Algérie

Une flambée des prix inquiète le Maghreb



Ruée sur la farine et la semoule: depuis l'intervention russe en Ukraine, Moscou et Kiev étant tous deux fournisseurs de blé du Maghreb, les prix de ces produits connaissent dans la région une flambée accentuée par une frénésie d'achats avant le Ramadhan en avril.Dans un supermarché de l'Ariana, au nord de Tunis, pas un sachet de farine ni de semoule sur les étagères, et seulement trois paquets de sucre derrière l'étiquette: «SVP pas plus de 1 kg». Selon les responsables du magasin, «il n'y a pas de pénurie mais une ruée sur l'achat de semoule et farine».
Cette frénésie, avec une consommation journalière de semoule qui «a bondi de 700%», celle de sucre qui a triplé, vient du fait qu'en temps de crise, le Tunisien achète plus pour stocker, selon le représentant des propriétaires de supermarchés Hédi Baccour. Face à des entrepôts dévalisés, Slim Talbi, propriétaire d'une boulangerie privée, se retrouve obligé d'acheter au supermarché de la farine à gâteau à 18 dinars (5,5 euros) les 10 kg, trois fois plus cher que chez ses grossistes habituels.
«Tout cela alors que nous ne subissons pas encore les répercussions de la guerre», dit-il, «inquiet» de la dépendance tunisienne aux importations de blé tendre ukrainien.
Pour le moment, la Tunisie assure avoir des stocks pour 3 mois, et les produits de base (café, sucre, pâtes, semoule) sont largement subventionnés, avec un prix de la baguette inamovible depuis 10 ans à 6 centimes d'euro.
Ce système, destiné à éviter des émeutes du pain comme dans les années 80, existe aussi en Algérie qui veut le supprimer mais ne l'a pas encore démantelé. Deuxième consommateur africain de blé derrière l'Egypte (10 millions de tonnes par an), «elle n'importe pas de blé tendre de Russie ni d'Ukraine», selon l'office des céréales OAIC. «Il n'y aura pas de pénurie, des céréaliers continuent d'acheminer d'importantes cargaisons vers le port d'Alger», dit Mustapha, un responsable de la capitainerie du port. Malgré cela, à Tizi Ouzou et Béjaïa, les réserves de semoule ont été récemment dévalisées, provoquant une pénurie. «La guerre en Ukraine et tous les dépôts de semoule pris d'assaut!», déplore, sur Facebook, un habitant de Mechtras. En réalité, dans tout le Maghreb, les prix alimentaires grimpaient bien avant l'invasion russe en Ukraine.
Dépourvu d'hydrocarbures, le Maroc a été touché de plein fouet par la flambée des prix des carburants. Elle a entraîné une grève des transporteurs routiers, ces dernières semaines et le gouvernement «étudie la possibilité de subventions pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens et maintenir les prix à des niveaux raisonnables», selon son porte-parole, Mustapha Baitas.
Pays pétrolier et gazier mais très dépendant de ses importations alimentaires (75% de son blé provient de Russie et d'Ukraine), la Libye a aussi vu les prix s'envoler, notamment pour la farine, le lait, l'huile, les conserves et le sucre.
Le conflit ukrainien a exacerbé ces hausses avec désormais trois petits pains pour un dinar (0,22 euro) au lieu de quatre, un produit pourtant subventionné.
D'aucuns dénoncent «des commerçants peu scrupuleux qui profitent de toutes les crises».


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