abord le constat que la sphère publique est statique, alors que le secteur privé n'est pas autonome, avant d'enchaîner que l'économie algérienne repose sur une politique publique distributive. Précisant que ce constat date de 1962 et qu'il est faux aussi de s'attendre à ce que le prix du pétrole va augmenter et que l'Algérie va être sauvée. C'est une conjoncture «qui n'est pas bonne du tout», a-t-il averti, tout en interpellant les décideurs d'entamer des transformations des structures économiques urgentes. Le gouvernement est administratif car il repose sur un seul document qui est la loi de finances, a-t-il déploré.
Par contre, le même spécialiste estime que les possibilités d'investissement existent et que le FCE a un défi à relever. Le spécialiste en management, Djouad Allel a estimé, pour sa part, que les raisons de l'échec économique ne relèvent ni de la chute du prix du pétrole ni de la non convertibilité du dinar, mais que l'Algérie a délaissé la «matière grise», en parlant des compétences algériennes. Là, il propose de s'ouvrir sur l'économie numérique comme facteur de développement à l'ère des nouvelles mutations internationales. C'est ce qu'il nomme d'ailleurs de «4e Révolution» qui est basée sur l'exportation de l'intelligence artificielle. C'est une économie rentable, dira-t-il, car elle repose sur la bonne gouvernance et la transparence. Dans ce domaine, il préconise la mise en place d'une Agence numérique nationale qui représente le «levier de la croissance économique» et qui veille à mettre fin au phénomène de l'hémorragie des ressources humaines algériennes et à l'exode des cadres.
Le professeur Hachemi Siagh, traitant du thème «l'Algérie et la conjoncture internationale», a fait un constat amer sur la situation économique algérienne qui repose sur la mono-exportation basée sur le pétrole, et un système financier archaïque. Ceci pour appeler à créer un climat favorable à l'investissement.
«Nos clients sont en train de faire des réformes dans le domaine des énergies renouvelables», ce qui constitue un risque majeur pour les recettes en devises de l'Algérie à l'avenir. Et pour cela, il dira qu'il faut mettre le peuple au travail, parlant de l'ouverture de l'investissement et de l'engagement de réformes structurelles. Et c'est dans ce sens que le professeur Belmihoub revient à la charge pour rappeler que l'acte d'entreprendre est «très étroit» en Algérie.
Les experts ont dans leur ensemble insisté sur le règlement de la question de la gouvernance en Algérie, et d'aller vers la «légitimité» qui est le fondement de tout système de pouvoir à même d'assurer les premiers résultats à l'horizon 2021.
Enfin, le ministre des Finances, à l'écoute des constats des experts et de leurs propositions pour une sortie de crise économique, a rendu hommage au FCE qui a «planté le décor à la rentrée sociale», a-t-il dit, déclarant aussi que «l'économie a failli être oubliée en cette conjoncture nationale», avant d'exprimer son optimiste quant à l'avenir du pays, par sa certitude que «les choses iront mieux à l'avenir».
A. B.


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