Algérie

Une frange toujours marginalisée



Une frange toujours marginalisée
Voilà encore un autre 14 mars, journée mondiale des handicapés : quelques palabres pour se donner bonne conscience, une collation, et le dossier est clos. Les quelques personnes handicapées que nous avons approchées, des non-voyants en l'occurrence, sont toutes pleines d'amertume. Nourreddine, 30 ans, travaille depuis 10 mois comme standardiste à l'APC de Aïn Smara. Soumis à un contrat n'excédant pas les deux ans, dans le cadre de l'insertion des handicapés, il revendique un emploi stable, estimant qu'il a fait ses preuves. Outre son diplôme de standardiste, il maîtrise parfaitement le braille, et pourrait éventuellement l'enseigner à des jeunes non-voyants. « Tous les handicapés sont remerciés après deux ans d'activité, alors que dans les spécialités qu'ils maîtrisent, ils sont plus sérieux que d'autres personnes dites normales. Nous aspirons nous aussi à fonder un foyer et vivre comme tout le monde », dit ce jeune aveugle. Pourtant, comment faire si son salaire n'excède pas les 5 800 DA, conjugués aux 3 000 DA octroyés par le ministère de la Solidarité nationale ' Un vrai déni d'équité sociale ! Le 3 décembre dernier, le directeur de l'action sociale avait déclaré, lors d'une émission diffusée par Cirta FM, que les non-voyants, considérés jusque-là comme malades chroniques, allaient être intégrés aux autres handicapés. Depuis, plus rien !De vaines promesses ! D'autre part, les handicapés qui activent dans le cadre du filet social perçoivent 3000 DA, mais de l'autre côté, ils se voient retirer leur pension de' 3000 DA ! Alors, disent-ils, pourquoi travailler dans ce cas-là, avec les charges supplémentaires que cela engendre ' Abderrazak, un autre non-voyant âgé de 30 ans également, est un jeune sportif brillant. Inscrits en natation avec l'association Massinissa des handicapés d'El Khroub, lui et les membres de son équipe, atteints tous de handicaps divers, ils ont remporté le championnat national d'hiver de natation à Bordj Bou Arréridj. La plupart des handicapés refusent la charité. Ils ont de l'ambition, et leur handicap, le plus souvent, et paradoxalement, est un facteur motivant pour aller de l'avant. Abderrazak déplore profondément cette « marginalisation injustifiée, honteuse, qui n'existe qu'en Algérie ». Tous les handicapés méritent de l'attention, cependant, les non-voyants souffrent de problèmes supplémentaires, surtout dans la rue. Les obstacles sur lesquels ils butent sont légion, allant des crevasses et regards sans couvercles, aux trottoirs squattés par les commerçants. Ces personnes sont démunies, et réellement en danger de mort, face à tous ces pièges de la vie quotidienne. Et des accidents sont arrivés, à l'exemple de cet aveugle ayant perdu la vie, il y a deux ans, suite à une chute dans une bouche d'égout. Pourtant, ils espèrent encore et croient en une justice sociale. Ils se revendiquent « algériens jusqu'au bout » !


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