Une gare routière à l'abandon

La gare routièrede l'Est, de l'aveu de ses utilisateurs, ne fait que régresser d'année enannée, alors même que sa position stratégique et son importance économiquen'ont jamais été démenties.Contrairement àl'autre gare, celle de l'Ouest (Boussouf), qui a bénéficié d'importantséquipements, celle de l'Est, qui «héberge» plus de 5.000 taxis et 300 à 400 busurbains et interurbains, n'a pas bénéficié des mêmes moyens, qui lui sontpourtant nécessaires, sinon indispensables.Alors que laquasi-totalité du trafic régional, et même en direction et en provenance depoints lointains du pays, passe par cette gare routière, en plus du transitquotidien de nombreux bus urbains de cette grande agglomération qu'estConstantine, il est établi que rien n'a été fait pour faire prospérer un sitequi est incontournable pour des milliers de voyageurs. En été comme en hiver,sous un soleil de plomb ou dans le froid, stationnent comme dans un immenseterrain vague, toute l'année, plus de 500 taxis, en partance pour toutes lesdirections régionales et nationales. Depuis le temps que cette «plate-forme»existe et a pris de l'ampleur, rien n'a été fait pour améliorer les conditionsd'attente et d'accès des voyageurs au parc de taxis et aux quais de bus. Anoter que les bus et les taxis paient une redevance de stationnement à l'APC.Mais la qualité du service à l'intérieur de la gare fait peine à voir. Parailleurs, faute de signalisation fixant la place dévolue à chaque groupe selonla destination, Annaba, Sétif, Alger, etc., c'est quotidiennement la grandecohue et la série d'empoignades entre les chauffeurs de taxis, dès lors que lefragile consensus nécessaire à une utilisation rationnelle de l'aire destationnement est rarement obtenu. Précisons que la partie de l'organisationqui devrait réguler ce trafic est totalement absente, obligeant lesutilisateurs à trouver entre eux des arrangements. Concernant l'activitécommerciale, en guise de structure appropriée, il n'existe qu'un immense etsombre hangar réalisé il y a plus de vingt années, et qui, faute d'entretien,se démembre de partout. C'est un miracle s'il n'a pas rendu l'âme, disentcertains, qui se plaignent également de l'insécurité qui y règne. Les locaux,propriété de l'APC, sont loués à des privés qui exercent généralement dans larestauration, exploitant de sombres gargotes. Aussi, pour toutes ces raisons,les voyageurs ne s'aventurent dans la gare qu'avec beaucoup de circonspection.Et dès qu'il fait sombre, il vaut mieux contourner cette bâtisse si l'onsouhaite éviter les mauvaises rencontres, d'autant que l'éclairage publicinterne et externe ne fonctionne mal ou pas du tout. Au niveau desquais d'embarquement, les supports pour matérialiser les emplacements, selonles diverses directions, n'existent pas, de sorte que les clients sont souventdésemparés et s'orientent difficilement. Ainsi, les bus sont généralement prisd'assaut dès leur arrivée. Pourtant, ce sont des centaines de bus qui partentchaque jour par la gare de l'Est, mais celle-ci n'est pas prête pour lesrecevoir et leur fournir un minimum de commodités. En vérité, alors que letrafic routier des voyageurs est quatre fois plus important à la gare de l'Estqu'à celle de l'Ouest, tous les investissements valorisants sont allés à cettedernière, tandis que la plus ancienne ne fait que s'enfoncer dans la débâcle etle dénuement, dans l'indifférence générale. Les responsables de l'APC,interrogés sur cet état de fait, reconnaissent que cette gare routière doitêtre reprise en main entièrement: c'est pourquoi un appel à l'investissement vaêtre lancé incessamment. Le site, en tout cas, offre encore de grandespossibilités.