Algérie

«Une fin de l'euro signifierait dévaluation, inflation et austérité»



-L'éclatement d'une zone monétaire du type de celle de la zone euro a-t-elle des précédents historiques ' Les éclatements d'Etat conduisent en général à  la disparition de la zone monétaire qu'ils constituaient. L'URSS est un exemple, mais il y a aussi plus récemment la dissolution de la Tchécoslovaquie. Un des cas les plus intéressants, c'est peut-être la disparition de l'Autriche-Hongrie, car les nouveaux pays ont eu des destins monétaires très différents. Comment cela s'est-il passé, quelles en ont été les conséquences ' Cela se traduit toujours par des secousses assez violentes sur les taux de change avec une période pendant laquelle les taux d'inflation divergent fortement. Prenons trois exemples concrets. Dans le cas de l'Autriche-Hongrie de 1918/1919, l'inflation s'est déchaînée en Autriche et en Hongrie, alors que la couronne tchécoslovaque s'est stabilisée par rapport au dollar et à  la livre. Le «magicien» qui a réussi à  faire de la nouvelle couronne tchécoslovaque une monnaie forte s'appelle Alois Rasin. Pour y parvenir, il combine contrôle des changes et déflation. Il retire 30% des billets en circulation. Pour assurer la contrepartie de la circulation fiduciaire, l'Etat crée un compte spécial alimenté par un impôt sur le capital. Les agents qui détiennent de la nouvelle couronne ne peuvent s'en défaire que contre un titre de dette publique portant droit à  remboursement grâce à  cet impôt, titre libellé en couronnes : la couronne est gagée sur la couronne ! Cela marche, car la population, animée d'un fort sentiment patriotique et d'un réel ressentiment anti-autrichien, suit. En septembre 1992, la livre sort du SME. Cela débouche sur une dévaluation de 30% par rapport au cours pivot du SME. L'impact est ambigu. Le taux d'inflation, qui était de 0,4% en 1992, monte à  7% en 1995. La balance courante s'améliore entre 1992 et 1994 (on passe d'un déficit de -0,3% du PIB à  un excédent de 0,1%) puis se détériore sous l'effet de l'inflation. La croissance britannique, repartie grâce au commerce extérieur, s'essouffle assez vite (négative à  -0,5% en 1992 elle atteint 4% en 1994, mais n'est plus que de 2,5% en 1995). La sortie du Mali de la zone CFA se fait en 1962. La population, convaincue que le nouveau franc malien est moins fiable que le franc CFA, garde ses billets en CFA et exporte ses capitaux vers le Sénégal. Le Mali impose un contrôle des changes très sévère. Malgré ce contrôle des changes, le franc malien est dévalué dès 1963, puis de nouveau fortement en 1967. Pour se débarrasser d'une inflation endémique, le Mali finit par revenir en zone CFA en 1984.  -Quels enseignements peut-on en tirer ' Pour résumer, une fin de l'euro signifierait dévaluation, inflation, austérité pour essayer d'endiguer cette inflation et probablement contrôle des changes pour les pays du sud de l'Europe ; en revanche, cela se traduirait vraisemblablement par une dynamique à  la «Rasin» pour l'Allemagne. On assisterait à  une appréciation du taux de change allemand, avec comme conséquence une amélioration des termes de l'échange du pays et une augmentation du pouvoir d'achat de l'épargne qu'il est en train de placer à  l'étranger. On peut considérer qu'en cas de disparition de l'euro, la population française y perdait clairement du pouvoir d'achat, mais que l'Allemagne vieillissante serait heureuse de pouvoir réaliser à  moindre coût grâce à  l'appréciation de sa monnaie les placements à  l'étranger qui assureront ses revenus futurs.


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