Une fondation à la mémoire d'Arezki Idjerouidene

Le musée de l'Homme à Paris a abrité, jeudi dernier dans la soirée, une cérémonie en hommage à l'ex-patron de la compagnie aérienne Aigle Azur, Arezki Idjerouidene, décédé en 2016, à la suite d'une longue maladie. La rencontre organisée par sa famille a été l'occasion de lancer la fondation qui lui est dédiée et de présenter le livre autobiographique qu'il a réalisé, peu avant sa disparition.Cet ouvrage intitulé M. Arezki, un destin à tire d'ailes, résume le parcours d'un homme parti de rien et qui a volé vers le succès, souvent dans l'adversité et sans renoncer à ses principes. Son fils Arezki évoque un esprit positif qui n'avait pas peur de l'échec. Entrepreneur dans l'âme, Arezki Idjerouidene était aussi un humaniste sincère. "Il illustrait la synergie entre le travail, la bienveillance et la solidarité", dit encore Meziane, qui décrit par ailleurs son père comme quelqu'un d'humble et d'accessible. C'est par son prénom que le patron d'Aigle Azur était en effet connu dans le métier et par beaucoup de journalistes qui l'ont côtoyé.
Ses amitiés étaient, en outre, nombreuses dans le monde des arts et de la culture. Parmi ses amis intimes figurent le chantre de la musique kabyle Lounis Aït Menguellet et le caricaturiste Ali Dilem qui ont assisté à l'hommage qui lui a été rendu. Ali Dilem a d'ailleurs préfacé avec le journaliste Frederic Beniada le livre la biographie du patron d'Aigle Azur. La fondation qui lui est dédiée est quant à elle présidée par son épouse. Elle vise à soutenir financièrement des associations et des actions dans les domaines de la jeunesse, de la culture et de l'éducation. Toutes ces thématiques étaient précieuses pour Arezki Idjerouidene qui a forgé son destin, en s'abreuvant de connaissances multiples et en saisissant toutes les occasions qui lui ont été tendues, aussi bien dans son pays natal qu'en Hexagone. "L'Algérie m'a permis d'apprendre et la France celui d'entreprendre", a-t-il écrit dans son livre.
En 2003, la République française l'a récompensé en l'élevant au rang de chevalier de la légion d'honneur. Cette distinction est intervenue un peu plus d'une vingtaine d'années après son arrivée en France. Ce natif d'Iflissen en Kabylie commence sa carrière à 22 ans comme agent de vente dans une agence de voyages de Montreuil, à Paris. Doté d'un véritable sens pour les affaires et d'une grande ambition, il ne tarde pas à se frayer un chemin dans le monde de l'aviation et du transport aérien. Son premier projet réussi concerne la création d'une succursale de fret, destinée principalement à la clientèle immigrée. En 1983, Arezki Idjerouidene trouve un associé et lance Gofast, une société de logistique et de transit. Il emprunte en guise de capital 10 000 francs (environ 1 500 euros) à des compatriotes établis en France. Gofast assure d'abord le transport de la presse vers le Moyen-Orient avant de se tourner en direction de l'Algérie où elle achemine des équipements industriels, avec avions affrétés d'Air Algérie. En 1993, l'entreprise devient la propriété exclusive de l'homme d'affaires qui achète 8 ans plus tard Aigle Azur, une compagnie moribonde, devenue en 2014 la seconde compagnie française, après Air France. Sous la direction d'Arezki Idjerouidene, Aigle Azur se mue en concurrente sérieuse sur les lignes vers le Maghreb (l'Algérie en particulier), le Portugal et l'Afrique subsaharienne. Pour accélérer la croissance de l'entreprise, son patron ouvre en 2012 le capital au géant chinois de l'aviation, HNA.
En 2014, Arezki Idjerouidene cède sa place de PDG de la compagnie, mais reste l'actionnaire majoritaire. Il confie également la direction de Gofast (actuellement Weaving Group) à son fils Meziane. En 2017, la famille revend ses parts dans Aigle Azur.
S. L.-K.