Algérie

Une figure emblématique du 20e siècle



Une figure emblématique du 20e siècle
La conférence organisée, hier, par l'association Machaâl Echahid, au forum d'El Moudjahid sur Ferhat Abbas, illustre personnalité, n'a pas été à la hauteur de l'homme. Son parcours politique riche en événements et en position historique méritait mieux. La conférence n'a pas drainé, d'ailleurs, autant de monde que lors de la première rencontre organisée dans le même lieu le 24 décembre 2010, avec la participation d'historiens et d'hommes politiques qui ont enrichi le débat et rapporté des vérités, longtemps éludées, sur cette personnalité politique qui a marqué l'histoire de l'Algérie. Zouhir Ihaddadène, écrivain et professeur à l'université d'Alger, a évoqué les deux concepts ayant porté préjudice au parcours historique de Ferhat Abbas, à savoir, l'assimilation et la laïcité. « Beaucoup d'intellectuels algériens ont accepté l'assimilation du peuple algérien à la France à travers l'octroi individuellement de la nationalité française aux Algériens après la Première Guerre mondiale. Il a été question également de leur attribuer 2/5 des sièges des Assemblées communales, comme contrepartie de la mobilisation des Algériens dans cette guerre », a rappelé le conférencier. A l'époque, l'Emir Khaled a saisi cette occasion pour évoquer la nécessité d'appliquer le concept de l'égalité des droits dans la mesure où l'Algérie comptait à l'époque 5 millions de citoyens et que les colons n'étaient que 500.000. Il estimait qu'il était anormal que la minorité puisse avoir la majorité des sièges aux Assemblées. D'autres Algériens ont accepté l'assimilation générale en abandonnant même la religion musulmane. « Ferhat Abbas fait partie des courants politiques qui défendaient l'idée de l'assimilation mais pour lui, ce n'était qu'une ruse politique pour permettre aux Algériens de vivre aux côtés des Français en attendant d'arracher autre chose », a-t-il estimé. A propos de la laïcité, en vogue en France, à travers l'application de la séparation de la religion de la gestion politique de l'Etat, Ferhat Abbas a constaté la non-application de ce concept en Algérie. La France poursuivait la mission de gestion des mosquées, de désignation du mufti, comme ce fut le cas des juges aussi. « Farhat Abbas a revendiqué l'application de la laïcité en Algérie également », a rappelé Zouhir Ihaddadène. Pour lui, cet homme était convaincu que « les concessions faites par les Algériens n'étaient que conjoncturelles et intervenaient dans un moment particulier ». Ferhat Abbas ou « la figure emblématique du 20e siècle » étai, également, connu pour sa lutte contre la violence. Son rôle et sa contribution à l'histoire de l'Algérie avaient commencé avant 1930. Etudiant, il a intégré l'Association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord avant de devenir son président, ce qui lui a permis de lui donner une dimension nationale. « Pour lui, le peuple est l'inspiration et la source de toutes les décisions », a relevé M. Ihaddadène. Entre 1930 et 1942, il a milité dans la Fédération des élus et a publié la revue L'Entente. Entre 1942 et 1954, il a réussi l'unification de tous les courants politiques en Algérie et a publié « L'Egalité ». « Ferhat Abbas a réussi la mobilisation de 500 étudiants dans une conjoncture très difficile où les Algériens étaient touchés par la famine. Il a beaucoup contribué à la préparation des évènements de 1945, qui étaient un tournant décisif dans l'histoire de l'Algérie, mais également dans sa vision car c'est là où il y a eu une rupture avec les idées de lutte pacifique qu'il a toujours défendues », a précisé le journaliste et écrivain Hocine Mezali. Ferhat Abbas a rejoint le FLN et la Révolution algérienne grâce à Abane Ramdane qui a réussi à le convaincre de cesser les négociations avec la France coloniale et de passer à la lutte armée. « C'est, d'ailleurs, à ce moment qu'il a déclaré que sa lutte politique a été un échec », a souligné Zouhir Ihaddadène. Le premier président du GPRA, puis de l'Assemblée constituante, a été emprisonné deux fois après l'indépendance. Il a consacré la fin de sa vie à l'écriture. « On se demande, d'ailleurs, pourquoi on ne trouve pas ses ?uvres dans les universités et pourquoi le parcours de ce combattant n'est pas enseigné dans les cursus ' », s'est interrogé M. Mezali.




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